Rétrospective Marcel Breuer

Rétrospective Marcel Breuer

Image retirée.A l'occasion de la grande exposition du Vitra Design Museum qui tourne actuellement à travers l'Europe, de Glasgow à Madrid en passant par Bruxelles, voici que les oeuvres de Breuer retrouvent la Hongrie, pays d’origine du célèbre architecte et designer. L’exposition initialement conçue par le musée à Weil am Rhein en Allemagne et désormais visible au Musée Ludwig de Budapest, célèbre le centenaire de la naissance du maître.

 

Breuer est célèbre dans le monde entier, mais reste peu connu en Hongrie, si ce n’est dans un milieu intellectuel restreint. Il était donc temps que ses oeuvres reviennent dans le pays d’origine de leur auteur.

Paradoxalement, la Pyramide du Louvre, oeuvre de I.M. Pei, ancien élève de Breuer aux Etats-Unis est plus connue à Budapest que la pyramide inversée de Breuer au Musée Whitney de New York. Pourtant, l’édifice de ce musée consacré à l’art américain, lui-même oeuvre de Breuer, est “Le Monument” de Madison Avenue. Maisons familiales et édifices publics de grande envergure, fragments de sa correspondance et bien sûr des meubles, comme le célèbre fauteuil Wassily, sont présentés dans les salles du Musée Ludwig, accompagnés de nombreuses photos, de plans de construction ainsi que de douze maquettes réalisées pour l’occasion.

Une avant-première avait eu lieu à la galerie 2B avec des photos et quelques meubles authentiques, alors que cette grande exposition aborde l’ensemble des créations de Breuer par ordre chronologique et ses dessins, photos et meubles sont ainsi présentés selon une sorte de triptyque : maisons, espaces, volumes.

Né en 1902 à Pécs, Marcel Breuer intègre l’Ecole du Bauhaus à Dessau alors qu’il n'a que 20 ans. Son diplôme en poche, il passe ensuite un an dans un cabinet d’architecte à Paris où il fait connaissance avec Le Corbusier et les proches de la revue l’Esprit Nouveau. Le monde alors était animé par un désir frénétique de changement et de liberté dans la République de Weimar. C’est dans l'ambiance de cette époque – et en faisant du vélo avec Wassily Kandinsky – qu’il eut l’idée d’un fauteuil en acier cintré, auquel il donna donc le prénom de son ami. Ce fauteuil est depuis devenu un meuble culte, sans cesse réédité, et le musée Ludwig présente à ce propos le film documentaire du Français Daniel Schirman consacré à ce célèbre fauteuil et au contexte de sa création. Cette époque à laquelle le courant moderniste alliait art et industrie et conjuguait plaisir esthétique, sensualité de la matière et découverte technique. Breuer s’est en effet toujours préoccupé des aménagements intérieurs des maisons qu’il a construites .

Il aurait pu être le plus grand architecte hongrois de son siècle, mais il n'a jamais pu réaliser ses projets en Hongrie. Son diplôme de Dessau n’était pas reconnu et ses origines juives l’ont exclu de la société sous le régime Horthy. Ses projets n’ont pas abouti d'avantage après la guerre : malgré son doctorat d’honneur de l’Ecole Polytechnique de Budapest, obtenu très tardivement, ses projets stagnent et les commandes ne tombent pas...

Son parcours professionnel reste pourtant exceptionnel, et ce dans le monde entier. Encore étudiant du Bauhaus, il aménage l’appartement de Piscator à Berlin, selon l'esprit et les goûts du fonctionnalisme. Dès 1928, toujours à Berlin, il s’investit dans la conception et la fabrication de meubles - et non pas dans la construction d’édifices, à cause de la crise économique. En 1935 il part rejoindre Gropius, son professeur d’antan, en Angleterre, avant de le suivre aux Etats-Unis où il embrassera la carrière qu'on lui connaît.

Ses maisons sont écologiques avant la lettre, comme cette villa en Suisse avec des grandes fenêtres donnant sur les Alpes, où l’arbre du jardin perce la terrasse. Et il a par ailleurs introduit le concept de “maison de famille binucléaire” en architecture.

Les traditions de la Nouvelle Angleterre l’ont inspiré tout aussi bien que ses voyages en Méditerranée et ses maisons parsèment désormais toute l’Amérique et beaucoup de pays européens. Parmi ses réalisations les plus célèbres, citons bien sûr ses oeuvres monumentales comme, outre le musée de New York, le Palais de l’UNESCO à Paris, le centre IBM à Cannes ou encore ses églises - dont la plus célèbre : l’église de l’Abbaye Saint Jean à Collegeville dans le Minnesota.

Ses édifices, véritables sculptures de lumière, perpétuent sa mémoire.

Vámos Éva

 

Ludwig Múzeum, 1095 Budapest, Komor Marcell u 1

du 4 mai au 2 septembre 2007

Galerie 2B, 1092 Budapest, Ráday utca 47, depuis le 17 avril 2007

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