L’institut français – haut lieu de la culture française en Hongrie

L’institut français – haut lieu de la culture française en Hongrie

Matthieu Berton

Rencontre avec son directeur Matthieu Berton

A l’approche de Noel et les fêtes de fin d’année Monsieur Matthieu Berton, directeur de l’Institut Français en Hongrie a accordé un entretien à notre rédaction pour revenir sur les activités de la rentrée et des nouvelles perspectives.

JFB :  Dernièrement nous avons assisté à la projection du film documentaire de notre collègue Daniel Psenny – devant une salle archi- pleine à l’Institut. Quels ont été les programmes les plus marquants et quels sont les projets au seuil du nouvel an pour le grand auditorium?

Matthieu BertonM. B. : La projection du documentaire de Daniel Psenny a effectivement été un moment fort de notre programmation d’automne : une salle comble, beaucoup d’émotion et un bel échange à l’issue de la projection – un succès aussi pour l’ambassade, qui portait l’événement.

Plus largement, on peut dire que l’automne s’est très bien passé à l’Institut. Depuis septembre, notre auditorium a accueilli des événements quasiment chaque jour. Parmi les rendez-vous marquants, il y a d’abord eu le traditionnel Marathon du film classique en partenariat avec l’Institut national du film hongrois, avec des projections du matin au soir pendant cinq jours. La fréquentation était en hausse par rapport aux années précédentes, ce qui est très encourageant.

Nous avons ensuite vécu une très belle édition du Mois de l’environnement, que j’ai souhaité renforcer cette année à l’occasion des dix ans de l’Accord de Paris. Le maire de Budapest est notamment venu dialoguer avec plus de 200 lycéens francophones – ce fut un moment assez exceptionnel car le Maire était très attentif et les élèves très impliqués dans les échanges. Nous avons également organisé un grand colloque sur l’intelligence artificielle, réunissant les meilleurs spécialistes hongrois et plusieurs figures majeures du côté français.

Tout récemment, nous avons accueilli trois jours de rencontres professionnelles dédiées au numérique, à l’innovation dans le domaine du digital, le Numix Lab avec plus de 200 participants venus de toute l’Europe et du Canada. Ce fut un autre temps fort de cette saison.

Matthieu BertonDans le domaine culturel, je mentionnerais aussi la reprise des concerts réguliers à l’Institut. Nous avons lancé une série test avec l’orchestre de la MAV, et le public a répondu présent : le dernier concert – un ensemble de onze violoncelles sur scène – affichait complet !

En fin d’année, une nouveauté a été la projection gratuite d’un film d’animation pour les familles, ce qui me tenait beaucoup à cœur.

Enfin, même si c’est moins visible, nous avons réalisé des travaux importants dans l’auditorium : remplacement intégral des éclairages par des LED, pour un rendu plus moderne et économe, et changement du projecteur, qui améliore nettement la qualité d’image.

Autant d’élans qui nous portent vers la nouvelle année avec beaucoup d’enthousiasme.

JFB : Il y a 33 ans que l’on a inauguré solennellement l’édifice en pleine centre de Buda au bord du Danube en face pas loin du Parlement hongrois. Avec le Beaubourg du Danube la promotion de la culture française est devenue plus importante en Hongrie et dans toute la région de l’Europe centrale.

Nous avons appris à aimer ses espaces, la librairie, la médiathèque, les salles prévues pour l’apprentissage de la langue, une salle d’exposition d’autre fois, le Café devenu Le Troquet jusqu’au toit utilisé par des équipes de tournage. En ce moment l’institut Français se réinvente. Quel est le message que vous transmettez aux habitués et pour un publique potentiellement nouveau ?

M. B. : Le message que je souhaite transmettre est simple : Le Beaubourg du Danube est de retour ! Nous travaillons depuis plus d’un an à faire revivre l’esprit de ce lieu qui a marqué toute une génération à son inauguration, il y a 33 ans. À l’époque, l’Institut comptait parmi les lieux culturels les plus importants de la capitale, et notre ambition est de renouer avec cette dynamique.

