EXPO: Ensemble

EXPO: Ensemble

En face de l’Ile Marguerite du côté d'Óbuda, à l’ombre des édifices géants des usines de textile d’une autre époque, se déroule une belle exposition de tapisseries contemporaines hongroises.

 

Ensemble – tel est le titre de l’exposition qui exprime bien combien ces artistes ont aujourd’hui besoin de travailler ensemble pour le renouveau de la tapisserie. Les oeuvres exposées nous révèlent toute la complexité de cet art qui a connu grandeur et misère au long des siècles. En France il a acquis une autonomie au XXe siècle grâce à des maîtres comme Lurçat ou Le Corbusier. En Hongrie, c’est Noémi Ferenczy qui a révolutionné la tapisserie.

En entrant dans l’exposition, nous apercevons une oeuvre très forte d'Éva Rónai, personnalité incontournable de cet art – toute une génération d’artistes a appris avec elle l’amour de la tapisserie – où la représentation des êtres humains occupe une place importante. Elle travaille en revanche toute seule, et sans carton en s’inspirant du vécu : ses modèles sont souvent ses proches et l’on découvre ainsi les traits de son fils, artiste peintre. Avec ses tentures, elle lutte à sa manière contre l’égoïsme ambiant.

Ida Lencsés, qui dirige les travaux de l’atelier, a exposé une oeuvre en forme de triangle, forme qu’elle utilise souvent – elle est à la recherche de la représentation de la nature, du macrocosme avec les moyens du gobelin. Le monde est en pleine métamorphose comme d’ailleurs nous changeons nous-même – constate l’artiste, et c’est avec l’utilisation de plusieurs matières (laine, soie et fils d’argent) qu’elle réussit à créer l’illusion du spectacle.

Je monte sur le navire est le titre d’une tenture d’Eleonora Pasqualetti qu’elle appelle du pseudo-gobelin. Un tissage très fin dans la tradition noble et harmonieuse de la tapisserie.

De jeunes peintres sont également attirés par ce genre. Zsófia Harmati a étudié l’égyptologie et certains de ses motifs donnent un aspect particulier à son Sacrifice profane, réalisé avec Eta Erdélyi qui excelle à la fois en peinture et en tapisserie. On y remarque des couleurs chaudes et chatoyantes.

Une autre jeune artiste, Eszter Bényi, évoque le livre Métamorphoses – une tenture en noir et blanc, avec des formes géométriques – avec un clin d’oeil à la tradition: une bordure très colorée.

Edit Balogh et Verona Szabó connaissent quant à elles les techniques archaïques tout en maîtrisant parfaitement toutes les inventions d’avant-garde de la tapisserie. Le mythe de la naissance ou la dualité vie et mort se retrouvent dans leurs oeuvres. Des créations de Krisztina Kókay, de Katalin Kiss et de Margit Czakó sont autant d’oeuvres remarquables réalisées à l'aide d'une technique minutieuse.

Péter Kovács, lui, est connu et pour ses oeuvres de grande envergure et exécutées dans son atelier où il s’inspire souvent de son environnement, utilisant ses propres prises de vues photographiques dans son oeuvre. Tout au long de l’exposition, on remarque combien cet art a su se renouveler constamment au seuil du XXIe siècle. Il en est ainsi pour Judit Pázmány, qui enseigne cet art et dont les recherches vont vers une expression sculpturale, renouvelant ainsi l’Art de la tapisserie.

Éva Vámos

 

Textilmúzeum,

Lajos utca 138, 3e arrt.

Du lundi au jeudi de 9h00 à 16h00, vendredi et samedi de 9h00 à 14h00

Jusqu’au 31 mars.

 

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