Concert: Zenzile

Concert: Zenzile

Il y a des idées qu’il est bon de voir se propager. La fête de la musique en est une. Lancée en France en 1982 – et officiellement déclarée en 1983 – par Jack Lang, alors ministre de la culture, il est de bon ton de rappeler qu’elle fut initiallement imaginée en 1976 par le musicien américain Joel Cohen qui travaillait alors pour Radio France. Elle a depuis lors traversé les frontières pour être désormais célébrée sur tous les continents dans pas moins de 110 pays, dont la Hongrie qui accueille cette année l’un des groupes les plus doués de sa génération : Zenzile.

Jamais entendu parlé ? Moi non plus… avant d’en devenir fan il y a quelques années déjà. Car le quintette angevin n’en est pas à son premier opus: il a déjà signé 12 disques, dont 5 albums et autres maxis et projets annexes. C’est donc en toute subjectivité que je vous invite vivement à découvrir leur univers sous le ciel étoilé de Budapest ce 21 juin prochain.

Très justement qualifiés de rois du dub hexagonal, il serait toutefois imprudent de coller trop rapidement une étiquette à ce groupe aux multiples facettes, en particulier à l’écoute de leur dernier album, Living in monochrome, sorti en 2007, à propos duquel on a pu lire «le dub est en lambeaux, mais le groove est saillant et le regard fier». Résolument rock donc, la rupture aurait de quoi faire frémir les adeptes (dont je suis – au risque de me répéter). En effet, c’est grâce au dub que Zenzile s’est fait un nom. L’occasion de rappeler qu’il est emprunté à celui d’un poète sud-africain engagé contre l'apartheid. Teinté d’électronique et assez épuré, le dub de Zenzile s’accompagne toutefois sur chacun de leurs albums des voix de chanteurs invités tels que Jamika et Jean Gomis (alias Sir Jean). Mais que leurs fans se rassurent et se laissent entraîner par ce nouvel univers où se détache tantôt une basse puissante et radicale, tantôt une base de blues urbain voire de pop. Sans oublier une touche de disco par-ci (K-rol Gola posant sa voix sur le très beau Sham), une autre electro-funk par-là (Reflection interprété par Tricky, là où on l’attendait pas). Si les voix habitent les deux tiers de ce dernier album en date, les instrumentaux qui ont fait la réputation du groupe ne sont pas en reste et les tentations électro, que l’on découvrait déjà dans leurs précédentes explorations, ne sont pas ici reniées, loin s’en faut. Mais qui sait si le concert que réserve Zenzile à son public budapestois ne revêtira pas d’autres couleurs, d’autres matières musicales. Après tout leur dernier album date (déjà) de 2007… Peu importe. Car ce qui (me) séduit chez Zenzile, c’est avant tout un sens aïgu du partage mêlé à une forte personnalité. Et s’ils puisent dans le jazz, la soul, le folk, l’ambient, voire dans une techno des plus minimalistes et aux accents d’outre-Rhin, c’est pour en tirer le meilleur de leur musique, dont la générosité et la précision ne saurait vous laisser indifférent. Parole de fan ! (Ah… je vous l’avais déjà dit ?)

Fréférique Lemerre

Le 21 juin sur la grande scène de la Fête de la musique, dans le bois de ville

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