Soirée souvenir pour célébrer le 101ème anniversaire de la naissance de Cziffra

Soirée souvenir pour célébrer le 101ème anniversaire de la naissance de Cziffra

Cziffra

Voici 101 ans, naissait le pianiste Georges (György) Cziffra à Budapest. Une occasion pour les mélomanes de célébrer sa mémoire. Dans le monde entier, certes, mais surtout en France, sa terre d’adoption et en Hongrie, sa terre natale. C’est ainsi qu’était montée ce 5 novembre à Budapest une soirée en sa mémoire, soirée qui s’est tenue à l’Académie de Musique, dont il avait été l’élève. Soirée qui clôturait du même coup l’année du centenaire (1). Concert autour du thème „Cziffra, l’improvisateur”, sous le motto „La musique en toute liberté” („A Zene szabadsága”). Soirée initiée par le pianiste János Balázs qui fonda voici sept ans un Festival Cziffra qui se tient chaque mois de février à Budapest. Improvisateur, que oui ! Au-delà de ses célèbres interprétations de Liszt et du répertoire romantique (2), Cziffra fascinait son public par ses brillants talents d’improvisateur, dont des témoignages nous sont restés par le disque.

Fidèles à l’esprit d’ouverture du maître, les organisateurs ont choisi de programmer ce concert non seulement autour du piano classique, mais également du jazz, du chant et de la musique tzigane (3). Aux côtés du pianiste se produisaient le saxophoniste Mihály Dresch, musicien „free” partagé entre le jazz américain et la musique folk traditionnelle, et la chanteuse Mónika Lakatos, spécialisée dans les musiques populaires tzigane et valaque (Roumanie) (4). Tous trois titulaires du prix Kossuth, la plus haute distinction décernée aux artistes en Hongrie. 

Cziffra

Soirée alternant improvisations et morceaux composés. Faisant intervenir les trois participants en solo, en duo ou à trois dans un programme équilibré. Une remarque : mises à part deux séries de paraphrases (valses de Strauss, 6e rhapsodie) interprétées au piano, nulle recherche de virtuosité, mais bien plutôt une soirée placée sous le signe du recueillement, ce qui était bien venu pour rendre hommage à la mémoire du pianiste disparu voici bientôt 30 ans.

Tous trois excellents, chacun dans son genre. Avec une mention particulière pour János Balázs, offrant un jeu nuancé, tout en finesse et une sonorité chaude. Et nous livrant au passage une fort belle citation de Cziffra sur la musique. Personnage au demeurant attachant. Trop jeune pour avoir l’avoir connu, il se consacre sans relâche au souvenir du maître, se rendant régulièrement à Senlis (5). Et d’une grande simplicité, ne se mettant pas en vedette. Une découverte : Mónika Lakatos, émouvante dans un chant alternant longues complaintes et passages vifs au rythme effréné. Des chants tziganes encore jamais entendus. Quant à Mihály Dresch, rien à redire. Utilisant, outre le saxophone, un instrument traditionnel, dit „tárogató”, sorte de clarinette à la sonorité bien particulière (proche de la flûte à bec.) Là également, une découverte.

Une soirée que le public, dans une salle comble, aura particulièrement appréciée (6). Le meilleur hommage que l’on eût pu rendre à ce grand pianiste, mais aussi cet homme si généreux que fut Georges Cziffra. En attendant de retrouver János Balázs et ses amis lors des journées qui lui seront consacrées en février prochain.

Pierre Waline

(1): centenaire célébré un peu partout dans le monde: trente villes  de New York à Paris en passant par Londres, Moscou, Bruxelles, Vienne et Genève.

(2): au-delà du répertoire romantique, Cziffra s´est pris sur le tard d’une passion pour le répertoire baroque (Rameau, Couperin, Scarlatti)

(3): Cziffra était d’origine tzigane. Son père, joueur de cymbalum, s’était entre autres produit avant la guerre dans les cafés parisiens.

(4): soirée endeuillée par l’absence du pianiste de jazz Béla Szakácsi Lakatos, récemment disparu, dont l’intervention était prévue.

(5): membre du jury du concours Long-Thibaud qui se tient actuellement à Paris.

(6): en présence de l’ancien Président de la République, János Áder.

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