Marcelle Vallon Basilides

Marcelle Vallon Basilides

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Il y a de grands artistes peu connus. Sans conteste Marcelle Vallon B. En fait partie. Axée sur la création et l’expérimentation, elle n'a pas cherché la renommée. Elle préférait vivre en paix au lieu de chercher à trop s'exposer.

Marcelle Vallon est née en 1938 dans la ferme familiale de Molondin, dans le canton de Vaud en Suisse. Deuxième enfant d'une fratrie de six, malgré un handicap, elle eut une enfance heureuse. En 1957 elle obtient le diplôme de peintre en céramique. Elle pratique son art en Suisse allemande et à Yverdon, avant de se tourner vers le métier d'éducatrice. C'est ainsi qu'elle rencontre son mari qui fait un stage d'éducateur dans l'institution où elle travaille, à Etoy. En 1966 elle se marie avec Bálint Géza Basilides. Le couple aura trois enfants dont la jeune mère s'occupe à plein-temps.

La peinture et la création artistique ne sont pas oubliées, mais ne sont pratiquées qu'en tant que loisirs. Les enfants grandissant, elle trouve de plus en plus de temps pour divers bénévolats. Enfin en 1995 elle revient à la peinture, suit des cours chez Pierre Beck, aquarelliste neuchâtelois réputé. C'est avec lui qu'elle redécouvre, à Neuchâtel et en Toscane, une technique un peu sous-estimée. Bientôt elle en maîtrise tous les secrets : mouillé sur sec, mouillé sur mouillé, lavis, réserve, masquage, grattage, etc.

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Elle connaissait déjà un peu l'aquarelle par sa formation de base aux Beaux-Arts de Genève et de Lausanne. Elle la choisit pour la spontanéité de cette technique rapide qui oblige l'artiste à poser son idée instantanément sur le papier. Pour la transparence car c'est la seule technique de peinture qui garde la trace de tout ce qui a été fait lors de l’élaboration d'un tableau. Contrairement aux autres matériaux, les couleurs ne couvrent pas, elles s'influencent et se mélangent sur le support même. Pour jouer avec le hasard car le nombre de paramètres influençant le résultat final est important. L'épaisseur du papier, sa texture, son degré d'humidité, sa composition, la tendresse du pinceau et la quantité d'eau qu'il absorbe, la pureté de l'eau, la température ambiante et l'humidité relative de l'air ne sont que partiellement maîtrisables. Il faut jouer avec les probabilités. Pour la sincérité car il est quasi impossible de retoucher ou corriger une aquarelle. L'artiste laisse une trace de chacun de ses mouvements. Impossible de tricher. Pour sa conservation : des aquarelles plus que centenaires prouvent qu'elles se conservent mieux et demandent moins de soins que par exemple la peinture à l'huile, à condition de choisir les matériaux de grande qualité : couleurs résistantes à la lumière, papiers sans acide et eau distillée. Sous verre, avec passe-partout le tableau est protégé de la poussière et de la fumée.

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Marcelle Vallon B. commence par peindre des paysages car c'est la spécialité de son maître, Pierre Beck. Depuis l'enfance les maisons des hommes la passionnent, elles apparaissent de plus en plus nombreuses dans ses œuvres, souvent intégrées dans la nature. Même quand elle peint des paysages urbains avec gratte-ciel, il y a des arbres.

Puis, le hasard des rencontres esthétiques dirige ses inspirations et fait naître des séries.

En 1997 elle découvre les images de l'univers prises par Hubble et trouve les bonnes techniques pour créer avec l'aquarelle des paysages cosmiques imaginaires. Jusqu'à la fin de sa vie, elle en peint plusieurs centaines.

En 1998 lors d'un voyage en Israël et dans le Sinaï, le désert et la Mer Morte l'inspirent. De nombreuses œuvres sont composées avec des couleurs chaudes.

Et, toujours, l'abstrait, les jeux des formes et couleurs avec le hasard l'accompagnent.

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Dès 1999, avec son mari, elle vit et crée à Cserszegtomaj, près du lac Balaton. Sa maison comprend un grand atelier qui accueille aussi chaque été des élèves de France, de Suisse et de Hongrie. Avec les débutants venus s'initier à l'aquarelle il y a aussi des peintres confirmés qui viennent faire connaissance avec les nouvelles techniques développées par le couple. Marcelle Vallon B. participe à des colonies d'artistes et des expositions collectives, notamment avec la société Mednyánszky dont elle est membre. Les échanges d'idées et d’expériences lui ouvrent encore d'autres horizons.

Un voyage en Chine l'attire dans le monde des symboles. Là-bas la terre est carrée et le ciel rond. Et, la céramiste reprend goût à chercher la couleur « sang de bœuf ».

La basilique de San Vitale de Ravenne et ses plaques de marbres la dirigent vers un autre monde symbolique. Les objets de ses réflexions sont présentés dans des médaillons placés dans des espaces monocolores.

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Le Kis-Balaton, une région marécageuse à l'ouest du lac Balaton et les excursions en canot parmi les joncs, les roseaux et autres plantes aquatiques sortiront de ses pinceaux des tableaux fluides où des végétaux et des poissons se noient dans des verts, des bleus et des turquoises.

Elle expose avec son mari en Suisse par exemple : en 1998 Galerie d'Octobre à Carouge (Genève), en 1999 à l'Espace Alizarine et à la Galerie Dupeyrou à Neuchâtel, en 2001 au World Trade Center de Lausanne, en 2008 à la Chapelle des Arts à Genève.

En Hongrie, où l'Ambassade de Suisse à Budapest soutient le couple, on peut citer en 2002 le Centre culturel du XIIème arrondissement de Budapest (MOM), en 2003 la Galerie de Józsefváros à Budapest et la Fondation culturelle hongroise dans le quartier du château à Budapest, en 2005 le Musée de Fonyód, en 2006 le Château Festetics à Keszthely, en 2008 le Centre des congrès de Keszthely, en 2009 le Château Nádasdy à Sárvár, en 2011 la Maison de la presse (MUOSZ) à Budapest.

MVBEn 2018, pour ses quatre-vingt ans, avec le soutien de l'ambassade de Suisse à Budapest, le Musée du Balaton de Keszthely organise une rétrospective. Des céramiques et quatre-vingt tableaux sont exposées.

Les critiques apprécient l'harmonie des formes, le rythme des nuances et des couleurs, ils disent être (agréablement) surpris par la manière qu'elle a d'utiliser le bleu qui ordinairement froid, dans ses tableaux devient chaud.

Marcelle Vallon Basilides est appréciée de ceux qui connaissent son travail, mais elle ne put jamais vivre vraiment de son art car elle ne sait pas se vendre, ni cultiver les contacts dans des réseaux sociaux porteurs. Loin des grandes capitales il est bien difficile d'être reconnue par les marchands d'art.

Suite à une crise cardiaque elle part pour une autre dimension, le 30 octobre 2022.

Deux expositions de ses peintures auront lieu en souvenir de cette grande artiste prolifique : dans la grange de sa maison natale à Molondin les 6 et 7 mai 2023 et dans le cadre de la colonie d'artistes MÜSZAK à Cserszegtomaj le 21 juillet 2023.

Bálint Géza Basilides

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