Trianon : l´envers du décor...
S´il est un nom que nul Hongrois ne saurait ignorer, c´est bien celui de Trianon. Trois syllabes maudites qui évoquent le lieu où fut signé, en ce 4 juin 1920, un traité à la suite duquel le royaume perdit d´un coup les deux tiers de son territoire et la moitié de sa population. Véritable diktat par lequel la délégation hongroise, traitée sans ménagement, se vit imposer des conditions draconiennes sans même avoir été consultée ni même invitée, sinon au tout dernier moment, le temps d´apposer sa signature au bas du document (1). Conséquence indirecte des déboires d´une double monarchie confrontée à une multitude de nationalités que, reconnaissons-le, elle n´avait pas su gérer. C´est ainsi que, si le traité causa un véritable traumatisme aux près de trois millions et demi de magyarophones arrachés à leur patrie, il signifiait par contre pour les quelque sept millions d´autres (exception faite des Allemands, principalement Roumains et Slovaques) une libération de la tutelle de Budapest. Une amputation douloureuse dont les plaies ne se sont pas refermées cent ans après... Véritable drame pour ces familles écartelées, mais qui n´en ressentent que davantage une solidarité avec leurs voisins et parents de Hongrie.
1853. Le couple Schumann, récemment installé en ville, où Robert venait d´être nommé Directeur de la Musique, célèbre son treizième anniversaire de mariage et Robert son 43ème anniversaire. Deux événements assombris par des soucis matériels suite aux dépenses occasionnées par le déménagement. A quoi s´ajoutent ces douloureuses hallucinations auditives qui frappent de temps à autre Robert, par ailleurs indisposé par le bruit de l´entourage (enfants, bruits de la rue) qui, dit-il, l´empêche de travailler. C´est dans ce contexte que vient sonner à leur porte un jeune homme de vingt ans, fraîchement débarqué de Hambourg.
Un musicien injustement méconnu
Il y a près de deux cents ans s´éteignait Antonio Salieri à Vienne le 7 mai 1825. Il était âgé de 74 ans. A peine cinq années plus tard, Pouchkine produisait sa pièce intitulée „Mozart et Salieri”. Sur laquelle Rimsky-Korsakov allait composer un opéra. Pièce adaptée en 1979 par Peter Schaffer sous le titre „Amadeus”. Reprise à son tour par Miloš Forman dans son fameux film qui connut un immense succès. Pourquoi tant de bruit ? Probablement en partie la faute à Mozart, mais nous y reviendrons. Voyons d´abord qui était réellement Antonio Salieri.