Brijuni: un paradis terrestre

Brijuni: un paradis terrestre

Si vous cherchez un cadre naturel exceptionnel dans lequel vous souhaitez vivre «détente, sports et loisirs», il vous suffit de vous rendre en Istrie sur la plus grande des îles Brijuni. Après un petit quart d'heure de bateau que vous prendrez à Fazana à quelques kilomètres de Pula, vous débarquerez sur une terre d'une beauté inattendue. En route pour quelques instants d'histoire et de découverte!

 

Brijuni est un archipel de 14 îles dont la plus grande est accessible au tout venant. Cela n'a pas été le cas pendant une grande partie du XXe siècle, loin de là. Veliki Brijuni s'était transformé en un lieu estival réservé à une élite triée sur le volet grâce aux soins d'un industriel autrichien, Paul Kupelwieser. A cinquante ans, celui-ci décide de redonner forme et vie à l'île dont il est devenu le propriétaire. C'est donc en 1893 qu'il parvient à l'aide d'un célèbre bactériologue allemand, Robert Koch, à « libérer » l'île de la malaria. A partir de ce moment, il s'applique à nettoyer cette terre, y planter des arbres et des fleurs d'une grande variété, et surtout à la protéger.

Ainsi en quelques années, il transforme le site abandonné et sauvage en un endroit exclusif et mondain. Tout est interrompu avec les deux conflits mondiaux. C'est Josip Broz , le bien nommé Tito, qui à son tour va faire de cette île à la fois sa résidence d'été, mais aussi et surtout un lieu de rencontres historiques: pratiquement tous les chefs d'Etats en gouvernance entre 1947 et 1980 y seront invités. Y viendront également les artistes renommés de l'époque comme Liz Taylor et son non moins célèbre mari Richard Burton en vue de discuter du rôle qu'il allait jouer, celui de Tito lui-même durant la Seconde guerre mondiale (voir le film Sutjeska ou La cinquième offensive). Mais y sont venus également Nehru et Nasser pour y signer avec Tito le pacte de non-alignement en 1956. Et ce n'est qu'un exemple parmi bien d'autres.

Mais revenons à Brijuni aujourd'hui. Depuis quelques années, les trois hôtels «Karmen», «Neptune-Istra» accueillent qui souhaite s'y reposer ou faire du golf. En effet, la «morphologie» de l'île offre un terrain exceptionnel connu de longue date par les amateurs de ce sport du monde entier. On peut aussi y faire du vélo; il y a 250 km de pistes cyclables. Notez d'ailleurs qu'on n'y circule pas autrement. Les quelques voitures qu'on y trouve sont petites et électriques.Il y a aussi un train touristique, qui vous permettra de faire un premier tour d'une partie de l'île. C'est idéal sur une journée. Vous pourrez vous faire une petite idée des trésors du site: une végétation luxuriante, des pelouses à perte de vue, entretenues pas les cerfs et les biches qui y circulent librement, mais aussi des animaux venus de contrées lointaines comme l'Afrique ou l'Inde (ils sont les descendants d'animaux offerts à Tito par ses visiteurs). Les deux plus vieux éléphants d'Europe y habitent. D'autres sont à découvrir dans ce «safari». On peut également trouver des traces des populations anciennes qui y ont résidé: des empreintes de dinosaures de l'époque mésopotamienne, des restes de remparts des Ilyriens, puis l'une des perles de l'architecture romaine datant de 177 avant J.-C., une résidence d'été de l'empereur; un castrum et des basiliques construites de l'époque byzantine, époque à laquelle s'installent les Slaves. A partir de 1331, ce sont les Vénitiens qui investissent les lieux et qui pendant 400 ans vont exploiter sans merci les îles. Ils les quitteront quand ils n'auront plus rien à en tirer. Et c'est ainsi que jusqu'à la fin du XIXe siècle l'endroit est peu à peu abandonné jusqu'à l’arrivée du très entreprenant et visionnaire Paul Kupelwieser. Grâce à lui l'humanité a un exemple extraordinaire de l'harmonie que l'homme peut établir avec la nature. Brijuni est devenu parc national en 1983.

Milena Le Comte Popovic

 

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