Littérature jeunesse- Coup de cœur

Littérature jeunesse- Coup de cœur

Les livres du JFB

 

Les Hongrois sont rêveurs, sensibles, poètes ; leur langue est imagée, riche, détaillée. Il n’est donc pas étonnant qu’ils soient doués pour la poésie et pour écrire des contes. La découverte de la littérature hongroise passe aussi par celle de la poésie et des contes pour enfants. C’est ce que je me propose de faire cette fois-ci (avec les contes) et la fois prochaine (avec des poètes).

Ervin Lázár, plusieurs fois primé (Prix Kossuth, prix Prima Primissima…) compte parmi les écrivains pour la jeunesse les plus célèbres de son pays. Toute une génération d'enfants hongrois a été bercée par ses histoires à la fois drôles et poétiques. Comme le dit sa traductrice pour le français, Anikó Sebestény, «Ses textes sont de vrais joyaux. Ils relèvent du champ du conte et sont en même temps en décalage avec lui. On s'y sent à l'aise, on y retrouve les tournures des contes de notre enfance.» Ses personnages aux noms amusants (Mikkamaka, Jean Petit Pois, Rimouille de Grabennouïe, Titti Babo..) sont devenus des amis aimés des enfants d’aujourd’hui qui les retrouvent d’un livre à l’autre. Il existe un «univers» Ervin Lázár et une fois que vous y êtes entrés, vous souhaitez y rester et tout lire!

J’ai personnellement commencé par l’ouvrage le plus récemment traduit, Les mains dans le goudron et autres contes, mais tous les autres recueils sont à lire.

Le mulot menteur, première publication en français de cet auteur, nous entraîne dans un univers dont les principaux héros sont des animaux de la forêt : un mulot menteur, un lapin traducteur, un lion qui a mal aux dents et d’autres personnages encore dont les aventures raviront aussi bien les grands que les petits.

Dans Domdodom, ouvrage incontournable d’Ervin Lázár et plus connu encore que le précédent, il est question des aventures d'un groupe de personnages assez fantasques : un cheval bleu, un sapin mobile, un colosse, une petite fée, un homme qui ne sait dire que Domdodom... Tous ces personnages ont été sauvés du monde, cruel à leur égard, par Mikkamaka. Ce livre-ci reflète bien le style, très personnel, de Ervin Lázár : humour, fantaisie, jeux de mots et regard tendre parfois teinté de mélancolie sur le monde.

Et pour finir, Les mains dans le goudron et autres contes évoque tour à tour l’histoire d’une chaussette trouée, d’un merle tout noir qui ne veut pas le rester, d’un grand-père qui parle à ses pommiers et ramasse les étoiles, d’une souris menteuse et prétentieuse...

A travers ces jolies histoires, Ervin Lázár nous propose toujours une morale, comme La Fontaine. Il y est question de la vie (un grand-père presque comme les autres, une jolie petite fille qui parle aux animaux, un client qui réclame de l’aspirine à son pharmacien) mais elle est abordée de manière loufoque, fantaisiste et ironique (par exemple, le grand-père grimpe sur une échelle pour raccrocher les étoiles, ou le pharmacien refuse de vendre de l’aspirine à son client, etc). A la fois proches du conte et éloignées, contes philosophiques et histoires pour enfant, ces petites histoires sont uniques en leur genre. Le tout joliment illustré. Bref, vous l’aurez compris, les Hongrois ont aussi leur Petit Prince.

Clémence Brière

Ervin LÁZÁR

Les mains dans

le goudron et autres contes

Edition Szkarabeusz 2005

78 pages, 9 contes

 

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