Des mouvements sur le marché des vols low costs

Des mouvements sur le marché des vols low costs

Vision centrale

On s’attend à des changements au sein des compagnies aériennes low costs. De nombreux signes laissent en effet penser que SkyEurope délaisserait son centre hongrois. L’entreprise continue de démentir la nouvelle.

 

« Nous songeons à jouer un rôle proactif dans le tournant attendu sur le marché », c’est par ces mots que József Váradi, PDG de WizzAir a ouvert sa conférence de presse début juin. La nature et l’importance exactes des changements, prévus pour fin octobre au Terminal 1 de l’aéroport de Budapest, qui accueille les vols low costs, ne sont cependant toujours pas connues. Les incertitudes concernent avant tout la décision de SkyEurope : la compagnie gardera-t-elle sa base hongroise et ses vols de et vers Budapest ? Puisqu’elle n’a pas encore publié les horaires d’hiver de ses vols pour la Hongrie, le doute reste entier.

 

WizzAir, en tous cas, a cherché à faciliter la prise de décision de sa concurrente. Dans l’esprit de «proactivité» annoncé, la compagnie relance ainsi ses vols à destination de Milan, supprimés en 2005, sans cacher son objectif de colmater la brèche laissée par SkyEurope (dans le secteur des vols à prix discount, seule cette dernière dessert cette destination). M. Váradi a également indiqué, lors de l’élaboration de leurs horaires d’hiver, que tout avait été calculé, pour toutes les destinations, en comptant sur la disparition de la base hongroise de SkyEurope. Judit Hegedûs, porte-parole de SkyEurope, continue cependant de nier l’existence d’un quelconque facteur qui pourrait mettre en danger le fonctionnement du centre de Budapest – le management n’aurait pas même envisagé une telle décision.

 

En même temps, ce n’est certainement pas par hasard que ces rumeurs du retrait de SkyEurope ont vu le jour. Un petit détail très parlant : jusque-là, la compagnie était parmi les premières à publier ses horaires d’hiver et à commencer la vente de ses billets pour les mois moins bien tempérés, mais cette situation n’est plus la même aujourd’hui.

Tous les participants du secteur ont déjà ouvert leurs réservations depuis Budapest (toutefois pour certaines destinations seulement) et, il y a presque un mois, SkyEurope elle-même avait fixé ses horaires à Vienne, Bratislava et Prague avec de nouveaux vols témoignant d’une augmentation d’effectifs très significative. La compagnie n’a pas cherché à cacher ses projets de modification de stratégie non plus : elle cible la partie premium du segment à prix discount, ce qui concerne peu Budapest.

 

Ces derniers mois, la compagnie s’est vue contrainte d’accroître ses profits. Après quatre ans de bilan déficitaire, les actionnaires exercent une pression grandissante sur le management, en vue de la réalisation d’un EBITDAR (résultat opérationnel avant dotations aux amortissements, provisions et loyers) positif cette année. Chaque centime d’euro compte, seules les destinations apportant des bénéfices importants peuvent donc être maintenues. Il semble que les vols depuis Prague, qui circulent depuis l’an dernier, et depuis Vienne, ouvert en mars dernier, dépassent les espérances, tandis que les indices de l’activité budapestoise montrent des résultats beaucoup plus faibles. György Borsos, directeur de SkyEurope en Hongrie souligne d’une part les causes géographiques : en comparaison avec Vienne ou Prague, prendre un vol vers les destinations d’Europe occidentale coûte plus cher avec un départ de Budapest à cause de la distance, sans compter l’augmentation constante du prix du kérosène. D’autre part, les recettes (par siège) provenant des ventes de billets sont moins importantes ici que dans les deux autres centres mentionnés, ce qui est dû à la sensibilité aux prix des voyageurs hongrois et à la forte concurrence locale des compagnies low costs. Selon des experts extérieurs, l’ensemble de ces facteurs a contribué à ce que SkyEurope se pose la question de savoir si elle avait toujours intérêt à être présente en Hongrie.

