World Press Photo - Yasuyoshi Chiba

World Press Photo - Yasuyoshi Chiba

World Press Photo - Yasuyoshi Chiba

Très attendue dans le domaine du photojournalisme, la 67ème édition de l’exposition World Press Photo fut officiellement lancée à Budapest le 24 septembre. Les murs du Musée National Hongrois porteront les photographies nominées jusqu’au 25 octobre prochain.

Le concours annuel de World Press Photo met en avant les photographies de presse qui ont marqué les sociétés, le but étant de montrer l’importance des histoires visuelles et surtout, d’une presse libre à travers le monde.

Originel d’Amsterdam, le premier concours international de photographes s’est déroulé en 1955, marquant le début de cette organisation indépendante et non lucrative. Son credo : connecter le monde aux histoires qui comptent.

Parmi les photos exposées dans le passé, on compte l’auto-immolation du moine bouddhiste à Saigon par Malcom Browne (1963), La petite fille au napalm de Nick Ut (1973) et Tank Man, l’homme bloquant une rangée de chars sur la place Tiananmen de Beijing, capturé par Charlie Cole (1990).

L’édition de 2020 s’inscrit donc dans la continuité d’une lignée de photographies ayant marqué le monde. Sélectionnées à la suite d’un long processus d’évaluation, elles sont séparées en huit catégories : enjeux contemporains, environnement, actualités générales, projets de long terme, nature, portraits, sports et actualités locales.

À l’issue du jugement, les prix World Press Photo de l’année, mais aussi World Presse Photo histoire de l’année, puis les prix « singles » récompensant les meilleures photographies des huit catégories sont décernés.

World Press Photo - Yasuyoshi ChibaCette année, c’est le journaliste et photographe japonais Yasuyoshi Chiba qui remporta le prix de la photo de l’année. Sa photo, « Straight Voice », montre les manifestations qui ont eu lieu en 2019 au Soudan après la transition politique vers un gouvernement militaire.

Depuis 2018, et pendant près de quatre mois, les Soudanais manifestaient pour le départ du Président auto-proclamé Omar al-Bashir, au pouvoir depuis 1989, jugé responsable de crime contre l’Humanité et génocide durant la Guerre du Darfour. Un gouvernement militaire, mené par l’inspecteur des forces armées Abdel Fattah al-Burhan, le renversa le 11 avril 2019.

La photo de Yasuyoshi Chiba, prise le 19 juin 2029, montre les manifestations qui ont suivis ce coup d’état militaire, appelant à un gouvernement civil. Presque deux semaines plus tôt, le gouvernement avait ordonné d’ouvrir le feu sur les manifestants non armés. Les autorités ont également instauré des « blackouts », des coupures de courant massives pour désordonner le mouvement populaire en empêchant l’accès à internet, qui était utilisé pour l’organisation des mobilisations.

Cependant, les manifestants sont parvenus à se réorganiser par SMS, de bouche à oreille, et en utilisant des mégaphones. La photo montre les manifestants pendant l’une des coupures de courant à Khartoum, s’éclairant par la lampe torche de leur téléphone portable, scandant des slogans et des poèmes pour l’établissement d’un gouvernement civil. Leurs efforts seront récompensés lorsque le 17 juin, le mouvement pro-démocrate réussit à faire signer un accord de partage de pouvoir entre l’un des leaders des manifestations, Ahmad Rabie, et le général Abdel Fattah al-Burhan. Ce gouvernement de transition se fut chargé d’organiser des élections pour un Soudan démocratique, mais peina à s’organiser en raison d’une grave crise économique. Cependant, le 3 octobre dernier, un accord de paix historique a été signé entre le gouvernement et les chefs rebelles, instaurant un compromis qui va peut-être permettre au pays de retrouver une stabilité qui fut perdue depuis plus d’une décennie.

Constantin Lu

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