Eden

Eden

Rencontre avec József Nagy et Akos Szelevényi 

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Le 2 octobre prochain sera présenté au Trafó le spectacle Eden, mis en scène par József Nagy, célèbre danseur et chorégraphe, directeur du centre chorégraphique national d’Orléans et artiste associé au festival d’Avignon. Parmi les huit musiciens présents sur scène, figure notamment Ákos Szelevényi, bien connu des amateurs de free jazz et de musiques improvisées. C’est à l’occasion de leurs performances respectives lors du festival de jazz au Mu Szinhaz que nous avons eu le plaisir de les rencontrer et d’évoquer leur collaboration et leurs projets. Portrait croisé de deux très grands artistes.

JFB : Vous avez collaboré sur plusieurs projets : Eden, qui avait déjà été présenté au Trafó en 2004, Asobu, présenté à Avignon en 2006 ou encore Le paysage après l’orage. Comment est née cette collaboration et comment travaillez-vous ensemble ?

József Nagy : Cette pièce était notre première occasion de travailler ensemble. C’était devenu une évidence pour nous car on vivait tous les deux en France et on se croisait souvent là-bas. Il y avait donc un suivi réciproque de nos parcours, de notre travail, et à un moment il était vraiment temps de se croiser sur un plateau et d’entamer une collaboration qui se poursuit justement aujourd’hui. Il fallait pour cela poser les bases, construire le premier étalon. Et la première occasion était une sorte de préfiguration de cette pièce, Eden, qui est d’ailleurs pour moi encore en gestation. Il y a une forme qu’on joue, qu’on présente depuis plusieurs années, et c’est celle qui sera montrée au Trafó. C’est en France que ça a donc commencé lorsque la scène nationale du Havre m’a demandé d’organiser une nuit autour de la musique hongroise. J’ai invité plusieurs musiciens qui faisaient une sorte de première partie et pour la deuxième partie on a préparé quelques scènes, quelques idées, qui sont devenues le noyau dur d’Eden. C’était alors à moitié improvisé, mais on savait déjà comment les scènes allaient s’enchaîner. Puis on a trouvé un peu de temps à Kanizsa, ma ville natale, et on a bouclé cette version que l’on joue maintenant. Ensuite on a eu cette proposition avec le festival d’Avignon, où je devais occuper la cour d’honneur. C’est devenu une production avec le Japon, où je jouais régulièrement et où j’avais rencontré des danseurs. J’ai donc invité quelques danseurs de là-bas pour ce spectacle, créé autour de l’univers de Henri Michaux, plus exactement le Michaux voyageur, pour parler un peu de ma propre idée du voyage, de l’ici et de l’ailleurs. On a créé une pièce qui propose comme une fresque de cette culture – celle d’où l’on vient, avec un clin d’œil à cet espace lointain, le Japon. Cela a donné une matière très spectaculaire, dans le sens que c’est devenu un spectacle...Ákos et un autre compositeur de ma région ont assuré la composition musicale. C’était donc la deuxième fois que l’on travaillait ensemble. Et maintenant on entre dans une phase de collaboration approfondie où l’on commence à être maître de notre temps et de nos décisions. Eden et Asobu sont de grands formats, avec plusieurs danseurs, acteurs et plusieurs musiciens, alors que Paysage après l’orage, que l’on va jouer au théâtre Barka de Budapest en novembre, est quelque chose de plus resserré. Seuls Ákos et Gilda m’accompagnent et je suis seul à évoquer et interpréter un univers assez déterminé, localisé et local, dans le sens où c’est l’évocation de l’esprit d’un lieu autour de Kanizsa, et que j’ai essayé de tirer une matière visuelle et musicale de ce rapport avec la nature. On vient donc d’entamer cette phase dans laquelle on se trouve dès le début dans un processus de la création. Eden

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