Coup de cœur et déception

Coup de cœur et déception

 

Les Livres du JFB

Parmi les romans hongrois présents dans les rayons des librairies aujourd’hui en France, j’en ai sélectionné deux qui ont chacun particulièrement attiré mon attention : le premier, déjà traduit en 1999, a récemment été réédité; le second, dont la version hongroise date de 2000, vient tout juste de sortir en français.

L’œillade de la comtesse Hahn-Hahn-en descendant le Danube, de Péter Esterházy (1999):

Péter Esterházy n’a plus besoin d’être présenté. Auteur contemporain d’une quinzaine de romans (dont Harmonia Caelestis paru en 2001 et Revu et corrigé publié en France en 2005) il est l’un des écrivains contemporains hongrois les plus traduits. Il est aujourd’hui reconnu à l’étranger comme l’un des plus grands écrivains d’Europe. En France, ses romans sont régulièrement publiés.

Tout dans ce livre donnait envie de l’acheter et de le lire : un titre intriguant, une couverture moderne, un auteur hongrois récent et connu. Et pourtant quelle déception: je n’ai pas réussi à aller jusqu’au bout des 286 pages… On suit les pérégrinations du jeune narrateur qui accomplit la descente du Danube avec son oncle Roberto dans le but d’y consacrer un livre; certes, on sourit parfois des remarques ironiques du narrateur mais, malgré tout, le style est confus, on ne sait pas où le narrateur veut nous mener, on est surtout très décontenancé par ce récit trop saugrenu. Sans doute le style est-il trop “spécial” pour être apprécié de tous à sa juste valeur ?

Le livre des pères, de Miklós Vámos (juin 2007):

Image retirée.

Cette fois-ci, je ne me suis pas laissée guider par une couverture ou un nom d’auteur, mais par les conseils du libraire de quartier, celui qui sait ce qu’il vend et en parle avec talent... Heureusement d’ailleurs car l’auteur ne me disait rien et la couverture me paraissait bien austère.

Ne vous arrêtez donc pas à ces considérations esthétiques. J’ai eu un véritable coup de cœur pour cette saga historique d’une famille hongroise à travers les siècles, du XVIIIe à nos jours. En suivant l’histoire de la lignée Csillag sur douze générations, consignée dans un cahier, le Livre des pères, ce sont trois siècles d’Histoire de la Hongrie que l’on parcourt. L’insurrection contre les Habsbourg, la Première Guerre mondiale, les pogroms, les conversions, les catastrophes naturelles, l’Holocauste, l’État socialiste : le lecteur est plongé dans l’Histoire de la Hongrie toute entière.

L’ambiance est très différente des romans hongrois que j’avais lus jusqu’alors. Sans doute parce qu’on n’y retrouve pas cette nostalgie de la Belle Époque (début du 20e siècle) sur laquelle beaucoup d’écrivains ont écrit (Zilahy, Bánffy, etc…) et qui, à la longue, est un peu pesante. Le roman est entraînant et attachant. Pour une fois, et contrairement à la majorité des grands classiques de la littérature hongroise, l’auteur promène son lecteur dans la campagne hongroise et dans d’autres villes que Budapest. Bref, c’est la vraie Hongrie que l’on découvre à travers les récits successifs de chacun des aînés mâles de cette famille.

Je ne vous en dirai pas plus, sinon que l’auteur est apparemment l’une des figures de proue de la littérature hongroise contemporaine. Alors, n’hésitez plus à vous plonger dans cette véritable Comédie humaine hongroise !

Clémence Brière

 

Le livre des pères,

de Miklós Vámos.

Paru en Hongrie en 2000 et en France en juin 2007.

452 pages, Editions Denoël

L’œillade

de la comtesse Hahn-Hahn,

de Péter Esterházy, 1999,

286 pages, éditions Arcades

Catégorie