Alerte à la radioactivité

Alerte à la radioactivité

Fuite d’iode 131 à Budapest

De mystérieux rejets d'iode radioactif 131 ont été détectés en Europe récemment, notamment en France. La source a été identifiée le 16 novembre. Il s'agit de l'Institut des isotopes (Izotop Intezet) de Budapest spécialisé dans la fabrication de produits radioactifs à usage pharmaceutique.


 

C'est ce qu'a révélé L'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA) dans un communiqué publié le 17 novembre. Selon l'Autorité hongroise de l'énergie atomique (HAEA), qui a alerté l'AIEA, La fuite a démarré le 8 septembre et n'a été stoppée que le 16 novembre. Une enquête est en cours pour en déterminer la cause. L'activité du laboratoire a été interrompue.

L'agence onusienne a rappelé que les concentrations d'iode mesurées dans l'atmosphère, dès la fin octobre en République tchèque et dans d'autres pays d'Europe, dont la France, ne présentaient pas de danger pour la santé. « Les niveaux d'iode-131 détectés sont extrêmement bas. Il n'y a pas de risque pour la santé de la population», précise l'AIEA dans son communiqué.

L’Institut conteste

L'institut concerné à Budapest a admis avoir observé une première hausse de ses émissions d'iode-131 au cours du premier semestre 2011, mais a nié être l'origine de la radioactivité anormalement élevée constatée. ll a tout de même suspendu sa production entre juin et août le temps de procéder à des ajustements sur son système de filtrage. A partir de septembre, ses émissions ne sont pas revenues à leur niveau antérieur et il a donc de nouveau suspendu ses opérations avec cet isotope radioactif. La question de savoir si de nouveaux systèmes filtrants ont été mis en place et testés n’est pas claire.

D’autres avis plus inquiétants

D'autres experts sur le sujet affichent toutefois un degré d'inquiétude supérieur et un bilan plus alarmant. C'est le cas de la Criirad (Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité) qui a indiqué immédiatement après l'annonce de l'AEIA : « S’agissant de l’iode 131 rejeté dans l’atmosphère, les doses subies par ingestion dans les jours suivant le rejet peuvent être plus élevées que celles liées à l’inhalation». Il constate que l'incapacité des autorités nationales et internationales à la localiser rapidement reste préoccupante.

Les autorités hongroises évoquent un rejet de 324 GBq d’iode 131 entre le 8 septembre et le 16 novembre, ce qui représente «une valeur très élevée» selon la Criirad. L’institut hongrois aurait même libéré 624 GBq dans l’atmosphère en 2011 (soit 28 300 fois supérieur aux rejets d’iode radioactif effectués en 2009 par la centrale électronucléaire du Tricastin en France), ce qui serait « susceptible de conduire à des doses inacceptables pour la population locale » affirme le laboratoire indépendant français de la radioactivité. La HAEA a expliqué que l’Institut dispose d’une autorisation de rejets annuels de 1600 GBq. À titre de comparaison, la dose maximale admissible préconisée au niveau international s’élève à 279 GBq annuels.

La Criirad a demandé que soit lancée en urgence une expertise du niveau de contamination en iode 131 dans l’environnement du site à Budapest et que, en l’attente des résultats, les populations locales ne consomment pas les produits végétaux et les produits laitiers d’origine locale.

Greenpeace est également actif sur ce dossier et demande le départ de József Rónaky, directeur général de l’HAEA. Péter Rohonyi, membre de Greenpeace Hongrie, accuse les autorités nationales nucléaires d’irresponsabilité et juge par conséquent que ce problème doit dès lors être traité par des experts internationaux compétents.

L’iode 131, c’est quoi?

L'iode-131 est un élément radioactif dont la période est très courte (8,02 jours). Il est donc extrêmement radioactif. Utilisé à petite doses, notamment pour des applications médicales, c'est un des produits de fission les plus redoutés lorsqu'il est relâché par accident dans l'environnement, car il se concentre dans la thyroïde.

Comme le souligne la Criirad, cette affaire met le doigt sur des dysfonctionnements graves (fixation d’autorisations de rejet très élevées, défaut de maîtrise des rejets, manque de transparence, défaut de protection des populations). Par ailleurs, les autorités nationales, et les médias hongrois ont relayé cette affaire de manière très superficielle.

Gwenaëlle Thomas

 

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