Voyage photographique dans l'univers de Gilles Roudière

Voyage photographique dans l'univers de Gilles Roudière

Gilles Roudière était à la Budapest Projekt Galéria le mardi 5 mars pour présenter son exposition En silence dans le cadre du Budapest Photo Festival et du Festival de la Francophonie. L'exposition réunie les trois séries principales du photographe à savoir « What are these mountains dreaming about ? », « Unsung song of a city » et « Trova ». Des Caraïbes à la Turquie en passant par l'Europe de l'Est, Gilles Roudière nous fait voyager dans son univers sensible et intimiste. A travers une approche très personnelle il explore l'identité des lieux où il se rend pour en dévoiler toute leur authenticité. Photographe français autodidacte né à Tour en 1976, Gilles Roudière réside désormais à Berlin depuis 2005. Exposant pour la première fois à Budapest, il a accordé une interview au Journal Francophone de Budapest.

 

JFB : Comment avez-vous démarré la photographie ?

G. R. : C'est une histoire qui commence déjà à devenir un peu ancienne. J'ai travaillé en entreprise pendant quelques années, à Paris en particulier, et à un moment donné mon chemin de vie m'a conduit à Berlin. Quand je suis arrivé à Berlin je n'avais qu'une idée en tête : devenir photographe. C'était une idée extrêmement naïve mais j’étais sûrement un peu têtu donc je me suis appliqué à me faire une culture photographique tout d'abord, et de là est venue la compétence photographique. Également en partant en voyage, en fréquentant d'autres photographes et en me nourrissant beaucoup de photographies.

JFB : Pouvez-vous nous présenter votre exposition En silence ?

G. R. : En silence est un peu comme une petite rétrospective, et ça quand on n'est pas encore mort ça n'arrive pas tous les jours donc j'en suis très content ! L'exposition réunie les trois séries abouties au jour d'aujourd'hui. La première concerne « A quoi rêvent ces montagnes » qui est un portrait subjectif de l'Albanie. La seconde fut réalisée les années suivantes, elle se déroule à Istanbul. La troisième, qui est la dernière, est quasiment achevée, elle concerne Cuba.

JFB : Pourquoi avez-vous choisi ces trois pays en particulier ?

G. R. : L’Albanie, ce fut une vraie surprise J'avais un intérêt pour les pays d’Europe de l'Est, ayant habité un temps en Pologne, et il y avait un attachement pour cette région-là. En Albanie je m'attendais à trouver un pays familier et en réalité ce ne fut pas du tout ça. Je suis tombé dans un pays extrêmement ensoleillé qui ressemblait tout à fait à l'Italie, au moins par son ensoleillement. J'ai dû me faire à cette situation et travailler la photographie en fonction de cette lumière très dure. A partir de ça j'ai pu développer ce type de photographies extrêmement contrastées, en utilisant le soleil comme ciseau pour construire et découper les images.

La ville d'Istanbul était très évocatrice pour moi. C'est un endroit où j'avais envie d'aller et il se trouve aussi que c'est une ville très ensoleillée. J'ai pu retrouver un peu ce climat qui m'avait beaucoup intéressé en Albanie et ça m'a permis de prolonger la pratique photographique que j'avais initié là-bas. La série sur Istanbul s'est cependant construite d'une façon un peu différente. Les images sont plus douces et le fil conducteur n'est pas tout à fait le même. Il repose sur une espèce de cascade de lumière qui s'abat sur la ville, alors que ce n’était pas le cas en Albanie.

Cuba avait quelque chose d’extrêmement séduisant pour moi. Ce retour dans le passé attire beaucoup de monde. C’était aussi une destination dangereuse, riche de poncifs, de clichés, d'idées reçues. Il s'agissait alors de réaliser une série qui soit à la fois très personnelle et qui évite tous ces écueils, c'est ce que je me suis appliqué à faire là-bas.

JFB : Comment vous définiriez votre démarche photographique ?

G. R. : C'est une photographie qui est à l'opposé de la photographie documentaire. Les lieux que je visite sont des théâtres pour moi, et il s'agit de les montrer tels que je les perçois et non pas nécessairement de façon objective, comme ils sont ou comme on les montre d'habitude. Il ne s'agit pas d'expliquer ou de témoigner, mais de donner à voir des choses comme on les a perçues, donc il y a une attention émotionnelle très forte.

JFB : Le noir et blanc a-t-il toujours été indispensable à vos yeux ?

G. R. : Oui. J'ai commencé la photographie en noir et blanc et j'ai continué de creuser le sillon. Aujourd'hui je ne peux pas imaginer réintroduire de la couleur dans ma photographie, ça voudrait aussi dire recommencer un apprentissage. Le noir et blanc permet une certaine abstraction qui est peut-être plus difficile à obtenir en couleur, en tout cas c'est un exercice très différent.

JFB : Quels sont vos prochains projets ?

G. R. : J'ai un projet de livre qui est en cours sur les photos de Cuba, il devrait être publié aux éditions Lamaindonne en juin. Sinon j'ai les projets d'un photographe qui suit son chemin donc vraisemblablement des expositions à venir. Je fais partie d'un collectif qui s'appelle « Temps Zero » qui propose des projections photographiques avec des concerts live, il va y en avoir à Vienne à la fin du mois, et en avril. Et des projets qui continuent, des destinations qu'il va falloir imaginer, des photographies à faire...

L'exposition En silence est à voir jusqu'au 26 mars à la Budapest Projekt Galéria.

Anna Robert

 

Catégorie