Concrètement, nous voulons que l’Institut redevienne un espace très vivant, pluridisciplinaire, où l’on retrouve tout ce qui fait la richesse et la diversité de la culture française : la musique – de la musique classique aux musiques actuelles –, le cinéma, la littérature, la danse, mais aussi des propositions pour les familles et la jeunesse. Nous voulons également progresser sur le terrain de l’innovation, du numérique et de la réalité virtuelle, pour rester à l’avant-garde. Et nous continuerons bien sûr d’être un lieu de débats d’idées, un lieu où l’on peut apprendre, comprendre, débattre et s’ouvrir.

Matthieu Berton

Car l’Institut, c’est aussi la découverte sous toutes ses formes : conférences, rencontres, expositions. À la médiathèque, nous poursuivons une politique d’acquisition active, afin d’offrir un service culturel à la hauteur des attentes du public. Et puis, bien sûr, l’apprentissage du français reste au cœur de notre mission, dans un cadre à la fois sérieux et convivial, avec l’envie de développer encore davantage d’offres attractives, pour les jeunes comme pour les adultes.

Notre démarche repose sur deux piliers : mieux utiliser nos espaces et travailler davantage avec des partenaires. Depuis un an, nous concentrons nos moyens humains et financiers sur notre bâtiment afin de le moderniser et de l’adapter à nos besoins. Nous avons déjà remplacé la quasi intégralité des éclairages par des LED, installé un nouveau système de climatisation et une pompe à chaleur, et engagé divers travaux pour optimiser les espaces. L’objectif est de rendre l’Institut plus fonctionnel, moins énergivore, et plus accueillant pour les visiteurs.

Nous voulons aussi ouvrir davantage nos portes : collaborer avec des partenaires culturels, éducatifs, associatifs ou privés, comme nous l’avons fait récemment avec l’Orchestre symphonique de la MÁV et une professionnelle de l’animation pour enfants qui est venue organiser ses activités artistiques à l’Institut pendant les dernières vacances. Nous avons beaucoup de programmes à proposer, mais nous souhaitons aussi que d’autres puissent faire vivre l’Institut avec nous.

Matthieu BertonUne étape importante sera la réappropriation de deux espaces du rez-de-chaussée. Jusqu’à présent, certains espaces avaient été délégués à des activités commerciales ; nous voulons leur redonner une vocation culturelle. La librairie restera naturellement en place, car elle fonctionne très bien et nous travaillons en bonne synergie avec ses équipes. Le reste sera progressivement transformé en des espaces pluridisciplinaires et polyvalents, ouverts, visibles depuis la rue, en particulier le plus grand et le plus beau qui deviendra la vitrine qui manque à l’Institut. Cet espace „Galerie” accueillera en permanence des expositions – artistiques, scientifiques, éducatives – ainsi que des ateliers, des conférences, et des activités proposées par nos partenaires : clubs de lecture, ateliers de dessin ou de cuisine, soirées ou après-midi jeux de société, et même pourquoi pas des cours de sport ou de bien-être. L’idée est simple, je veux donner envie au plus grand nombre de rentrer et montrer une réalité trop méconnue : il se passe toujours quelque chose à l’Institut !

Il est aussi important d’expliquer que l’Institut est un espace public, ouvert à tous, francophones ou non. Beaucoup n’osent pas franchir la porte, alors que chacun peut en réalité y trouver quelque chose pour lui. Une signalétique repensée et des vitrines renouvelées contribueront aussi à rendre cela plus lisible.

Evidemment, nous conserverons un espace de convivialité : un lieu où l’on peut boire un café, déguster une salade ou une pâtisserie avant ou après une activité. En hiver, cela se passera surtout sous la verrière, qui offre une très belle vue sur la cour intérieure, et bien sûr sur la terrasse extérieure dès le printemps, avec cette vue incroyable sur le Danube. Un appel d’offres est en cours pour sélectionner le partenaire qui opérera cet espace.

Les travaux ont commencé le mois dernier et s’étaleront sur plusieurs mois, sans fermeture de l’Institut – c’était un point essentiel pour moi. Certains changements seront visibles rapidement, d’autres moins. Mon objectif est que d’ici les beaux jours, la plupart des réaménagements du rez-de-chaussée et du premier étage soient achevés.

En somme, je souhaite offrir un Institut plus ouvert, plus moderne, plus vivant, avec encore plus de programmes et une offre diversifiée pour tous : familles, jeunes, passionnés de culture ou simples curieux.

Je vous donne rendez-vous dans quelques mois pour vous présenter cet Institut Français renouvelé et tourné vers l’avenir.

Propos recueillis par Éva Vámos

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