La quête de la liberté et du bonheur dans les toiles de János Horváth, premier lauréat du prix Anna Stein

La quête de la liberté et du bonheur dans les toiles de János Horváth, premier lauréat du prix Anna Stein

Horváth-Stein

Rencontre à Paris

C’est dans une salle comble de l’Institut Liszt à Paris que l’on a décerné le prix Anna Stein à János Horváth peintre hongrois vivant actuellement à Miskolc. C’est un prix bi-annuel pour soutenir la création des artistes plasticiens que le jury a décerné à János Horváth pour sa longue carrière d’artiste.

La rencontre entre Anna Stein, artiste parisienne hongroise et János Horváth originaire d’un petit village, issu d’une famille aimante mais pauvre, de la minorité rome du fin fond de la Hongrie tenait de l’improbable.

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Anna Stein qui poursuit son travail dans son atelier près de l’Opéra à Paris expose dans de nombreuses galeries françaises, européennes et d’outre-mer. Elle est également connue pour ses initiatives courageuses et sa générosité. Elle a offert L’Interpellant, un monument en céramique à la ville de Budapest, qu’elle dédie aux victimes des nazis hongrois, aux juifs tués au bord du Danube, mais aussi aux victimes, toutes religions confondues, aux résistants et aux fugitifs. Elle a réalisé une statue Trophée Europe en bronze et en numérique également sur la façade en plein coeur du nouveau Paris Rive Gauche.

János Horváth, est un travailleur social, généreux et sensible aux problèmes des minorités. Il apporte son aide à des jeunes en situation difficile.

Récemment, il a entrepris un grand et beau projet dans le village de Bodvalenke en mobilisant plusieurs artistes et les gens du village pour décorer des maisons d’une trentaine de peintures murales. Ce geste communicatif a touché également les enfants et le village est devenu un lieu touristique très fréquenté.

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Horváth a de nombreuses facettes. Pour être libre dans son art il gagne sa vie en tant qu’électricien depuis des décennies à la même station du chemin de fer à Miskolc.

Il a d’abord décroché son brevet, puis, également doué pour la musique, il a créé sa formation musicale - LY 16 – qui interprète des chansons. Dans les arts plastiques plusieurs maîtres l’ont aidé dans son évolution artistique depuis l’école élémentaire. Cependant c’est le plasticien János Pető qui l’a conduit à trouver son propre style. La peinture est alors devenue sa passion.

Je l’ai rencontré à l’Institut Liszt. Il fait preuve d’une grande lucidité :

« J’ai eu de la chance » – dit-il, parfaitement conscient que partant du village de Szikszó, ses toiles ont été exposées en Hongrie dans plusieurs galeries, puis à Berlin.

Il s’est rendu à Londres pour la présentation du documentaire primé – que Gábor Osgyáni a tourné sur sa vie.

C’est grâce à ses multiples talents, et à sa soif d’apprendre, que dans les différentes périodes de sa carrière, dès sa scolarisation, chaque fois on l’a (re)découvert et on l’a aidé. Issu d’une famille de 8 enfants, ayant un père travailleur des mines et une mère au foyer analphabète l’artiste sait que oui, il a eu de la chance ; mais que dans le régime actuel, il ne pourrait pas vivre de son art.

Il vit passionnément – toujours amoureux de sa femme depuis des décennies, Eva. Ses enfants ont hérité de ses talents : diplômés en art, musique et photographie. Sa fille, Elvira enseigne le piano, parfois gratuitement aux enfants pauvres. Par ailleurs elle se produit dans de grandes salles de concert.

C’est la passion qui toujours l’inspire et le conduit vers les autres par le truchement de ses moyens artistiques.

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« L’essentiel dans ma peinture, c’est raconter, peindre des récits - tirées de la Bible et d’ailleurs –  » confie János Horváth. Portons notre regard vers l’Arlequin et une danseuse, puis le tapis volant. On y voit la représentation de la passion, l’amour charnel, le regard amoureux qu’il porte à Éva, sa femme.

Il dépasse la réalité, il surmonte les lois physiques des terriens, comme dans l’univers éthéré de Chagall. Croyant, il reprend des contes bibliques, on voit Noé et sa famille apparaître, puis « Le premier coucher du soleil après le déluge” et la tragédie de Jésus, le Dernier Jugement. Et là, le maître me surprend, faisant référence à Frigyes Karinthy et sa nouvelle : Résurrection. Il est vrai que les Anges de la nouvelle de Karinthy ont des ressemblances troublantes avec des Anges peints par l’artiste.

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Pour la remise du prix à l’Institut Liszt dans les rangs j’aperçois deux Karinthy : Judit et Pierre, traducteurs fidèles de l’oeuvre de Frigyes Karinthy. Entre autres célébrités la journaliste et peintre Monique Gehler puis Jean-Pierre Frommer, l’âme de l’Association des Mardis hongrois.

C’est Adrienne Burányi, l’attachée culturelle et André Boisard, président de l’Association Anna Stein qui saluent le public, ainsi que Éva P. Kováts qui prononce Laudatio de la part de la Maison d’édition Herend 2004. « En route vers mon pays », sur la vie de l’artiste, est édité grâce à cette maison dont le directeur est Lajos Némethi, écrivain, dessinateur et producteur de télévision.

Cet événement ouvre de nouvelles perspectives dans la vie culturelle des Hongrois parisiens et donne de l’espoir aux artistes de talent avec les vers de l’Hymne des Romes traduits en français :

„J’ai voyagé, j’ai voyagé

Sur de vastes routes

Et j’ai vu des Roms heureux.”

Éva Vámos

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