La magie des masques

La magie des masques

Expositions de Budapest à Paris 


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C’est un monde à l’envers - souvent grotesque - qui apparaît dans les représentations de James Ensor dont une exposition lui est dédiée au Kogart. Le musée a réalisé au même moment une exposition des dessins de Tibor Csernus. Les fameux masques d’Ensor renaissent différemment sous le couteau de Livia Vajda, parisienne hongroise – une exposition à Paris et deux livres lui rendent hommage.

 

 

Ensor est un artiste en colère, l’héritier du Theatrum mundi baroque. Il peuple tout son univers de masques, de figures grotesques et de squelettes. Heureuse coïncidence que de voir une belle réédition du livre de Miklós Szabolcsi sur le clown où, un chapitre est consacré au peintre belge.

L’éminent historien, littéraire francophone, tenait à terminer son livre captivant autour du désir du masque de l’artiste et ses jeux de rôles, depuis le Pierrot de Watteau jusqu’aux bouffons modernes. Ce thème s’épanouit chez Verlaine et Michaux, chez Picasso et Chagall dans la musique et des dessins de Schönberg ou dans l’art de la prose, le Cirque de Frigyes Karinthy.

James Ensor était originaire d’Ostende et, tout en se révoltant contre le monde qui l’entourait, toute sa vie il y est resté en créant son univers fantastique du Carnaval à la plage jusqu’aux danses macabres et, la monumentale Entrée du Christ à Bruxelles. Il donne ses traits au Christ en le transplantant dans le milieu moderne du 19ème siècle. La toile est au Musée Getty – mais la gravure est accrochée dans l’exposition du Kogart, entourée des toiles et gravures d’une grande variété du maître, précurseur à la fois de l’expressionnisme et de l’impressionnisme.

Tibor Csernus est chez lui à Kogart. Vous retrouvez son atelier d’antan du Bateau Lavoir à la galerie, ainsi qu'une nouvelle exposition qui présente ses dessins et études que les conservateurs du musée ont répertorié. On est témoin du processus de création: ce n’est pas la théâtralité qui domine mais une création proche des tournages de cinéma.

Livia Vajda, parisienne hongroise, appartient à l’Ecole de Paris, elle voulait surtout être peintre européenne. Son exposition s’ouvre début mars à Paris avec la publication d’un livre qui contient un bel autoportrait en couverture. Elle admirait les masques d’Ensor qui renaissaient différemment sous son couteau. Personnages de pénombre et de second plan qui ricanent derrière une jeune femme en blanc. Figures "grotesques" d’enfants piquées, comme en décoration, dans les jupes de femmes au regard innocent. Elle a des couleurs vives incroyables – mais derrière, c’est l’enfer des camps de concentration qu’elle a traversé qui se reflète dans les regards angoissés de ses personnages.

2 expositions au KOGART Ház, 1062 Budapest, Andrássy út 112, jusqu’au 26 février: James Ensor et Tibor Csernus

L’exposition de Livia Vajda à la Mairie du 19ème arr. Paris, Place Armand Carrel - du 2 au 14 mars 2012 et sorti de deux livres: Livia Vajda, un parcours et Un 27 janvier par Monique Gehler, Ed. du Mauconduit, Paris.

Szabolcsi Miklós: A clown mint a mûvész önarcképe – Argumentum, Budapest – avec résumé et préface en français et illustrations

Éva Vámos

 

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