EXPO: Sári Gerlóczy

EXPO: Sári Gerlóczy

La morsure et l’amour, la beauté et la tristesse des amoureux, ou encore la beauté des lignes et la silhouette des amoureux, des corps – telles sont quelques-unes des paires, quelques-uns des champs d’interaction de Sári Gerlóczy.

 

 

Une femme souriante et généreuse, une artiste qui vit pleinement joies et chagrins et les interprète avec un talent exceptionnel. Il y a du tragique et du grotesque dans son univers où elle évoque les différents liens entre les Hommes. Dans ses dessins on trouve une infinie variété de couples, de familles et de communautés qui se composent ou se désintègrent – comme l’analysent historiens d’art et psychologues. D’ailleurs elle confirme que le livre du psychologue Ferenc Mérei l’a séduit en la matière.

Ses toiles, qu’il s’agisse d’œuvres en noir et blanc ou faites de couleurs très fortes ces dernières années, sont toutes d’une grande intensité. Harapás (Morsure) est le titre de l’exposition où corps et têtes se rapprochent et se détournent, vivent dans la terreur ou la passion. Oui, il y a beaucoup d’érotisme dans son oeuvre. C’est ce volet de l’oeuvre que György Széphelyi a choisi pour la présente exposition. L’artiste raconte qu’une série de dessins de Goya lui a inspiré sa série Morsure. Mais si, chez Goya, c’est la violence qui l’emporte, chez Sári Gerlóczi on découvre un large éventail de sentiments. Teréz Virág et sa fondation ont eu recours à ses oeuvres pour évoquer les traumatismes de l’Holocauste et leur opposer un dialogue de tolérance.

Toutefois, son parcours atypique nous mène dans plusieurs directions : on découvre en effet de très grandes toiles et les costumes des plus grands spectacles de théâtre en Hongrie ainsi que des illustrations pour un film réalisé d’après une oeuvre de Péter Esterhazy. Le théâtre et les masques tiennent une place importante dans son oeuvre. Sári était très amie avec l’écrivain Miklós Szentkuthy et elle pense que ses toiles ont marqué les dessins de l’écrivain. Il serait fastidieux d’énumérer tous les poètes et artistes qui ont écrit sur elle et fréquenté son atelier.

Elle a commencé à dessiner à l’âge de 11 ans, en cachette, au foyer du Sacré coeur à Budapest puis a vécu les horreurs de la guerre. En 1947 c’est François Gachot qui a organisé sa première exposition à Budapest à l’âge de 16 ans. Mais celui-ci, qui a tant fait pour faire connaître la culture hongroise en France, a dû quitter la Hongrie au moment du procès Rajk. Au même moment, le jury des Beaux-Arts de Budapest a refusé sa candidature, Sári étant issue d’une famille bourgeoise. Devenue dessinatrice industrielle puis styliste, c’est à l’âge de 40 ans qu’elle recommence à exposer. Beaucoup pensent qu’elle a eu plusieurs vies : épouse, mère de 4 enfants et désormais grand-mère, elle continue d’exposer, d’inspirer son public et ses nombreux amis artistes. Elle se rappelle avoir gardé des contacts privilégiés avec François Gachot, avec qui elle entretenait une correspondance et à qui elle a rendu visite à Nice, où Gachot avait emmené une toile de jeunesse de Sári et l’avait accrochée entre un Matisse et un Picasso.

Éva Vámos

 

Liget Galéria, 1146-H Budapest, Ajtósi Dürer sor 5.

Ouvert tlj sauf mardi, de 14h à 18h

www.ligetgaleria.c3.hu

 

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