Faux billets de train

Faux billets de train

Spécial anniversaire : 1989, 20 ans après

«C’est le plus grand business de la décennie». L’existence d’un vaste trafic de faux billets de train, jusqu’à la fin des années 1990, était un secret de polichinelle. Les jeunes en particulier savaient très bien la façon d’obtenir un billet de train “valable” dans l’Europe entière pour seulement quelques centaines de HUF. Il était en effet aisé de trouver, dans son entourrage, un marchand de faux billets ou encore de les fabriquer soi-même…

 Il existait plusieurs types de fraudes. La méthode suivante était par exemple relativement simple : achetons d’abord au guichet un billet de train bon marché valable pour un voyage vers une destination étrangère (il vaut mieux donc choisir un pays voisin car c’est moins cher) puis apportons-le à une “connaissance” pour le faire falsifier. Cette personne nous donne alors en quelques jours notre billet faussé à la destination désirée. Ce phénomène est d’ailleurs très bien illustré dans le film nostalgique Moszkva tér (dont le titre fait référence à cette place côté Buda où l’on pouvait obtenir toutes les informations – y compris illégales – dont on avait besoin). Plusieurs trafiquants de faux billets ont été emprisonnés au moment du changement de régime. Pourtant, ce trafic a perduré, au moins jusqu’en 2001, date à laquelle un groupe de revendeurs de faux-billets (par ailleurs étudiants) ont été arrêtés. D’après l’enquête policière, de 300 à 400 faux-billets étaient ainsi vendus par ce groupe chaque été. Plusieurs centaines de leurs clients ont été interrogés mais aucun n’a été arrêté.

Une autre méthode, également très répandue, consistait à falsifier soi-même les billets de trains. L’histoire commence de la même manière: il faut commencer à se procurer un billet bon marché, par exemple au départ d’une gare proche de la frontière autrichienne et à destination d’une gare se trouvant juste après. Une fois en possession de ce billet “international”, plusieurs types de transformations pouvaient être effectuées, en particulier un “lavage” du billet dans un bain d’eau de javel afin de faire disparaître toute trace de carbonne mentionnant la gare de départ et la destination et de les re-écrire, ces mentions étant inscrites à la main. Il suffisait ensuite de reproduire le tampon mentionnant la date à laquelle le billet avait été vendu et le tour était joué!

Si, depuis, les billets de train ont été pourvus de marques spéciales afin de prévenir les fraudes éventuelles (en particulier via la photocopieuse), le trafic des billets falsifiés reste répandu, les billets de trains hongrois ayant finalement bien peu changé depuis des décennies.

Timea Ocskai

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