Focus sur le centre-ville

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Rencontre avec Antal Rogán, maire du Ve arrondissement

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Antal Rogán, 35 ans, est l’un des plus jeunes maires de Budapest. Sa carrière politique est fulgurante. Son diplôme de l’Université des Sciences Économiques en poche, il est très vite entré en politique. En 1996, il fonde Fidelitas (l’Organisation de Jeunesse du Fidesz) dont il devient le vice-président. En 1997, il adhère au Fidesz (Fédération des jeunes démocrates) où il occupe toujours des postes importants. A 26 ans, il est déjà député, quelques années plus tard il devient le conseiller en communication de Viktor Orbán. Pendant les élections législatives de 2006 il est le chef de campagne du Fidesz mais, après la défaite, il abandonne ses fonctions au sein du parti. Antal Rogán participe alors aux élections municipales et devient maire du Vee arrondissement.

JFB: Grâce à votre vie politique très active durant ces dix dernières années vous êtes devenu largement connu au niveau national. Ne pensez-vous pas que votre poste actuel soit considéré comme un pas en arrière ?

Antal Rogán: Non, pas du tout. Bien au contraire, je suis très heureux de ne pas sauter cette étape de ma vie, même si quelques-uns pensent en effet que cela représente un échec que de continuer ma carrière au conseil municipal au lieu de poursuivre mes activités au niveau national. A mon avis, comme c’est l’usage dans certains pays occidentaux, il faut prouver d’abord ce qu’on est capable de faire. Après, on peut faire de la politique au Parlement. Un tel apprentissage peut servir plus tard dans n’importe quelle situation et après avoir eu une certaine expérience municipale, on voit bien différemment les débats politiques de l’Assemblée Nationale.

JFB : Il y a quelques semaines, le président de la République française, Nicolas Sarkozy, était en visite officielle à Budapest. On peut découvrir quelques similitudes entre son parcours et le vôtre. Qu’en pensez-vous?

A.R. : [il sourit] Il a quand même quelques années d’avance sur moi… Dès le début, j’ai été séduit par le personnage et j’ai une très haute opinion de lui. Je suis convaincu que sous la présidence de Sarkozy la France va tenir le premier rôle en Europe et Nicolas Sarkozy va devenir un protagoniste politique incontournable sur la scène européenne. J’ai la certitude que l’année prochaine sera couronnée de succès quand la France présidera l’Union européenne. Nicolas Sarkozy est un politicien déterminé qui a une conception bien définie de l’Europe. J’ai tiré plusieurs enseignements de ses actions, mais, surtout, j’ai appris une leçon très importante et exemplaire pour moi : où que vous soyez et dans n’importe quelles circonstances il faut se donner à fond et il faut relever les défis. Que vous soyez maire, député, ministre ou président, il faut avoir le courage d’aller jusqu’au bout.

JFB : Vous avez été présent durant de longues années dans les médias, en tant que politicien. Mais depuis peu, vous laissez une petite fenêtre ouverte sur votre vie privée. Ne trouvez-vous pas que vous jouez avec le feu ? (Il a notamment médiatisé sa relation sentimentale puis son mariage, célébré en août dernier).

A.R. : Nous sommes au 21e siècle, les choses ont changé. Les gens ne croient plus ni aux politiciens, ni aux programmes politiques. Si on veut les convaincre de notre bonne foi, il faut trouver d’autres moyens : leur montrer comment nous nous comportons dans la vie quotidienne, quelles décisions nous prenons dans notre vie privée. Si nous arrivons à les persuader à travers nos actes, nous devenons beaucoup plus crédibles à leurs yeux pour les convaincre de la sincérité de nos intentions politiques.

 

 

JFB : Quels sont vos projets ?

A. R. : J’ai basé ma campagne sur trois slogans : le dynamisme, l’ordre et la sécurité. Depuis seize ans, les choses n’ont pas tellement changé dans notre arrondissement. Nous avons promis les changements et nous les avons entrepris, à la grande surprise des gens. Nous avons lancé une série d’actions qui vont être utiles quotidiennement pour nos habitants. Premièrement, nous devons régler le problème de stationnement sur la voie publique. Je soutiens les gens respectueux de la loi. Ils ne comprennent pas pourquoi les fonctionnaires de certains ministères ont pu garder le privilège d’antan de ne pas payer pour se garer. Savez-vous pourquoi les 4x4 n’avaient jamais de sabot ? Parce que nous ne les avions pas de cette taille-là. Mais à partir de novembre, nos agents de contrôle seront équipés de tailles adaptées à tous les véhicules.

JFB : Et sur le plan social ?

A.R. : Nous avons offert des abonnements de transports à tous les écoliers et à tous les étudiants de notre arrondissement. Nous distribuons des vaccinations préventives gratuitement aux enfants et aux personnes âgés. En Hongrie, nous sommes les seuls à distribuer gratuitement aux femmes des vaccins préventifs contre le cancer du col de l’utérus.


JFB : Pourriez-vous nous présenter votre plan d’aménagement de la place Kossuth ?

A.R. : Je trouve que «la place de la nation» mériterait un meilleur sort. Depuis 1990 , les députés utilisent la place comme parking. Et depuis quelques temps il y a des événements devant le Parlement, dont je préfère ne pas parler. Dans notre plan d’aménagement, nous voudrions que cette place devienne un espace vert, ouvert, agréable, pour s’y promener et s’y reposer. Je comprends que, de nos jours, le Parlement ait également besoin d’un espace protégé, mais j’aimerais qu’il occupe la plus petite portion possible. Pour moi, l’ouverture de cette place au public est symbolique parce qu’elle permettrait aux gens de se rapprocher du pouvoir. Nous comptons terminer ce projet début 2009.

JFB : Est-il difficile d’être maire tout en appartenant au Fidesz ?

A.R. : Pardonnez-moi, mais cela me fait toujours sourire cette catégorisation politique de la part des médias. Exercer une fonction publique, ce n’est pas la même activité que travailler comme politicien du Fidesz. C’est beaucoup plus complexe. J’ai été élu par les habitants du 5e arrondissement. Quelle que soit leur sensibilité politique, je suis leur maire. Je manquerais à mon serment si je n’agissais pas dans leur intérêt. Bien entendu, cela peut m’arriver de prendre une décision qui heurte les intérêts du Fidesz. Mais avant tout, je dois assumer mes responsabilités en tant que maire. C’est mon devoir.

Ditta Kausay

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