Macskafogó II dans les starting-blocks

Voilà bientôt vingt et un ans que le premier Macskafogó, une coproduction hongroise, ouest-allemande et canadienne, fut présenté pour la première fois avant de devenir un immense succès. En effet, l’année de sa sortie (en 1986), près d’un million de spectateurs l’avaient découvert en Hongrie. Il a par ailleurs été projeté avec succès dans les cinémas italiens, allemands, canadiens et brésiliens. Et à Londres, le film est resté de longs mois en tête des meilleures locations de vidéos.

Le nouvel épisode de Macskafogó, qui se présente comme la suite du pre-mier film, sera sur les écrans en décembre. Son réalisateur, Béla Ternovszky, n'est pas un inconnu. Durant sa carrière, il a en effet contribué à la création de trois fameuses séries qui ont déterminé la culture de l’animation en Hongrie depuis les années 70. La première relatait les aventures de la famille Mézga, la seconde voyait Gusztáv, son principal protagoniste, confronté aux problèmes des petites gens, et la troisième, Kérem a következôt! (Le suivant, s’il vous plaît!), également connue sous le nom de Dr. Bubó, montrait notamment comment le célèbre docteur hibou soignait les habitants de la forêt.

Durant les décennies qui ont précédé le changement de régime, les films d’animation étaient fortement soutenus par la Magyar Televízió. Aujourd’hui en revanche, l’animation doit lutter contre un sérieux manque d’intérêt de la part de la télévision hongroise. En effet, contrairement aux tendances inter-nationales, la Hongrie consacre très peu d’argent au développement de ce genre cinématographique. Cela explique pourquoi l’on a dû attendre vingt ans pour découvrir enfin la deuxième partie de Macskafogó, un film d’animation dont les personnages et les dialogues avaient à tel point infiltré le folklore urbain qu’ils “font toujours partie des meubles“. Le budget de 3 millions de dollars (600 millions de forints) du nouveau Macskafogó provient partiellement d’un concours remporté par le réalisateur, le reste étant assuré par les producteurs.

Quelques années avant de se lancer dans la suite de cette aventure, Ter-novszky et son équipe (la même qui avait créé le premier Macskafogó) ont entrepris de travailler sur une série d’animation destinée au jeune public, Macskamesék (Contes de chats), qui aurait dû comporter 12 épisodes. Pourtant, après en avoir achevé deux, ses créateurs n’avaient plus d’argent... Les deux films en question n’ont donc jusqu’à maintenant été présentés que dans le cadre de festivals et seuls quelques centaines de spectateurs ont eu le privilège de les découvrir.

En 1999, Ternovszky avait par ailleurs réalisé Egérút, film de commande d’un investisseur allemand: l’histoire d’une souris de cirque qui s’échappe de sa cage et, s’égarant dans la forêt, connaît diverses mésaventures avant de se faire finalement des amis.

La spécificité des films de Ternovszky ? C'est qu'il souhaite rester fidèle à l’animation traditionnelle, en deux dimensions. Ainsi, dans le nouveau Macskafogó, les ordinateurs n'ont-ils été utilisés que pour les travaux de post-production et pour la création de certains décors spectaculaires. Les quelques éléments en 3D (par exemple le robot-chien) ont quant à eux été "redessinés" en deux dimensions.

La sortie de Macskafogó II déterminera peut-être les tendances des années à venir : si le succès est au rendez-vous, cela marquera certainement la ren-aissance des anciens films d’animation et, peut-être Macskafogó connaîtra-t-il un troisième épisode. En effet, Ternovszky songe déjà à tourner un film dans lequel les vampires de Macskafogó se confronteraient à Dracula, forcé d’émigrer en Amérique du Sud. A suivre…

Kati Fazekas