Les conséquences de 68 en Hongrie

Les conséquences de 68 en Hongrie

En 1968, de nombreuses manifestations se sont déroulées dans les pays „occidentaux” comme en France, en Allemagne ou encore aux États-Unis et à Mexico. Tandis que dans ces pays, étudiants et intellectuels se révoltaient en faveur de l’égalité sociale et raciale, leurs homologues dans le bloc soviétique luttaient pour se libérer du régime communiste. A Budapest, le mécontentement ne s’est pas accentué pour autant car le souvenir des sévères représailles du gouvernement hongrois après les manifestations de 1956 constituait un frein aux révoltes. Quarante ans plus tard, c’est avant tout la fameuse réforme économique que nous retenons de l’année 1968, mais elle symbolise aussi le début d’un mouvement d’opposition qui a abouti au changement de régime en 1989.

Dans les pays de l’ancien bloc soviétique les changements les plus spectaculaires ont eu lieu à Prague, avec l’arrivée au pouvoir d’Alexandre Dubcek en janvier 68. Il a lancé plusieurs réformes démocratiques et a essayé d’atténuer la dépendance de son pays à l’Union soviétique. Dans le but de mettre fin aux changements libéraux, Moscou a décidé d’envoyer ses chars à Prague le 21 août 1968. Dans cette intervention militaire, le gouvernement hongrois a joué un rôle important exprimant ainsi sa „solidarité envers le gouvernement tchèque” qui était loin de maîtriser le mouvement démocratique qui s’était répandu en Tchécoslovaquie. Si les dirigeants communistes à Budapest agissaient comme l’Union soviétique le leur avait demandé, un groupe d’intellectuels hongrois avait signé la fameuse déclaration de Korcula dans laquelle ils blâmaient notre participation dans l’intervention tchèque. Selon le témoignage de la philosophe Ágnes Heller, cette déclaration était le premier acte d’une opposition nouvellement née.

Après avoir tiré une leçon des manifestations de 1956, la direction communiste en Hongrie essayait de ne pas se mettre la population à dos avec, notamment, l’augmentation continuelle du niveau de vie des citoyens. Ainsi, au cours des années 60 les revenus avaient augmenté de manière non négligeable et contrairement aux années précédentes la population pouvait épargner une partie de son argent. En 1966 c’est dans le secteur de l’agriculture que les premières réformes ont été prises. Deux ans plus tard, quand le „Nouveau Mécanisme Économique” fut introduit, tout le monde s’attendait à toute une vague de réformes déjà inévitables. Malheureusement, à cause des manifestations qui eurent lieu dans nombre des pays membres de l’Union soviétique, la mise en place de cette réforme économique ne fut pas suivie par d’autres mesures libérales. Le „Nouveau Mécanisme” a tout de même symbolisé le déplacement de notre économie planifiée vers une économie de marché. La planification centralisée était abolie, les entreprises avaient acquis une certaine autonomie et quelques-unes commençaient à définir leurs prix en fonction de la demande et des coûts.

Le mouvement des intellectuels a continué durant les deux dernières décennies du communisme en Hongrie et a abouti à la révolution de velours en 1989.

Anna Bajusz

 

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