Hommage à Georges (György) Cziffra

Hommage à Georges (György) Cziffra

Cziffra

5 novembre 1921-5 novembre 2021

Ce 5 novembre sera marqué par le centenaire de la naissance de Georges, ou György, Cziffra. Anniversaire célébré non seulement en France et en Hongrie, mais aussi un peu partout dans le monde : quinze pays de New York à Paris en passant par Londres, Moscou, Bruxelles, Vienne et Genève. Célébrations auxquelles ont apporté ou apporteront leur concours les artistes et formations les plus célèbres, tels Boris Berezovsky, Martha Argerich, Denis Matsuev, Mischa Maisky, Mikko Franck, l´Orchestre de la Suisse Romande, ou encore l´Orchestre de Radio France. Mais, au fait, comment l’appeler ? Georges pour les Français et György en Hongrie, ses deux patries. Mais, bien au-delà, un artiste universel dont l´aura dépassé tout caractère national, toute limite géographique, les mélomanes du monde entier le considérant un peu comme des leurs.

En Hongrie, outre le Festival Cziffra qui se tient chaque année depuis 2016 (1), sont programmés deux concerts exceptionnels donnés avec le concours du pianiste János Balázs, fondateur et directeur musical du Festival. Le 22 octobre à l´Académie de Musique (Zeneakadémia) et le 5 novembre au Palais des Arts (Müpa). Mais laissons d´abord la parole au pianiste : „Georges Cziffra nous offre un exemple éloquent pour être parvenu, par sa ténacité, son talent et sa foi, à se hisser au sommet, au-delà des épreuves les plus dures de l´Histoire…. Dépassant son époque, il nous demeure en ce XXIème siècle plus présent que jamais. Citoyen français, Européen convaincu, il nous sera néanmoins demeuré fidèle et fier de ses origines.”

Tout d´abord le 22 octobre, pour célébrer en même temps les 210 ans de la naissance de Liszt, né le 22 octobre 1811. Cziffra, Liszt, deux noms indissociables. Le premier étant sans conteste considéré comme l´interprète privilégié du second. Et tous deux dépassant les cadres de leurs terres natale ou d´adoption. Au programme donc, Liszt (troisième rhapsodie hongroise), mais aussi Bartók et Brahms. De Bartók, le deuxième concerto pour piano précisément donné par Cziffra le 22 octobre 1956 dans un concert demeuré légendaire. (Le lendemain éclatait l´insurrection qui allait entraîner le passage du pianiste à l´Ouset). Suivait la Deuxième de Brahms. Pour accompagner le pianiste, la formation du Conservatoire (orchestre Symphonique de l´Académie de Musique) placée sous la direction de Gábor Takács-Nagy.

Cziffra

János Balázs que nous retrouverons également en soliste dans le concert programmé pour le 5 novembre au Palais des Arts (2). Pour l´accompagner, une formation venue de France : l´Orchestre de Radio-France, placé sous la direction de son chef permanent, le Finlandais Mikko Franck. Au programme : la Fantaisie hongroise suivie d´une pièce spécialement composée par le Hongrois Péter Eötvös, dont ce sera ici la première audition: „Cziffra Psodia”. En seconde partie la Symphonie en ré mineur de César Franck. Tout d´abord un mot sur Péter Eötvös et sa création. Ami de Pierre Boulez qui lui confia la direction de son Ensemble intercontemporain, son nom n´est pas inconnu du public parisien. Ce que l´on sait moins est que, par sa famille, des attaches le lient au nom de Cziffra. En l´occurrence par sa mère, pianiste en son temps réputée, qui, dans les années cinquante, eut l´occasion d´apporter son soutien au jeune Cziffra, alors détenu (travaux forcés) sur un chantier à Miskolc. Cziffra que le jeune Péter eut l´occasion de rencontrer avec sa mère et d´admirer en privé son jeu au piano, malgré les dommages causés par le transport des pierres (entorse du poignet). L´œuvre présentée, „Cziffra Psodia”, est un concerto de piano accompagné d´un cymbalum par lequel le compositeur dit avoir voulu rendre hommage à son aîné, s´efforçant de rendre, par sa musique, les épreuves traversées par ce dernier. De la Fantaisie hongroise, nous avons peu à ajouter, tant elle est connue, sinon que de rappeler son éclat et son caractère de brillant „morceau de bravoure”. Créée à Pest en 1853, elle constitue une suite d´airs populaires hongrois et tziganes tirés de la 14e rhapsodie. Le piano y est particulièrement mis en valeur, imitant par endroits le son du cymbalum. Quant à la Symphonie de César Franck, que dire, sinon que, figurant parmi les chefs d´œuvre du maître, elle fit couler beaucoup d´encre lors de sa création, certains y voyant, à tort ou à raison, un manifeste en faveur de la musique française face à la prédominance des Allemands. D´autres lui reprochant, pour le coup à tort, son caractère „aride” se démarquant malencontreusement du modèle classique. Ce qui ne l´empêcha pas de se tailler rapidement une honorable réputation. (3)

Deux, entre mille autres, des manifestations programmées pour célébrer à Budapest le centenaire du pianiste et virtuose franco-hongrois et, du même coup, les 210 ans de la naissance de son comparse Franz (Ferenc) Liszt. Mais nous n´en resterons pas là, nul anniversaire n´étant nécessaire pour célébrer la mémoire de cet immense pianiste, mas aussi de cet homme au cœur si généreux à qui nous devons tous tant, Français, Hongrois et autres.

Pierre Waline

(1): ct., paru dans ces mêmes colonnes: „Quand les Hongrois rendent (enfin…) hommage à l´un des leurs..(Festival Cziffra)”, février 2020.

(2): Müpa, 19h30.

(3): concert qui sera donné sur le même programme à Paris (Maison de la Radio et de la Musique) le 7 novembre (16h)

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