Douche froide pour les débiteurs en franc suisse

Douche froide pour les débiteurs en franc suisse

Les conséquences d’un franc suisse fort

 

Cet été, plusieurs records ont été battus : records de température (élevée et basse), record de pluviométrie, etc. Mais le plus douloureux record a été celui du franc suisse. Au début du mois d’août, 1 franc suisse était presque équivalent à 1 euro.

Ces dernières années, la situation du financement externe de l’économie hongroise a toujours été fragile. Les taux d’intérêts en forint ont été élevés, jusqu’à atteindre 12 à 14%, ce qui a rendu les crédits très chers et un marché immobilier peu actif. Pour résoudre ce problème, les banques ont commencé à proposer des crédits en devises en 2000, et à partir de 2001, l’Etat a contribué au remboursement du crédit. Cette solution, trop chère pour le budget de l’Etat, fut vite abandonnée en 2003. Les crédits en devises offraient une solution pour abaisser le coût du prêt. Leur fonctionnement était le suivant : la banque accordait à ses clients un crédit en devise (euro, franc suisse, yen) à des taux d’intérêt plus bas, les clients remboursant le crédit en forint, la mensualité étant ensuite convertie en devise. Si le forint baisse, il y a bien sur un risque d’augmentation de la mensualité pour rembourser le même montant en devise : c’est le risque de change.

2008: les problèmes commencent

Ce système a très bien fonctionné jusqu’à la crise financière en 2008, moment où le forint a fortement baissé. Les mensualités ont dû alors augmenter de 15 à 30 %. Aggravées par la croissance du chômage, les premières difficultés pour rembourser les crédits en devise sont apparues. Cependant, grâce à la détente de la crise et à la consolidation budgétaire de l’année précédente, la situation est redevenue temporairement normale. Mais les banques n’ont plus accordé de nouveaux crédits en devises, interdits par le gouvernement Fidesz au lendemain des élections.

 

Le choc de l’été

Cet été, avec la crise de l’euro, les débiteurs se trouvent à nouveau dans une situation difficile. Alors que le taux forint/euro est resté stable, le franc suisse, devise de réserve importante dans le monde, a fortement augmenté et les crédits en franc suisse sont devenus de plus en plus chers. En 2008, 1 franc suisse valait 140-150 HUF ; le 9 août dernier, le franc suisse a atteint un niveau record avec 273 HUF. Le remboursement moyen est alors monté de 15 à 20 %. En juin, le montant total de l’endettement en devises des ménages avait augmenté de 367 milliards HUF par rapport au mois d’avril. Désormais la proportion des mauvais payeurs est de 15%. L’Etat a donc jugé nécessaire d’intervenir dans le système. Selon les termes de la nouvelle loi, intitulée «Programme de protection du foyer» (Otthonvédô Program) et effective à partir du 12 août, les débiteurs ont la possibilité de geler le montant de leur mensualité à un niveau de taux de change franc suisse/forint à 180 HUF. La différence entre le taux réel et le taux fixé est ajoutée au crédit qui, après un moratoire de 3 ans, devra être également remboursé. Le gouvernement a déclaré que passé ce délai, la nouvelle mensualité ne pourra augmenter de plus de 15% à celle d’aujourd’hui. La durée totale du crédit pourrait de ce fait être rallongée. A cette occasion, les banques ont obtenu la possibilité de pouvoir reprendre les biens immobiliers des crédits non payés, mais de façon très limitée. Elles se plaignaient en effet que le moratoire des expulsions avait favorisé les mauvais payeurs au détriment des emprunteurs sérieux.

 

Est-ce une bonne solution?

Grâce à cette nouvelle loi, les débiteurs peuvent retarder leurs problèmes de remboursement et prolonger la durée de leur crédit jusqu’à 30-40 ans. Mais, en allègeant leur mensualité aujourd’hui, elles prennent le risque d’une forte augmentation dans trois ans.

Jusqu’ici quelques milliers de personnes ont choisi cette solution, les autres cherchant d’autres possibilités ou attendant, si elles le peuvent, la baisse du taux de change. En revanche, chez certains, le désespoir est grand. Ils essaient de vendre leur maison ou leur voiture, mais le marché n’étant pas actif, c’est très difficile. S’ils trouvent un acheteur, c’est à vil prix, et donc insuffisant pour rembourser le crédit, la valeur marchande des biens immobiliers étant souvent plus faible que la dette restante. D’autres personnes envisagent de poursuivre les banques en justice. Mais pour certains, la situation est plus que désespérée. Cette semaine à Székesfehérvár (ville de l’ouest de Budapest), une famille a menacé de faire exploser sa maison qui a été vendue aux enchères par la banque.

 

Et l’avenir?

Un analyste de la banque UBS (banque suisse) a expliqué qu’en Hongrie, en Croatie et en Pologne (où la situation est similaire) les banques ouest-européennes (comme Unicredit, Erste, etc.) disposent de crédits des ménages pour un montant de 80 milliards de francs suisses. Si les débiteurs ne peuvent rembourser, les banques auront des soucis et la crise de l’euro pourrait s’intensifier. Mais selon lui, d’ici 1 an, le taux franc suisse/forint devrait revenir à 210 HUF, ce qui pourrait alléger les problèmes des débiteurs.

Rita Szabó

 

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