Budapest Forum : un ambitieux carrefour entre politique, recherche et journalisme
Le mercredi 17 septembre, la Central European University (CEU) a accueilli la cinquième édition du Budapest Forum, une conférence consacrée à l’avenir de la démocratie et organisée à l’initiative du maire de Budapest. Placée sous le thème « Comment construire une démocratie durable », la rencontre a rassemblé des responsables politiques, des chercheurs et des journalistes venus de toute l’Europe, témoignant de la volonté de croiser les points de vue et de nourrir un débat collectif autour des grands enjeux démocratiques actuels.
Dès 9h30, le grand auditorium de la CEU s’est rempli jusqu’à saturation. Dans l’attente du discours d’ouverture, l’atmosphère était chargée d’une énergie palpable, mêlant curiosité et impatience. Lorsque Gergely Karácsony, maire de Budapest, est monté sur scène, le silence s’est imposé dans la salle. Si son anglais hésitant a d’abord surpris une partie du public, son propos n’en a pas moins trouvé un écho fort. Dans un contexte politique marqué par les tensions avec le gouvernement de Viktor Orbán, son plaidoyer contre le populisme et en faveur des libertés a été perçu comme une prise de position directe face à la ligne du Premier ministre.
La politique nationale n’a d’ailleurs jamais été bien loin des débats de la journée. Les prochaines élections législatives, qui s’annoncent décisives, semblent déjà cristalliser les discussions. Mais l’intervention la plus marquante a sans doute été celle du maire de Varsovie. Dans un discours clair et déterminé, il a insisté sur la nécessité d’investir dans la résilience de nos sociétés, rappelant que la démocratie est avant tout un projet de long terme, exigeant patience, vigilance et engagement citoyen. Ses propos ont été salués par de vifs applaudissements, confirmant l’importance des voix étrangères dans les débats nationaux.

Tout au long de la journée, les tables rondes se sont succédé, abordant une large gamme de thématiques. Les discussions ont porté aussi bien sur l’avenir de l’Ukraine dans l’Union européenne que sur les moyens de construire des villes durables ou encore sur les tensions persistantes dans les Balkans. Chaque échange, animé par un panel mêlant chercheurs, journalistes et responsables politiques, a permis d’apporter des perspectives multiples sur la manière de renforcer les institutions démocratiques dans un environnement de plus en plus instable.
Au-delà des conférences et des interventions officielles, le Budapest Forum s’est révélé être un espace d’échanges privilégiés. Les pauses café et les repas organisés entre les sessions ont offert aux participants un cadre plus informel pour prolonger les discussions. Dans les couloirs de la CEU, il n’était pas rare de voir un chercheur débattre avec un élu local, ou un journaliste confronter ses analyses avec celles d’un acteur de la société civile.
En définitive, cette cinquième édition du Budapest Forum a confirmé son rôle de plateforme unique, où se rencontrent des sensibilités diverses mais réunies autour d’une même préoccupation : comment construire une démocratie durable, capable de résister aux pressions autoritaires et aux crises contemporaines.
Paul Rabeisen