Paix au genre humain

Paix au genre humain

A l’occasion des 60 ans de l’Etat d’Israël, Baruch Oberlander, Directeur du Centre Chabad Lubavitch pour l’héritage juif en Hongrie nous parle du plus important mouvement Hassadique de l’Orthodoxie judaïque. Chabad signifie Sagesse, Compréhension et Connaissance Il prône le retour spirituel des Juifs à leur croyance et appelle à la Paix.

(Illustration: Dorota Zbikowska)

 

 

 JFB : Pouvez-vous nous présenter votre Fondation?

Baruch Oberlander : Elle a commencé en 1989 avec la bénédiction du Rabbin Lubavitch Menachem Mendel Schneerson (chef charismatique du mouvement Chabad, décédé en 1994), qui était le leader juif et dont la philosophie était de s’occuper de tous les Juifs après tout ce qu’ils avaient traversé. Je viens d’une famille hongroise. Mon grand-oncle, célèbre rabbin orthodoxe, est de Hongrie.

JFB : La date est-elle liée à la chute du socialisme ?

B.O. : Je pense que oui. Mais nous sommes arrivés juste avant le changement officiel. Nous sommes une communauté juive indépendante, il y en a d’autres en Hongrie, non-orthodoxe ou orthodoxe. Nous avons notre propre Cour rabbinique, ou Beth Din, la plus grosse maison de publication juive en Hongrie, un site web, deux synagogues, une école, nous enseignons à l’université. Il y a en Hongrie approximativement 100 000 Juifs, dont la plupart est très intégrée. Mais beaucoup ne connaissent pas bien le judaïsme.

JFB : Pensez-vous que les Juifs soient plus intégrés ici qu’en France ?

B.O. : A Paris, il y a de nombreux Juifs d’Afrique du nord, les Séfarades, très attachés à l’héritage juif et traditionnel. Il n’y a pas de Juifs séfarades en Hongrie. De plus, la Hongrie est passée par l’Holocauste, le communisme.

Ici, les gens veulent connaître l’authentique judaïsme. Nous avons l’Open University for Judaic Studies (Université Libre des Etudes Juives, près de la Grande Synagogue) où les gens viennent étudier .

JFB : Existe-t-il des liens importants, économiques, politiques, culturels, entre l’Etat d’Israël et la Hongrie ?

B.O. : Oui, bien sûr ! Il y a une communauté israélienne de taille tout à fait récente à Budapest. Ce sont soit des businessmen, soit des étudiants en médecine. Nous avons créé une communauté spéciale pour eux, avec un Rabbin spécial.

JFB : Y a-t-il une montée de l’antisémitisme en Hongrie?

B.O. : Il y a une montée des discours sur l’antisémitisme, mais on ne peut pas dire que les Juifs ont peur de marcher dans la rue. Par ailleurs, nous ne croyons pas que la communauté juive doive constamment s’occuper d’antisémitisme. Elle doit d’abord s’occuper du sémitisme ! C’est aux politiques et à la police d’agir.

JFB : L’Etat d’Israël a été créé après l’Holocauste, qui a commencé avec des ressentiments anti-Juifs en Europe, et Europe centrale. Soixante ans plus tard, la situation est-elle meilleure en Europe ?

B.O. : Absolument, cela ne fait aucun doute. Mon père lui-même est un survivant de l’Holocauste, ma mère également, toute ma famille. Alors, Dieu merci, nous n’avons plus d’Holocauste aujourd’hui. Les Juifs se sentent en sécurité dans la plupart des pays d’Europe, même s’il y a quelques problèmes.

 

JFB : Même la création de certaines milices d’extrême droite n’est pas de nature à vous menacer ?

B.O. : Personnellement, je ne crois pas que cela nous menace en l’état actuel des choses. Bien sûr, la police et la justice doivent s’occuper de ces choses, mais je tiens à dire que le fascisme et l’antisémitisme ne sont pas un problème juif : c’est un problème non-juif. Nous pouvons en être affecté, mais ce n’est pas notre problème. C’est celui de la justice. C’est le problème de l’humanité. Il s’agit d’éducation. Les enfants devraient être élevés à vivre en Paix, avec les autres, les étrangers. On ne devrait pas être haineux.

JFB : Que représente le soixantième anniversaire de la création d’Israël pour les Juifs de Hongrie ?

B.O. : L’Etat d’Israël a un rôle très important dans le renforcement de l’identité juive partout dans le monde. Je suis désolé, parfois, quand, en Israël, des éléments «auto-haineux» de la société pensent que les Juifs n’ont pas le droit d’y vivre . Pourquoi les Juifs devraient dire ce genre de choses ? Nous savons que Dieu créa le monde, et Il dit dans la Bible, Il dit à Abraham que, pour ses enfants, Il donne la terre d’Israël. Donc la terre d’Israël est la nôtre, et il n’y a pas besoin de se sentir désolé de vivre sur la terre que Dieu a donnée à nos ancêtres. Nous devons nous occuper de l’humanité, avec l’Amour de tous, même de non-Juifs.

JFB : En tant qu’Européen juif, quel rôle pensez-vous que l’Europe devrait, jouer dans la résolution des troubles au Proche-Orient ?

B.O. : Le problème au Proche-Orient, pour Israël et ses voisins est lié au problème important de l’islamisme. Tout le monde devrait se sentir concerné. Je prie Dieu qu’il donne la Paix aux Juifs en Israël et au 0genre humain.

Propos recueillis par Péter Kovacs

 

Catégorie