Condition féminine : la Hongrie en bonne voie ?

Condition féminine : la Hongrie en bonne voie ?

Ce mercredi, l’ambassade de France en Hongrie organisait une conférence dédiée aux droits des femmes à l’Institut Français. Verdict : il y a encore du travail.

« L’égalité hommes-femmes : entre idéaux juridiques et réalités sociales ». Vaste champ de réflexion sur lequel se sont penchées les quatre spécialistes invitées (Lídia Balogh, Eszter Kováts, Choralyne Dumesnil et Francisca Aguayo Armijo) ainsi que Nicole Ameline, ex-ministre française à la parité et ancienne présidente du comité CEDAW (organisme de l’ONU œuvrant pour la protection féminine).

Le constat est implacable. En 2015, la cause féminine reste à défendre. Nicole Ameline le rappelle et met de plus en exergue le risque important de régression en matière de droits des femmes. Tous les pays sont concernés et la Hongrie n’y échappe pas. Le recours à l’avortement, légalisé en terre magyare vingt ans avant la France, a notamment été menacé en 2012 par la nouvelle Constitution adoptée par le gouvernement de Viktor Orbán, qui proclame le droit à la vie dès la conception.

Si aujourd’hui l’IVG reste autorisée en Hongrie cet exemple illustre bien la fragilité de l’égalité hommes-femmes dans le pays. Lídia Balogh explique ainsi que la situation de la gent féminine sur place résulte en partie de la sortie du communisme entamée en 1989. En effet, une majorité de femmes était en activité lorsque le Rideau de Fer existait encore. Suite au passage à l’économie de marché et à la vague de privatisations qui s’en est suivie, l’augmentation rapide du chômage a contribué à partiellement exclure les femmes hongroises du marché du travail. A l’heure actuelle, leur taux d’insertion professionnelle est le plus faible d’Europe.

Une femme sur 4 déjà violentée

Les discriminations sont aussi présentes en politique comme le montre le nombre peu élevé d’élues. Dans ce domaine, Budapest semble également en retard. « Si en 1990 le nombre de femmes élues dans les parlements nationaux avoisinait les 10% dans la majorité des pays de l’ex-URSS, aujourd’hui celles-ci sont 24% en Pologne tandis que la Hongrie reste la seule nation à ne pas avoir bougé », souligne Eszter Kováts.

Du point de vue social, on peut aussi remarquer que la Hongrie connaît un fort taux de violences à l’égard des femmes. Un quart d’entre elles en ont déjà été victimes. En outre, le sexisme y est fortement présent comme dans de nombreux pays d’Europe et les médias y contribuent. L’exemple de la nageuse Magyare Zsuzsanna Jakabos, fréquemment réduite à son physique par la presse locale mais aussi internationale comme le soulevait une spectatrice, est édifiant.

« Les solutions pour remédier à ces inégalités en Hongrie mais aussi en Europe ne peuvent s’incarner que dans des « politiques ambitieuses d’éducation, d’accès à la culture, ainsi que dans une vulgarisation des questions de genre et de sexisme », formule Nicole Ameline. Qui résume : « Les femmes ne doivent pas avoir à montrer qu’elles sont des hommes comme les autres ».

Elayis Bandini

Photos: Csilla Katona

 

 

 

 

 

 

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