Bru Chi Minh

Bru Chi Minh

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage…

 

Bruxelles – Ho Chi Minh Ville : Bruchiminh est la contraction en un mot d’un parcours long de plusieurs milliers de kilomètres, comme si le monde était à portée de main… ou plus exactement à portée de pédalier. Car ce voyage, entamé à Bruxelles en juillet dernier, est le pari un peu fou, mais tellement exaltant, que se sont lancé deux frères, Julien et Frédéric Gaillard, de parcourir le monde à vélo. Nous les avons rencontrés lors de leur passage à Budapest. En grande forme !

La Hongrie est le 5e pays qu’ils traversent depuis leur départ de Bruxelles, après, précisent-ils avec ironie, la Wallonie, puis l’Allemagne, l’Autriche et la Slovaquie. Suivront la Serbie, la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie, l’Iran et d’autres noms qui font rêver : le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, la Chine et enfin le Vietnam. Et s’ils prennent bien soin, quoique à contrecoeur, de renoncer à traverser l’Afghanistan, le Pakistan ou encore la Birmanie, le voyage n’en sera pas plus facile pour autant. Mais qu’est-ce qu’un voyage «facile»?

Leur diplôme d’architecture en poche, et avant de commencer à travailler, ils se sont donnés 9 mois – tout un symbole – pour prendre la route et découvrir le monde.

Et cette idée a fait des émules : partis à trois de Bruxelles, avec Renaud, rejoints à Vienne par deux autres amis, David et Patrick, ce n’est qu’à partir d’Istanbul que le duo se reformera pour commencer ce qui semble à leurs yeux la partie la plus séduisante et la plus dépaysante du voyage pour «aller vers quelque chose que l’on ne connaît pas».

Tout en reconnaissant avoir été surpris par l’Allemagne, qu’ils connaissaient finalement mal, les paysages d’Europe leur ont parfois semblé monotones. C’est pourquoi ils ont par exemple décidé de ne plus suivre le Danube après Bratislava et ont connu les petites routes hongroises jusqu’à Budapest. Malgré une diversité à première vue peu marquée, ils ont toutefois pris toute la mesure de «l’effet frontière», du changement d’environnement et des nuances dans le “décor”.

A raison de 100km par jour, rythme qu’ils pensent et souhaitent ralentir après Istanbul, ils n’ont pour le moment pas eu l’occasion de faire connaissance avec des gens, comme eux sur la route, ou les habitants des pays traversés. Toujours en mouvement, ils semblaient jusqu’à présent plus désireux de passer “à l’Est” que de prendre leur temps. «Après Istanbul, nous ne serons que deux et le contact sera plus facile, pour demander de l’eau ou un endroit pour dormir. Nous ferons sans doute de plus en plus de rencontres au fil de nos déplacements». Avec l’hiver qui pointe son nez sous ses jolies couleurs d’automne, nous leur souhaitons de trouver le courage et de rencontrer les bonnes âmes pour les soutenir dans cette aventure.

Ils n’en sont pas encore là, chaque chose en son temps. Même vitesse, même vision du voyage, les cinq amis qui sont arrivés à Budapest le 22 août dernier, reconnaissent qu’«il est bien d’avoir un but plutôt que de rouler pour rouler». L’idée de sortir de chez soi, de prendre son vélo et de partir, s’éloigner de sa maison, de son quartier puis de sa ville en sachant que la fin du voyage est au Vietnam, c’est une façon d’entrer en douceur dans une aventure qui, à terme, dépassera les rêves les plus fous qu’ils avaient formés, chez eux, à Bruxelles.

Mesurer le monde à l’échelle de leurs efforts et de la topologie des lieux : «passer de la carte à la réalité», comme le souligne Renaud, ou «tailler sa voie sur les routes», comme le rappelle le slogan du blog qu’ils tenteront de mettre à jour aussi souvent que possible. Difficile de l’oublier: son nom est bruchiminh.be. Un nom paradoxalement en forme de raccourci, comme une passerelle entre les hommes de chaque bout du monde.

Frédérique Lemerre

 

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