L´Orchestre du Festival de Budapest (BFZ) : Iván Fischer nous annonce un retour en force pour la saison 2020-2021

L´Orchestre du Festival de Budapest (BFZ) : Iván Fischer nous annonce un retour en force pour la saison 2020-2021

L´Orchestre du Festival de Budapest (BFZ) :  Iván Fischer nous annonce un retour en force pour la saison 2020-2021

Tout d´abord deux invités de marque pour introduire cette „téléconférence” de presse : Gergely Karácsony, maire de Budapest et Péter Fekete, secrétaire d´État en charge de la culture. Tous deux soulignant le rôle capital que joue la formation d´Iván Fischer pour promouvoir l´image de Budapest et de la Hongrie de par le monde.

Formation qui avait connu un moment des soucis d´ordre financier (alors contrainte de renoncer à certaines de ses activités). Conscients du besoin impératif de mettre fin à ces incertitudes et de stabiliser la situation, tous deux nous annoncent l´aboutissement de négociations pour assurer désormais à terme un financement public à même de permettre à l´Orchestre de poursuivre ses activités (à raison de 1,650 milliards de forints, équivalent 4,7 millions d´euros). Certes, un montant qui reste en retrait par rapport aux grandes formations de l´étranger, mais permet néanmoins d´assurer un fonctionnement sans entrave (compte tenu des dons et recettes propres qui s´y ajoutent). Tous deux par ailleurs empressés de louer les efforts déployés par les musiciens d´Iván Fischer pour ce soutien apporté aux auditeurs confinés par la diffusion régulière de récitals de chambre sur internet tout au long de cette période de pandémie („Soirées de quarantaine”). Péter Fekete soulignant au passage le statut particulier de la formation, sous la forme juridique d´une fondation, qui, dans un souci d´unité, se verra désormais administrativement regroupée avec les autres formations de la capitale sous un chapeau commun.  

Cette introduction de bon augure terminée, Iván Ficher au piano et son épouse (Gabriella Pivon) à la flûte nous gratifient depuis chez eux d´un petit duo propre à nous mettre en condition. Ayant choisi pour ce faire - ce qui fera plaisir à nos compatriotes - trois pièces, au demeurant charmantes, du compositeur Benjamin Godard (1).

Pour débuter la présentation, animée par Orsolya Erdődy, directrice de l´Orchestre, Iván Fischer nous annonce la reprise des concerts pour la rentrée de septembre. Sans avoir au préalable déploré l´amère frustration engendrée par la situation sanitaire. Frustration pour lui et les membres de l´orchestre, mais aussi et surtout pour leur public. Un public qu´ils tentent de soutenir, du moins moralement, par cette diffusion sur leur site de petits récitals en soirée. Malgré tout, rien ne saurait remplacer le concert sur place. Le concert, rituel rassemblant musiciens et leurs auditeurs dans une même communion. Pour y remédier, Fischer cite certaines pratiques adoptées à l´étranger. Certains cherchant une solution de compromis en recourant à des formations en nombre volontairement réduit, voire dispersées. Compromis que le chef hongrois rejette formellement. Le concert est un tout que l´on ne saurait amputer. D´autant que, cela est démontré, les musiciens d´un orchestre doivent se côtoyer de façon rapprochée pour être en mesure de se donner pleinement. C´est donc sur la reprise de concerts à part entière que Fischer et ses musiciens ont porté leur choix, pour débuter en septembre.

Concerts pour lesquels des abonnements vont être mis en vente dès la mi-juin (série de 11 abonnements). Mais avec cette garantie qu´en cas d´annulation ou de report pour une raison ou une autre, les abonnés seront immédiatement remboursés.

Pour ce qui concerne le programme proprement dit, Iván Fischer et Orsolya Erdődy nous signalent quelques innovations. Tout d´abord le lancement d´un nouvel abonnement („Fricsay”) pour des concerts de l´après-midi qui se tiendront en trois lieux différents (Palais des Arts, Académie de Musique, Institut italien) à l´attention des familles. Autre nouveauté : l´accent mis, dans le choix des solistes, sur des jeunes, une place de choix étant accordée au femmes. Par ailleurs, outre l´invitation traditionnelle de solistes et chefs étrangers, une place plus importante sera donnée à des jeunes compatriotes. Pour citer deux ou trois noms au hasard : la soprano et la flûtiste hongroises Emőke Baráth et Gabriella Pivon, la violoniste allemande Julia Fischer ou encore le violoniste hongrois Kristóf Baráti. A la direction d´orchestre, le jeune Hongrois Gergely Madaras (primé par les auditeurs de la chaîne Mezzo) qui fera ainsi ses débuts avec l´orchestre. Autre nouveauté : le concours, sous forme ludique, d´écrivains et poètes réputés, tels entre autres György Dragomán, Ádám Nadásdy, Lajos Parti Nagy, Krisztina Tóth ou encore György Spiró avec le soutien des Éditions Magvető et Libri.  (Inventer un mot pour qualifier au mieux l´impression ressentie à l´écoute d´une œuvre inscrite au programme.)

Pour en revenir aux frustrations, l´une qu´Iván Fischer ressent de façon particulièrement amère : son impossibilité d´être présent au Festival Mahler qui se tient ces jours-ci à Amsterdam, manifestation à laquelle il participe chaque année. Ce sera donc pour la saison prochaine. Autre regret : l´absence d´opéras au programme de la nouvelle saison, ceux-ci nécessitant de longs mois de préparation, ce que la situation actuelle rend impossible. Certes, il y aura bien, comme chaque année, participation en octobre au Festival d ´Opéra de Vicenza, mais cette fois-ci en version de concert.

Pour ce qui concerne les activités traditionnelles, reprise des concerts gratuits en province dans les églises, synagogues et maisons de retraite. Reprise aussi des concerts de minuit à l´attention des jeunes et des concerts-goûters (concerts „cacao”) pour les plus jeunes. A noter également pour la rentrée, une Journée de la Jeunesse qui se tiendra au Pavillon du Château (Várkert Bazár) récemment restauré. Pour le marathon qui se tiendra début 2021 au Palais des Arts, il sera consacré à Liszt et Berlioz. Quant au pays invité dans la série „Passerelles en Europe”, ce sera cette année la Grande Bretagne. Certes sortie de l´Union européenne, mais partie intégrante, voire acteur majeur, dans notre culture.

A la question posée par le JFB sur l´éventualité de tournées à l´étranger, Iván Fischer répond par l´affirmative, mentionnant les trois continents européen, américain et asiatique. Voire, pour le continent asiatique, une tournée dans la ville chinoise de… Wuhan! A l´attention des lecteurs du JFB, on signalera au passage la place privilégiée qui sera donnée, comme chaque année, à des compositeurs français (Debussy, Ravel, Messiaen, Saint-Saëns, Milhaud, Berlioz).

Enfin, rappelons la grande diversité des œuvres produites, de la musique baroque au répertoire contemporain, des grandes formations à la musique de chambre.

Une saison qui s´avère prometteuse et nous procurera surtout, après une si longue absence, le plaisir de nous retrouver. Pour peu, comme l´escompte Iván Ficsher, que tout soit entre temps revenu à la normale. Mais… ne tentons donc pas trop le diable !

Pierre Waline

(1): suite de Trois morceaux op. 116 (fin XIXème)

Photo : BFZ

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