Concours national de traduction Krisztina Szabari
Vendredi 9 juin 2023 a eu lieu la finale du concours de traduction Krisztina Szabari. Les élèves des lycées de Budapest et de province ont dans un premier temps envoyé leurs traductions puis, pour la finale, sont venus concourir dans les locaux de Origo Nyelvi Centrum. Nous avons rencontré Fanny Seres, responsable pour la langue française à ONYC.
JFB : Si nous sommes bien informés, c’est la première fois que la langue française fait partie de l’épreuve.
Fanny Seres : Origo étant le seul centre d'examen "bilingue", c'est-à-dire que nos examens de langue se font en 2 langues, la langue cible est le hongrois, l'idée d'un concours de traduction en vue de la promotion de notre "spécialité" s'imposait. Et depuis le lancement de l'appel à candidature pour cette première édition du concours (en français, italien, russe et espagnol), les retours ont été très positifs. La preuve en est que 68 candidatures des quatre coins de la Hongrie ont été déposées. Le jury était formé de l'auteure du texte choisi, Bisame Corvin et de moi-même en tant que responsable de la langue française au sein de ONYC (Origo Nyelvi Centrum). Nous avons été impressionnées par le niveau des traductions remises. Vu que la traduction en tant que telle, est la "bête noire" de l'enseignement de langues, bannie de la pratique quotidienne depuis des décennies, la qualité sémantique et la justesse des structures d'équivalence abstraite des candidatures nous ont ébahies. La tâche était d'autant plus difficile que le texte à traduire était un extrait du roman Les Tributaires de Bisame Corvin, c'est-à-dire, un texte littéraire dont les codes à comprendre demandent un effort supplémentaire et un penchant quasi littéraire aux traducteurs.
JFB: Quel est le but du concours?
F. S. : En règle générale, les concours de traduction sont organisés pour que les candidats puissent attester de leur talent, que l'on défie les apprenants de langue étrangère qu'ils se mettent à l'épreuve dans un contexte. national et sur un domaine pratiquement inconnu que la traduction. Le nombre élevé des candidatures prouve que la demande est là, nous n'avons qu'à la satisfaire. Comme examinatrice, je dirais que c'est un excellent moyen de se préparer pour un examen bilingue, comme professeur de FLE (français langue étrangère), je pense que la promotion de la traduction pourrait également agir en faveur de l'enseignement de la traduction en cours de FLE et finalement, en amatrice de la littérature, je vois en ce concours une excellente occasion d'amener les apprenants vers la lecture des textes littéraires.
JFB : Comment avoir choisi le texte ?
F. S. : Le choix des textes n'a pas été arbitraire, loin de là. Non seulement j'ai la chance inouïe de connaître l'une des auteures (Bisame Corvin sont deux sœurs jumelles) et une fois la lecture achevée de son roman historique touchant aussi à l'histoire de la Hongrie, je me suis dit que c'est ce qu’il me faudra pour ce concours de traduction
Le roman est parsemé de petites anecdotes accaparantes comme "La leçon de Taragote", Heureusement, Bisame Corvin a tout de suite dit oui à ma proposition, alors on s'est lancées dans cette aventure - (pour moi très enrichissante).
JFB : Vous avez dit que le niveau des traductions était très élevé : comment avez-vous départagé les candidats ?
F. S. : Comme je l'ai déjà mentionné, le jury se composait de nous deux, nous avons lu et relu les 68 traductions, puis nous avons décidé en commun de la sélection des 8 finalistes et du classement des 3 meilleures traductions. La gagnante du concours a été récompensée par un exemplaire des Tributaires et un prix offert par ONYC, dirigé par Györgyi Antoni. Les deux dauphines, outre des cadeaux de la part de ONYC, ont reçu chacune un exemplaire du recueil de nouvelles La Chèvre à 3 pieds, dont un extrait devait être traduit lors de la finale et, qui plus est, la gagnante aura l'honneur de voir figurer sa version dans la traduction hongroise officielle du roman à paraitre bientôt.
La gagnante est : Nadin Ivanics du Lycée Français Gustave Eiffel de Budapest : elle dit adorer la langue française, elle a beaucoup aimé participer au concours et a ajouté : « Je vais probablement continuer mes études à l’ESSCA qui est une université française de management à Budapest car j’ai reçu une bourse d’excellence et je m’intéresse au français depuis toujours. J’espère aussi pouvoir travailler en France et de continuer mes études surtout mon Master dans une ville française.
Les dauphines sont : Anett Filipp du lycée Imre Madách de Budapest et Anna Gajzer du lycée expérimental Miklós Radnóti de Szeged respectivement deuxième et troisième lauréates du concours. Toutes deux aiment la langue française depuis leur plus jeune âge. Anett déjà toute petite voulait aller en France voir la tour Eiffel et souhaite devenir traductrice de romans. Anna, quant à elle a toujours voulu lire le Comte de Monte Cristo dans sa langue originale. Les trois gagnantes avaient beaucoup apprécié de participer au concours ; « l’organisation, l’équipe de professeurs encadrant le projet étaient très gentils et bienveillants ». Les autres finalistes étaient : Panna Kovács, Lili Tégen, Krisztina Nagy, Nikolett Sárközi, Fruzsina Szögedi. Par malchance, deux d’entre elles n’ont pu venir concourir, car elles devaient passer les épreuves du baccalauréat.
Un grand bravo donc aux candidates, nous leur souhaitons une belle carrière avec la langue française !
Propos recueillis par Éva Vámos
crédit photo : Edina Pilcz et Fanny Seres