Législatives 2017 – Anna Deparnay-Grunenberg

Législatives 2017 – Anna Deparnay-Grunenberg

A l’occasion de la visite à Budapest de Madame Deparnay-Grunenberg nous avons posé quelques questions à la candidate EELV de notre circonscription.

JFB : Quelles sont les raisons qui vous poussent à vous présenter aux élections législatives ?

Anna Deparnay-Grunenberg : La situation alarmante dans laquelle nos sociétés agissent envers la nature et envers l’humanité elle-même (migration, pauvreté, mais aussi résignation et perte d’orientation de beaucoup de nos contemporains), sont les thèmes qui me font me lever chaque matin en me posant toujours et encore la question suivante : « Quelles actions concrètes, quels changements et quels décisions puis-je prendre aujourd’hui pour faire ma part ? ». Par mon activité professionnelle (accompagnatrice de changement, éducatrice au développement durable), par mes choix en tant que consommatrice, par les façons dont je vis et éduque mes enfants, dont je conduis mes relations sociales, j’agis au quotidien sur cette société. Bien sûr, le fait de m’engager politiquement et associativement, par exemple au sein d’initiatives locales de protection de vergers ou fermes pédagogiques, mais aussi pour l’idée européenne, me poussent à partager mes choix et mes idées.

Me présenter aux élections législatives c’est aller plus loin dans cette démarche. Je veux pouvoir représenter tous les citoyens qui adhèrent aux thèmes qui me sont chers : idée européenne, économie du bien commun, protection de la biodiversité de nos forêts, nouvelle conception de la ville, démocratie participative. En tant que Française d’Allemagne, je m’enrichis tous les jours des différentes réponses apportées par nos deux pays à des problématiques communes, comme par exemple la transition écologique et le développement européen. Je reste convaincue que c’est en s’intéressant aux politiques menées autre part en Europe, et parfois en s’en inspirant, que nous pourrons faire évoluer efficacement nos sociétés. Par mes échanges au sein du parti vert allemand et mes coopérations politiques avec tous les partis élus à Stuttgart, j’ai acquis une expérience de dialogue politique que j’aimerai appliquer à l’Assemblée nationale si je suis élue.

JFB : Que pensez-vous de la situation de la centrale nucléaire de Paks ?

Anna Deparnay-Grunenberg : Elle est très problématique comme celles de tous ces anciens réacteurs de construction russe.

D'une part les 4 réacteurs de la centrale vont arrivés bientôt en bout de vie (33 ans déjà et de multiples incidents), d'autres parts la construction de 2 nouveaux réacteurs, de technologie russe, n'apporte rien à la Hongrie sur le plan de l'indépendance énergétique. Je suis favorable au référendum demandé par mes amis écologistes hongrois. Il n'y a eu aucune transparence sur l'attribution de ce marché, ce qui est absolument honteux. Sans revenir sur les dangers du nucléaire, ni sur les doutes légitimes liés aux réacteurs de construction soviétique, il est désormais avéré que le nucléaire est la plus chère des technologies. Alors que le Burgenland, Land autrichien voisin de la Hongrie, est indépendant énergétiquement grâce à l'éolien, au solaire et à la biomasse. La Hongrie produit quant à elle, encore 90% de son électricité avec le nucléaire et le charbon, ce qui ne correspond pas du tout à une stratégie efficace de gestion globale des conséquences du dérèglement climatique et des déchets nucléaires.

Il y a clairement un manque de volonté politique. C'est honteux. Il est navrant que notre député actuel ne se soit pas intéressé à la question.

JFB : Certains pays de notre circonscription font face à une situation de corruption élevée. Comment faire face, dans ce contexte, aux dangers et aux accidents environnementaux, comme celui des boues rouges, survenu en Hongrie et qui sera bientôt jugé en Appel ?

Anna Deparnay-Grunenberg : J'imagine que vous parlez de l'effroyable accident sur l'usine d'aluminium d'Ajka, en 2010. L'issue du procès qui a relaxé les dirigeants et personnels de l'usine est insatisfaisante.

Comme partout la corruption est liée principalement à deux phénomènes : premièrement, des salaires trop faibles et deuxièmement un individualisme forcené impliquant un manque de prise de conscience de la société comme composée de chacun d’entre nous. Des solutions à longs termes ? Eduquer, réduire les inégalités, renforcer le sentiment d’appartenance à la société aussi bien nationale qu’européenne. À court terme ? Contrôler et sanctionner.

Concernant les risques environnementaux, de nombreux sites hongrois présentent un danger pour notre "beau Danube bleu". Pour empêcher que celui-ci devienne un fleuve poubelle, il est là indispensable de procéder, par des agences européennes, à des inspections plus régulières des digues et à une amélioration des procédures et de la sécurité en cas de rupture de celles-ci. De même, des coopérations binationales en matière technologique tout comme de régulation de la vie publique, ne peuvent qu’améliorer la situation.

JFB : Comment analysez-vous les liens qui unissent l’Allemagne et les pays d’Europe centrale et des Balkans, du point de vue des perspectives économiques pour les entreprises françaises ?

Anna Deparnay-Grunenberg : Si vous induisez ici, que les entreprises allemandes sont plus implantées dans cette région que les entreprises françaises, je tiens à souligner que de plus en plus de Français s’y expatrient. En deux ans, entre 2013 et 2015, le nombre de Français inscrits sur registre consulaire comme établis en Bosnie-Herzégovine a ainsi augmenté de 11,9%, en Serbie de 12,8%, en Roumanie de 15,8 %, en Bulgarie de 17,5 %, et en République Tchèque de 18% ! Si les Français s’y expatrient de plus en plus, cela montre que ces pays sont de plus en plus attractifs pour les acteurs français. Ils représentent donc des opportunités de marchés que les entreprises françaises savent saisir, comme on me l’a expliqué lors de ma visite de la Chambre de Commerce Franco-Hongroise de Budapest. Bien évidemment, ces entreprises doivent continuer d’être soutenues dans leur démarche, tout comme il est essentiel que l’offre d’éducation et de culture française dans ces pays continue d’attirer des citoyens français. 

 

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