 

Bien évidemment, si les taxes d’aéroport de Ferihegy étaient moins élevées, cette différence entre la rentabilité des lignes de Budapest et de Vienne serait moins éclatante. Judit Hegedüs a confirmé également que les horaires d’hiver de Budapest seront également décidés en fonction des négociations menées entre la direction de la compagnie et le nouveau propriétaire de l’aéroport. Selon certains, la ligne de Budapest fonctionnant en hiver avec deux avions resterait desservie uniquement au cas où une éventuelle délocalisation ne produirait pas plus de profit. Si, par exemple, Vienne et Prague remplissaient les deux avions alloués à Budapest, complétant ainsi leurs parcs d’avions respectifs, d’un point de vue commercial il ne serait incontestablement pas raisonnable de rester attaché à Ferihegy. Il n’est donc pas exclu que la décision soit pesée justement en fonction des taxes d’aéroport. (Cette question ne concerne pas que Budapest d’ailleurs : le déménagement de la compagnie de London Stansted à Luton est également dû aux différences de taxes.)

 

En même temps, il y a une grande différence entre délocalisation et cession de fonctionnement. Car en Hongrie, plusieurs destinations sont absolument rentables. Par conséquent, selon Judit Hegedûs, celles-ci seront non seulement desservies à l’avenir, mais desservies peut-être avec une plus grande fréquence. Il reste à savoir si c’est Ferihegy qui en sera la base ou un autre centre, selon le modèle nommé W (c’est-à-dire qu’un avion reliant Bratislava à Bruxelles poursuivrait sa route vers Budapest avant de retourner dans la capitale belge et, finalement, rentrer à Bratislava). Il est cependant tout à fait probable que certaines destinations trop lointaines et/ou ne produisant qu’un CA moins important seront supprimées. En ce qui concerne les horaires, selon le porte-parole de SkyEurope, ils seront publiés en trois étapes ; la section B a été mise à jour la semaine dernière, la section C – dont Budapest – est prévue dans les semaines qui viennent.

Duels

Indépendamment des destinations et des horaires d’hiver de SkyEurope, il est aujourd’hui évident que les deux compagnies low costs européennes les plus performantes, Ryanair, leader du marché, et sa «petite sœur», WizzAir – après avoir, à deux, conquis la Pologne – entameront leur «match» pour Budapest à partir du mois d’octobre. (Toutes deux privilégient les aéroports secondaires situés loin des capitales, ce qui les distingue des autres compagnies.) La semaine dernière, la société irlandaise a annoncé un troisième vol pour Budapest, et même s’il n’y a aucune concurrence directe à laquelle elle devrait faire face, que ce soit à Nottingham, à Bristol ou à Brême, la compagnie est déjà passée à une offensive verbale contre WizzAir qui pratique, selon elle, des prix trop élevés. Il semble donc que, dans cette catégorie de prix, la période à venir serait caractérisée par un duel WizzAir–Ryanair à Ferihegy, tandis que SkyEurope garderait ses destinations de business. Pourtant, malgré la compétition de plus en plus acharnée des compagnies low costs, les billets proposés pour quelques centimes d’euros seulement pourraient bel et bien venir stimuler la santé financière de Ferihegy, plutôt malmenée ces derniers mois.

 

Gábor Ács

Traduit par Zsófi Molnar

 

 

 

Voyageurs gratuits

 

Le 11 juillet 2007 peut être considéré comme une date historique dans la vie du marché des vols à prix discount en Hongrie : ce jour-là, les billets de Ryanair, avec un départ de Sármellék, n’ont pratiquement rien coûtés (0,01 euro). Il y a à peine un an et demi, le directeur de la compagnie, Michael O’Leary avait déjà prédit que les prix devraient bientôt arriver à zéro. (Quelques semaines avant le 11 juillet, la compagnie avait déjà annoncé des offres complètement gratuites, grande première pour une destination hongroise). Le choix de la date n’était certainement pas le produit du hasard : la Commission Européenne avait signé la veille la décision interdisant aux compagnies aériennes de duper les voyageurs en leur proposant des billets à des prix très modérés sans les informer des taxes et des frais annexes.

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