Edito

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Chères lectrices, chers lecteurs,

C’est dans les décors magiques de la ville verte de Ben Guerir au Maroc que nous avons évoqué le rôle des médias dans le renforcement du leadership des femmes et des dirigeantes au sein des médias. C’est Meriem Oudghiri, présidente de l’UPF-Maroc qui nous en a parlé et qui nous a reçu avec tous ses collègues lors des 49e Assises de la Presse Francophone dans le pôle académique d’excellence de l’Université Polytechnique Mohammed VI – c’était une organisation exemplaire après une interruption de deux années dues à la pandémie.

Les charmes et les pouvoirs des femmes font partie des mythes fondateurs de l’humanité depuis la nuit des temps et sont des thèmes amplement représentés dans les arts. Mais, en réalité, les femmes se heurtent à un mur au moment où elles veulent accéder au pouvoir dans les médias, aux postes de direction dans le paysage audiovisuel et, de manière générale, dans tous les secteurs.

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Autrefois à Budapest nous avons publié une interview dans le JFB réalisée avec Maria Heller, directrice de l’Institut de sociologie de l’université ELTE, sur les femmes en Hongrie, sur le modèle égalitaire qui est présent dans certaines familles et qui devrait permettre l’épanouissement des femmes et des hommes dans notre société. Mais elle a cité également d’autres modèles très différents et parfois plus difficiles à vivre.

« Actuellement, les dirigeantes femmes, cadres de direction dans les médias se comptent sur le bout des doigts. Les stéréotypes, les discriminations sont, eux aussi, toujours présents » selon Meriem. Au sein même de l’Union de la Presse Francophone le président Madiambal Diagne a voulu donner, depuis plusieurs années, une plus grande place aux femmes au sein des instances dirigeantes. A côté de notre directrice exécutive, Khadija Ridouane, nous avons élu Zara Nazarian comme secrétaire générale internationale avec la lourde tâche durant la pandémie de relancer à plusieurs reprises nos activités dans un contexte extrêmement difficile à cause de la Covid et à cause de toutes les difficultés dont les journalistes ont souffert. Parmi les nombreux journalistes injustement emprisonnés voici le témoignage d’Arphine Rahelisoa, journaliste et directrice de publication d’un journal de Madagascar dont le titre est emblématique – en traduction française – « Information, source de valeur ». Le journal fait aussi place aux rubriques féminines, dans le domaine social, économique et politique. Durant ses dix ans d’existence depuis la création du journal ils n’ont eu aucun problème bien qu’étant très critique envers le régime en place. « Seulement, quelques jours après la déclaration de la situation d’urgence sanitaire, j’ai été emprisonnée durant un mois pour des faits que je n’avais pas commis du fait de mes fonctions de directrice du journal. Au début de la crise en mars 2020, l’Etat Malagasy n’avait pas pris la précaution de fermer à temps les frontières malgré les appels formulés par l’opposition, la société civile et même les particuliers qui criaient haut et fort qu’il fallait à tout prix fermer les frontières. Madagascar étant une île, il eut été facile de fermer les frontières, et d’éviter ou de limiter la propagation de la pandémie. »  C’est au moment où les responsables politiques y compris le président n’ont cessé de créer des rassemblements sans respect des barrières sanitaires au cours de distribution de dons à la population que sur le site internet en France on a qualifié le président d’assassin, c’est alors qu’elle a été incarcérée.

Elle a été libérée grâce à l’ampleur des protestations face à cette détention arbitraire le jour de la célébration mondiale de la liberté de presse.

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Il y a l’espoir que « l’UPF est une organisation qui compte et qui aidera à accompagner les changements dynamiques que connaîtra le journalisme, afin de consolider au mieux les démocraties. » - a exprimé notre président sortant, en soulignant sa volonté de défendre plus que jamais les droits et des libertés des journalistes. Il a œuvré à ce qu’il y ait parité dans la direction de l’UPF et désormais c’est Anne-Cécile Robert qui prend la relève en tant que présidente internationale. Nous la connaissions déjà en tant que directrice des relations internationales et des éditions internationales du Monde diplomatique, mais également en tant qu’universitaire reconnue. A l’orée de son mandat elle a insisté sur cette idée que l’univers médiatique et le monde francophone affrontent des défis inédits : « Plus que jamais la liberté d’expression et celle de la presse, qui sont au cœur des missions de l’UPF, sont menacées à travers la planète alors que grandissent les tentations autoritaires et guerrières. » - tout en soulignant la permanence des problèmes qui surgissent en politique étrangère et ailleurs.

Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux, s’est également exprimée lors des Assises. Elle, qui porte son héritage avec charisme, tout en tirant les conclusions du lourd tribut de l’esclavage et les enseignements d’un parcours personnel commencé au sein d’une modeste famille monoparentale de Guyane, elle qui est devenue députée, puis députée européenne, se bat toujours pour l’égalité des exclus et l’égalité des sexes, en particulier à travers l’égalité des salaires entre hommes et femmes. Il faut plus de femmes aux postes de décision : Osez ! a-t-elle dit aux nombreuses journalistes qui l’ont entourée après son discours.

Éva Vámos

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