Tom Sebestyen

Tom Sebestyen

Tom Sebestyen

Tamás Tibor Sebestyén, plus connu sous le nom de “Tom“ Sebestyen, vient de s’éteindre à l’âge de 93 ans. Né à Budapest en 1927, il émigra avec sa famille en 1938 pour s’installer en Angleterre.
 

Tom ne venait pas du monde de la gestion, mais de celui de la littérature et de la philosophie. Une chaire de philosophie lui fut proposée à l’issue de ses brillantes études à Oxford où il avait fait la connaissance de Richard Mervyn Hare dont l’œuvre philosophique était très importante pour lui, ainsi que de James “Jimmy“ Goldsmith, du futur propriétaire de l’Express, l’hebdomadaire libéral créé en 1953 par Jean-Jacques Servan-Schreiber. Préférant la direction d’équipes, Tom se lança dans le monde de l’entreprise et s’installa en France au début des années 1950 où il occupa d’importantes fonctions. Il fut notamment pendant douze ans directeur général du groupe Express aux côtés de Goldsmith qui entendit faire de l’hebdomadaire un instrument de lutte contre l'influence communiste. Il eut le bonheur d’y côtoyer de grandes signatures telles que Raymond Aron et Jean-François Revel. Après la sortie de la Hongrie de l’empire soviétique, il fut appelé au poste de président-directeur général du Magyar Nemzet avec l’objectif de moderniser le prestigieux quotidien hongrois. Il y estimait tout particulièrement le talent d’Attila Kristóf, le frère de l’écrivain Ágota Kristóf et de Béla Fehér dont il aimait aussi les romans. Son empathie et sa grande culture humaniste avaient fait de lui un dirigeant apprécié qui conservait de nombreuses amitiés à tous les niveaux des entreprises qu’il avait dirigées.

Même s’il n’avait que onze ans, lorsqu’il avait quitté le Hongrie, il garda des liens étroits avec sa patrie d’origine où il se rendit dès que cela fut possible à partir des années 1960. Depuis ce temps, il n’avait de cesse de tisser, avec la discrétion qui le caractérisait, de nombreux liens entre la France et la Hongrie. Ceux qui le connaissaient le considèrent aujourd’hui comme l’un des grands acteurs de la transition démocratique de la Hongrie dans un esprit européen.
Il s’intéressait également à tout ce qui concernait la culture hongroise : il soutenait notamment le travail de l’éditrice Ibolya Virág entrepris en faveur de la reconnaissance de le littérature hongroise en France.

Il aimait les plaisirs de la table, connaissant les meilleurs restaurants de Paris et de Budapest. Ses apéritifs à l’Express, où il avait l’habitude d’offrir du Tokaji Aszú, étaient célèbres.
Pendant ses années à la retraite, il aimait voyager et passer tous les ans quelques mois à Budapest.

Ma mère fut son épouse durant quarante-cinq années. Je le considérais comme mon père et il me faisait l’honneur de me considérer comme son fils.

Gérard Machline

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