Adaptations et nouvelles: Bach et la prose hongroise contemporaine
Organisée par le Conseil des minorités bulgares de Budavár, une soirée artistique - intitulée « Adaptations et nouvelles: Bach et la prose hongroise contemporaine » - s’est déroulée dans la maison Virág Benedek le 2 juillet avec, en premier lieu, une causerie captivante, suivie par un concert balkanique du groupe Falkafolk.
Parmi les participants figuraient Toso Doncsev, écrivain bulgaro-hongrois, diplomate culturel, lauréat du prix Aleko; József Eötvös, compositeur et guitariste, titulaire du prix Liszt et Béla Pavlevits, acteur, tandis que la discussion était animée par Márton Mészáros Navarrai, jeune journaliste et rédacteur réputé.
Toso Doncsev - un véritable pont entre deux cultures
Peu ont su rédiger des ouvrages aussi inouïs tout en portant la voix d’une minorité comme l’a fait Toso Doncsev, écrivain, traducteur et sociologue. Né en 1944 à Budapest d’un père bulgare, il a poursuivi ses études en Hongrie et à Sofia dans un temps de grande turbulence politique - une réalité transparaissant dans son œuvre. Il est parvenu à connaître un succès impressionnant grâce à ses nouvelles (telles que Le petit déjeuner d’Ármin Fischer ou La mort du poulain alezan pour n’en citer que quelques-unes) et ses études tant religieuses que sociales. Nombre de ses travaux s’articulent autour de l’Holocauste et de l’antisémitisme (notamment en Hongrie et en Bulgarie) durant la Seconde Guerre Mondiale. De plus, il a aussi traduit une poignée de livres, principalement bulgares.
Outre sa carrière littéraire, il a également occupé plusieurs fonctions politiques, étant le président du Conseil bulgare national de Hongrie entre 1995 et 1998, ainsi que de l’Office national des minorités nationales et ethniques de 1998 à l’année 2000.
Il convient de noter que Doncsev possède un parcours de polymathe accompli; quoi de plus juste que de citer ses propres mots, lorsqu’il affirme : «Je reste ce que j’ai toujours été: sociologue, expert des minorités et représentant d’une nationalité minoritaire jusqu’à la fin» après avoir quitté l’Office en 2000.

L’art et le temps
La relation entre l’art et le temps a été le thème majeur de la conversation. Aux yeux de József Eötvös - renommé pour ses adaptations des compositions de Bach à la guitare - la dissociation entre les deux est ardue, voire improbable. D’un côté, une œuvre est - au sens strict - une manifestation directe d’une époque, laquelle explique la difficulté que pose la transposition d’une ancienne composition de Bach au temps moderne; toutefois, Eötvös l’a réalisé impeccablement. De l’autre, la gestion du temps dans une œuvre (c’est-à-dire le moment et la manière dont l’artiste partage les informations avec le public) présente un problème tout aussi épineux. Malgré la difficulté que cela représente, Doncsev utilise le jeu et la gestion du temps dans ses nouvelles d’une manière raffinée; dans son chef-d’œuvre « Le petit déjeuner d’Ármin Fischer » - que Béla Pavlevits a lu avec enthousiasme - l’auteur ne révèle quelques informations qu'à la fin, altérant le message de la nouvelle en profondeur. Étonnamment, cet ouvrage présente un lien entre Doncsev et Eötvös: celui-ci, professeur à l’Université Franz Liszt de musique, utilise l’écriture pour montrer le rythme idéal d'une œuvre; précisons qu’il a traduit la nouvelle en anglais ainsi qu’en allemand.
A la fin de la causerie, Doncsev a mentionné la parution de son prochain livre, vraisemblablement disponible à l’achat en septembre. Après avoir conclu la discussion, Eötvös a joué quelques chansons enfantines, puis un concert et une danse traditionnelle ont eu lieu grâce au groupe Falkafolk.
Csanád Cserháti