Ces Hongrois „plus français que les Français”, partie intégrante de notre patrimoine culturel

Ces Hongrois „plus français que les Français”, partie intégrante de notre patrimoine culturel

Ne les oublions pas...

S´il fallait dresser un bilan de la présence de noms issus de l´étranger dans le patrimoine culturel de la France et, à l´inverse, la part de création imputable à nos ressortissants expatriés de par le monde, la balance pencherait indiscutablement en faveur des premiers. Ce qui est flagrant dans des domaines tels que la littérature (Ionesco, Troyat), des Beaux-Arts (Picasso, Chagall, Modigliani, Foujita), mais aussi dans le monde du cinéma ou de la variété (Montand, Aznavour, Mouskouri), ou encore dans le domaine de la mode, voire de la politique. Sur ce plan, la France - derrière les États Unis - est probablement l´un des pays au monde où cette contribution d´origine étrangère est la plus prononcée. Certes, des exemples peuvent être cités à l´inverse, mais plus rares et qui toucheraient peut-être davantage le monde des affaires (tels les anciens présidents des groupes Braun et Volkswagen en Allemagne).

 

Si nous évoquons le sujet – que d´aucuns trouveront fastidieux – c´est parce que nous avons à cœur de citer ici la part non négligeable que joue la Hongrie en la matière. Non négligeable, voire notable si on la rapporte à la taille du pays. Il est vrai que cette „exportation” de créateurs hongrois ne touche pas seulement la France. Rien que dans le domaine de la musique, nous pourrions citer une foule de noms, tels les chefs George Sólti, György Széll, Fritz Reiner ou Eugène Ormándy, les pianistes Géza Anda et András Schiff, et encore mille autres.

 

 

Ce qui fait peut-être une originalité de la présence hongroise en France est qu´elle touche pratiquement tous les domaines de la vie publique, des beaux-arts aux variétés et au classique en passant par la littérature et la photographie. Et que tous, sans exception, ont fait ou font preuve d´une parfaite intégration, au point que l´on en oublie parfois leur origine. A côté de noms bien connus, souvent francisés, comme ceux de Cziffra, Vasarely ou des photographes Robert Capa, Brassai et André Kertész, d´autres, peut-être moins connus du grand public pour leur origine, n´en contribuent pas moins à la propagation de notre culture. Un exemple entre autres : la femme écrivain Christine Arnothy. Ou encore l´historien, écrivain et ancien résistant François Fejtő, encore plus „parisien” que nous autres. Parfaite intégration : une preuve éloquente, le rachat et la rénovation par Cziffra d´une chapelle à Senlis pour en faire le siège d´une fondation destinée à promouvoir nos jeunes artistes (1). Ou encore le photographe Robert Capa qui n´hésita pas à accompagner les soldats français en Indochine, ce qui lui coûta d´ailleurs la vie. Autre exemple méconnu des Français mais qui l´est des touristes hongrois (2) : Michel Gyarmathy, directeur artistique des Folies Bergères dont il a assuré le plein succès.

 

 

Notre propos n´est pas ici de citer ici tous les noms, la liste en serait trop longue. Avec peut-être une présence encore plus marquée dans le domaine de la photographie, au point que vient de sortir en Hongrie un épais ouvrage intitulé „Les photographes hongrois en France” („Magyar fotósok Franciaországban” (3)).

 

 

Déjà par le passé, nombre d´écrivains et artistes hongrois furent attirés par Paris et la France, tels les poètes Endre Ady, Miklós Radnóti ou Attila József, ainsi que plusieurs membres de l´école de Barbizon. Mais avec cette différence que ceux-ci demeurent partie intégrante de la culture magyare.

 

 

Pour être complets, n´oublions pas les nombreux Hongrois qui, durant la guerre, rejoignirent les mouvements de résistance au sein desquels ils firent preuve d´un grand courage. Combattants de l´ombre dont, bien injustement, on parle moins souvent. A tous, à eux, bien sûr, mais aussi à tous les autres, qu´un hommage leur soit ici rendu. Des noms qui, plus efficacement que toute démarche diplomatique, auront contribué et contribuent à nouer des liens solides, voire affectifs entre nos deux pays.

 

 

Pour terminer, nous citerons une phrase de Romain Gary qui leur sied à merveille :”Je n'ai pas une goutte de sang français, mais c´est la France qui coule dans mes veines…». Bien de nos dirigeants et politiciens feraient bien de s´en inspirer.

 

 

Pierre Waline

(1): „En reconnaissance à la France pour l´avoir accueilli”. A lire, ses mémoires parues sous le titre „Des canons et des fleurs”

(2): Michel Gyarmathy qui, n’oubliant pas son origine, offrait des places gratuites aux Hongrois de passage sur simple présentation de leur passeport.

 

 

(3): Par Julia Cserba et Gabriella Cseh, paru en hongrois aux éditions Corvina.

 

 

 

 

 

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