Opéra de Budapest : inauguration de l´Atelier Eiffel, dernier né de la maison

Opéra de Budapest : inauguration de l´Atelier Eiffel, dernier né de la maison

Eiffel

Soirée de gala

Après près de sept années de projets et réalisation suivies de deux années et demi d´ouverture à l´essai (retardées par la pandémie), le dernier né de l´Opéra de Budapest vient d´être officiellement inauguré : l´Atelier Eiffel (1). Dernier né, et visiblement l´enfant chéri de son initiateur, Szilveszter Ókovács, directeur général de la maison. Pratiquement unique en Europe, ce nouveau site tiendra lieu tout à la fois d´atelier, de magasin, de centre d´accueil et de formation et, en définitive, d´opéra „de chambre” offrant une gamme complémentaire d´opéras et ballets, notamment tirés du répertoire contemporain, ouverts tant aux adultes qu´aux enfants.

Eiffel

De quoi s´agit-il au juste ?  Ouvert en 1870, l´édifice servait d´atelier d´entretien et de réparation du matériel ferroviaire. Sur une superficie de 20 000 m2, propriété de la Société des Chemins de Fer (MÁV), il servit essentiellement, plus d´un siècle durant, à réparer wagons et locomotives. Désaffecté, mais monument classé, il fut finalement repris par l´État pour le compte de l´Opéra.

Une inauguration pour laquelle ses organisateurs ont vu les choses en grand. Jugeons-en : ouverture du „Roi Étienne” de Beethoven (2), un ballet et pas de deux sur une musique de Philipp Glass, »Whirling” („Örvény”, chorégraphie d´András Lukács), un extrait du „Lac des cygnes” (danse hongroise) et le deuxième acte de „La Bohême. Soirée clôturée avec le „Te Deum de Buda” de Zoltán Kodály, précédé de la projection d´un court métrage (retraçant la genèse du site), et ouverte sur l´Hymne national composé par Ferenc Erkel. Le tout servi parmi les meilleurs chanteurs et danseurs de la troupe (3). Le but étant, outre la présentation du site, de donner un aperçu de la qualité et de la variété des spectacles qui y seront donnés et d´en promouvoir les principaux acteurs (5). Soirée agrémentée d´une exposition, „Secrets d´atelier” nous présentant le travail accompli dans les coulisses, telle la confection des costumes et décors (avec présentation d´échantillons).

Eiffel

Un répertoire qui vient compléter celui de la salle traditionnelle de l´avenue Andrássy (réouverture mars 2022) et du Théâtre Erkel. Consacré aux opéras et ballets de moindre taille, notamment - mais non exclusivement - du répertoire baroque, généralement inédits, mais aussi aux reprises ou créations d´œuvres contemporaines. Par ailleurs agrémenté de nombreuses animations. Tel, le samedi après-midi, ce spectacle préparé par les solistes avec accompagnement de piano pour présenter au public des airs choisis („Après-midi chanté”). Ou, encore le samedi („Chasse au trésor”), des extraits d´un répertoire aujourd´hui suranné, mais qui eut jadis son heure de gloire, par des artistes débutants. Sans oublier les „Matinées de chambre” ou encore, sous le titre „Musica e parole”, démonstrations de virtuosité par des membres de l´Orchestre en formation de chambre. Sans oublier non plus le Cinéclub qui proposera chaque mois, sur écran géant en son dolby stéréo, les meilleurs opéras et ballets ayant fait l´objet de films. A quoi s´ajoutera la tenue régulière de rencontres-débats avec le public.

Pour en revenir au spectacle, le temps fort de la soirée aura été le ballet d´András Lukács, „Örvény” („Tourbillon”). Une découverte et bien agréable surprise, dansé de façon magistrale par la troupe de l´Institut du Ballet, sur une fort belle musique. Également impressionnant, le Te Deum de Kodály qui ponctuait la soirée, probablement l´une des créations les plus réussies du maître hongrois, ici servi avec bonheur par un orchestre, un chœur et des solistes inspirés.

Un nouveau site qui vient donc compléter de façon heureuse les deux autres salles, plus traditionnelles, de la maison. Répondant aux dernières techniques (telle sa salle modulable) et offrant toutes les infrastructures nécessaires (vastes ateliers et salles de répétition) pour venir en soutien à un déroulement optimal des spectacles. Sans compter le confort et l´attrait qu´il offre au public dans un cadre aéré, spacieux et plaisant, entouré d´un parc (également utilisé pour des représentations en plein air).

De belles matinées et soirées, donc, en perspective. (5)

Pierre Waline

Crédit photos: Attila Nagy, János Kümmer

(1): Inauguration qui s´est tenue à l´occasion de la  Journée mondiale de l´opéra.

(2): précisément composée pour une autre inauguration, celle du théâtre allemand de Pest (1812).

(3): trop nombreux ce soir pour être tous nommés. Nous citerons au hasard les sopranes Orsolya Sáfár, Rita Rácz et Erika Miklósa, la mezzo Lúcia Megyesi-Schwartz ou encore le ténor Gergely Böncsér et le baryton-basse Csaba Sándor.

Accompagnés par l´orchestre, les chœurs et le chœur d´enfants de l´Opéra. L´extrait du Lac des Cygnes étant dansé par des élèves de l´École de Danse.

(4): qualité que nous avons déjà eu l´occasion d´apprécier. Cf., parus dans ces colonnes, les comptes rendus de ”l´Oie du Caire, lo Sposo deluso” (Mozart, avril 2019) et „le Roi Étienne, les Ruines d´Athènes” (Beethoven, octobre 2021).

(5): actuellement ou prochainement à l´affiche (entre autres): „Le Bourgeois gentilhomme” (Molière-Lully), „Le Couronnememt de Poppée” (Monteverdi), „Edgar” (Puccini), „Les enfants terribles” (Ph. Glass), „Le Messie” (Haendel)

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