Pascal Boniface : Géopolitique du sport

Pascal Boniface : Géopolitique du sport

Boniface

Ce mardi 12 avril a été l'occasion pour l'Institut Français de Budapest d'accueillir Pascal Boniface, un des spécialistes des relations internationales les plus renommés, tant à l'échelle nationale qu'internationale, lors d'une conférence sur la géopolitique du sport. Professeur à Sciences Po Lille et Paris, fondateur de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques, maître de conférence à l'Institut d'études européennes de l'université Paris-VIII, la carrière de Pascal Boniface apparaît comme extrêmement remplie. Ce dernier a de plus réussi sa transition numérique avec la création de sa chaîne YouTube qui comptabilise aujourd'hui plus de 240'000 abonnés.

La conférence portait donc sur les liens entretenus entre le sport et la géopolitique. Dans sa thèse, M. Boniface affirme que ces derniers, longtemps sous-estimés dans l'étude des relations internationales, semblent au contraire posséder un véritable impact géopolitique. Les sportifs apparaissant en effet comme les :« ambassadeurs de leurs états à l'étranger ». Cela apparaît d'autant plus vrai car lorsque M. Boniface demande à l'assemblée qui est Alberto Fernández (président de l'Argentine) aucune main ne se lève, cependant lorsque ce dernier demande qui est Lionel Messi tout le monde s'esclaffe. L'amour du ballon rond étant présent aux 4 coins du globe, l'impact que ce dernier a en termes d'influence géo-politique est impressionnante. Pascal Boniface a donc enfilé son costume d'historien et, au travers de récits d’événements sportifs tels que le match de football légendaire opposant l'Argentine à l'Angleterre lors de la Coupe du Monde 1986 ou bien le match de water-polo opposant l'URSS et la Hongrie lors de JO d'été de Melbourne 1956, surnommé « le Bain de sang de Melbourne », il nous a montré comment un pays pouvait accéder à la gloire ou encore se venger de manière symbolique contre un adversaire d'antan grâce au sport.

La discussion s'est ensuite tournée vers le rôle que pouvait avoir le sport pour un pays en tant que facteur de reconnaissance à l'échelle internationale. M. Boniface a donc évoqué la notion de soft power, c'est-à-dire, la capacité d'un état à marquer les mentalités des gens au travers de moyens tels que le cinéma, le sport ou encore la cuisine. Parmi les pays ayant tiré profit de cet aspect du sport, le chercheur cite les BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud). Il nuance toutefois son propos en expliquant que des facteurs endogènes et exogènes peuvent empêcher un pays (notamment l'Inde) d'exister à l'échelle internationale au travers du sport.

Après cela, la conférence s'est ouverte sur une session de questions entre le public et le spécialiste des relations internationales. Cela a été l'occasion de revenir sur la confrontation des deux puissances pétrolières que sont le Qatar et l'Arabie Saoudite au sein du monde du football. Le Qatar ayant officiellement émit une offre de rachat pour l'équipe de premier league Manchester United, la question d'un affrontement symbolique avec l'Arabie Saoudite peut se poser, cette dernière étant propriétaire de l'équipe de Newcastle. Cela n'est pas sans rappeler l'ombre saoudienne planant sur l'Olympique de Marseille en opposition à la présence qatarie en Ligue 1 au travers du Paris Saint-Germain.

La discussion s'est conclu autour de l’évocation du processus de démocratisation qui touche le monde du sport, tant au niveau des disciplines elles-mêmes que du point de vue de la direction des grandes instances sportives. Bien que des progrès restent encore à faire, le chercheur se veut confiant au vu des améliorations déjà atteintes.

Pierre Sandrin