2046 : « Meilleure Année Ecologique » pour la Hongrie

2046 : « Meilleure Année Ecologique » pour la Hongrie

Nous sommes en 2046... Comme les autres pays ayant été régis par un système socialiste au siècle précédent, la Hongrie a eu des difficultés à renouveler ses infrastructures énergétiques. Le développement d’énergies propres et d’une réelle conscience environnementale a mis du temps à se faire. C’est maintenant chose faite et 2046 voit même la Hongrie être couronnée du prix de l'ONU de la « Meilleure Année Ecologique », prix décerné aux entités politiques n’ayant jamais atteint un taux de pollution aussi bas. Retour sur un parcours original.

Du gaz au nucléaire, et du nucléaire aux énergies renouvelables

Héritage de la division bipolaire de l’Europe lors de la guerre froide, la Hongrie a été tributaire, pendant toute sa période postcommuniste, du gaz venant de l’Est, à l’instar de ses voisins centre-européens. Ce n’est qu’à partir de la relance européenne de 2009, et des objectifs d’harmonisation énergétique sur le continent, que Budapest a entamé sa mutation énergétique.

Deux phases se sont succédées. Tout d’abord l’abandon des sources d’énergie à effet de serre, puisqu’à l’harmonisation énergétique ont été associés des critères d’excellence environnementale. La plupart des pays d’Europe centrale ont opté pour le développement d’un programme nucléaire civil, afin à la fois de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de réduire rapidement leur dépendance vis-à-vis de la Russie dont les tensions avec l’Union européenne allaient alors grandissantes.

Partenaire de pays comme la France, dont l’énergie nucléaire représentait alors près de 80% de l’électricité, la Hongrie, comme la République tchèque, avait décidé de jouer cette carte, après un long débat parlementaire. L’expansion du réseau électrique transeuropéen, offrant de nombreuses possibilités d’importation et d’exportation électrique, avaient offert à la fois une sécurité d’approvisionnement, une source potentielle d’enrichissement, et une voie d’intégration régionale.

Pourtant, lors de la rénovation politique du milieu des années 2030, un virage a été pris, et à l’énergie nucléaire, posant des problèmes environnementaux (réchauffement des eaux du Danube et de la Tisza) et sécuritaires (stockage des déchets), il a été décidé de substituer les énergies renouvelables. L’opposition de pays comme l’Autriche au développement de sites nucléaires à ses frontières, ainsi que l’appauvrissement progressif des sources mondiales en uranium allaient également en ce sens.

La stratégie énergétique hongroise s’était donc recomposée en 2036 autour de quatre points majeurs : la réduction de la consommation énergétique, le développement de l’énergie éolienne, l’installation de centrales solaires dans le sud et le centre, et la construction de centrales hydroélectriques sur le Danube et la Tisza. Plus de dix ans après ce virage, la Hongrie fait certes face à d’autres problèmes (tensions autour du débit fluvial au sein de la Commission du Danube, gestion plus complexe des différents flux d’énergie), mais elle a réussi à maintenir son indépendance énergétique acquise avec le nucléaire tout en diversifiant son activité avec ces énergies propres.

Transports écologiques et biocarburants

Le changement énergétique s’est également fait ressentir au niveau local. A la fin des années 2020, la pollution avait en effet atteint des records dans le pôle urbain budapestois à l’urbanisme galopant et dans les villes en expansion (Szeged, centre des échanges Balkans-Europe centrale, Debrecen, carrefour avec l’Europe orientale, Sopron, pivot entre l’Autriche et la Hongrie).

Sous le dynamisme des autorités municipales de Budapest, un plan multicommunal progressif avait été lancé en 2034 selon trois objectifs : réduire la circulation automobile, développer les nouvelles formes de carburant (les réserves de pétrole s’épuisant), et aller plus avant dans la politique des transports en commun.

L’année dernière, en 2045, Budapest a ainsi enregistré un nombre record de véhicules hybrides, fonctionnant à l’hydrogène, au GPL, ou au colza, seuls ces véhicules étant désormais autorisés à circuler pendant les fréquents pics de pollution. Quant aux transports, le maire de Budapest vient d’inaugurer la douzième ligne de métro (Újpest-Óbuda), alors que tramways et trolleybus se croisent désormais pratiquement à chaque carrefour.

Les campagnes hongroises en pointe

Le mouvement politique Természet (Nature), caractérisé à la fois par un traditionalisme culturel et un militantisme écologique, entré au gouvernement de 2038 a également joué un rôle majeur dans la transformation de l’énergie hongroise. L’autosuffisance étant le leitmotiv de Természet , un grand nombre de citadins, refusant de suivre le rythme effréné qu’a pris la mégalopole budapestoise tout autant que de subir les problèmes de santé importants dus à la pollution, a entamé un retour aux campagnes. C’est dans ces «nouvelles communautés autonomes», à la fois politiquement, économiquement et énergétiquement, que se sont développées des zones d’excellence environnementale fondées sur le retraitement naturel des déchets, les énergies renouvelables, et une limitation des dépenses énergétiques au strict minimum. Ces cercles se revendiquant d’une culture magyare ancestrale se sont installés dans les endroits les plus reculés du pays, et leur bien-être supposé a séduit nombre de citoyens hongrois.

Au niveau régional, national, communal ou local, la Hongrie a donc pris conscience, dans cette première moitié de XXIème siècle, de son patrimoine environnemental tout autant que ses divers atouts en matière énergétique. Espérons que le prix de l’ONU soit à même de l’encourager de continuer dans cette voie.

Péter Kovács

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