Pays de l'espoir?

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Demandes d’asile vers le Canada

L’année dernière, au Canada, le nombre des demandes d’asile effectuées par les Hongrois a doublé par rapport à l’année précédente. Une tendance qui se révèle de plus en plus marquante...

 

 

D’après un article de Vancouver Sun, 4409 demandes d’asile ont été déposées par les Hongrois en 2011, alors que ce nombre ne s’élevait qu’à 2300 en 2010 et à 2440 en 2009. Comme le confirme le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Canada est de loin le pays cible préféré des demandeurs d’asile hongrois. La Belgique se classe en deuxième position avec 188 demandes et devance les Etats-Unis (47 demandes), la Norvège et la France (chacune 33 demandes).

Bien que le nombre des demandes d’asile venant de Hongrie soient en hausse, le gouvernement canadien refuse toutefois de restaurer l’obligation de visa. Pourtant, comme le Vancouver Sun le remarque, en 2007, au moment où cette obligation était en vigueur, les autorités n’ont enregistré que 34 demandes. De son côté, le ministre chargé des questions d’immigration déclarait que le gouvernement révisait régulièrement sa politique de visa. "Notre gouvernement prend en compte un large éventail de facteurs lors de la révision de sa politique de visa.

Parmi ces facteurs figurent les questions relatives à la migration, la sécurité des documents de voyage, la sécurité publique, les relations bilatérales et les questions humanitaires" a déclaré le ministre Jason Kenney. Questionnée par le journaliste, une source gouvernementale a exclu le recours à l’introduction immédiate de l’obligation de visa faisant référence aux excellentes relations commerciales et économiques qui existent entre les deux pays. Jason Kenney a tout de même ajouté que le gouvernement allait durcir les règles d’attribution des asiles afin d’éviter les demandes abusives.

Quant au ministère hongrois des Affaires étrangères, il a confirmé que la vague d’immigration vers le Canada constitue un réel fardeau dans les relations bilatérales. Il trouve notamment regrettable que de nombreux Hongrois profitent d’une situation présentée de manière exagérée voire erronée pour ainsi bénéficier du système d’immigration canadien. "Contrairement aux arguments que l’on nous opposent, justifiant les demandes d’asiles, personne n’est menacé en Hongrie. Le gouvernement prend des mesures fermes contre toute manifestation d’extrémisme ou de haine" a souligné le ministère.

Demandes d’asiles célèbres

Récemment, contre de nombreux Roms, plusieurs personnes connues de la vie publique hongroise ont également demandé asile au Canada. L’écrivain Ákos Kertész est arrivé au Canada le 29 février dernier. A la suite de l’article publié en août 2011 dans le journal Amerikai Népszava dans lequel il avait qualifié les Hongrois de "génétiquement assujettis" et leur avait reproché de ne ressentir aucune responsabilité pour les crimes historiques, il s’est vu retirer le titre de citoyen d’honneur de Budapest. M. Kertész s’est senti victime d’une véritable chasse politique engagée dans la presse, ayant eu pour effet de monter les extrémistes contre lui. Après avoir subi une agression physique, il s’est senti constamment menacé. "J’avais du mal à prendre la décision de quitter mon pays car pour moi la langue hongroise signifie la vie. La Hongrie est ma patrie, c’est là où je me sens chez moi. J’ai pris cette triste décision non pas contre la Hongrie ni contre le peuple hongrois dont j’ai toujours partagé le sort mais en raison des événements en cours. J’espère pouvoir revenir dans une Hongrie redevenue démocratique, tolérante et humaine" a déclaré l’écrivain.

Ákos Kertész n’est pas le seul à avoir quitté la Hongrie pour s’installer au Canada. La défenseuse Rom des droits de l’homme et femme politique Viktória Mohácsi a également immigré au Canada. Comme ses proches l’ont confirmé dans le journal Népszabadság, Mme Mohácsi n’est pas parvenue, malgré sa notoriété sur la scène politique, à vivre décemment et s’est heurtée à de graves problèmes financiers.

La question se pose désormais de savoir si cette vague d’immigration va s’atténuer ou si elle constitue l’un des signes d’un mécontentement profond face à des inégalités qui semblent bel et bien persister dans la société hongroise contemporaine. 

Máté Kovács

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