Expo: Aatoth Franyó - Pachypodium

Expo: Aatoth Franyó - Pachypodium

Mon nom est rouge. Tel pourrait être le nom d'une rétrospective consacrée au peintre Franyó Aatoth tant son univers pictural est attaché à cette dominante devenue l'un des éléments caractéristique de son œuvre. Un rouge vif, parfois orangé, parfois d’une profondeur tendant vers le bordeaux ou encore un rouge carmin. Les personnages et motifs de ses toiles semblent habiter cet univers qui nous est devenu familier au fil des expositions (et des couvertures de certains albums de Noir Désir). C'est ce que nous pouvons vérifier avec plaisir dans le cadre de la nouvelle exposition consacrée à ce peintre hongrois vivant à Paris depuis le début des années 1970. En effet l'heure n'est pas au bilan et, faute de rétrospective, c'est à une exposition de «peintures fraîches» que nous convie la galerie Várfok. La salle XO de la Galerie présente ainsi une sélection d’œuvres réalisées en 2009, ainsi que quelques toiles de 2008 et 2010, réunies sous le titre Pachypodium, du nom d’une plante de la famille des cactus. Le Pachypodium présente la caractéristique de produire un latex riche en alcaloïdes hautement vénéneux grâce auquel il décime les plantes qui l’entourent. Ainsi assure-t-il sa survie, dans un environnement très aride, en éliminant ses rivaux dans une quête sans merci pour les ressources en eau. Chez Franyó Aatoth, cette plante symbolise parfaitement les rapports humains en général et pourrait avoir adopter la célèbre devise: la fin justifie les moyens.

Devises, jeux de mots, clins d'œil, les toiles de Franyó en sont pleines et les figures et silhouettes, souvent sombres, qui habitent ses toiles s’évaporeraient dans l'espace rouge sans l’ironie, l’humour et la critique “franyoesque” qui enrichissent chaque œuvre jusqu’à les transformer en petites histoires individuelles. Ainsi, sur deux des toiles présentées, un fier Cavalier à l'aspirateur – unique en son genre dans l'histoire de l'art – aspire, à l'aide de sa machine, les feuilles tombées du Pachypodium, sauvant ainsi ce qui peut encore l'être. En effet, avec Franyó, nous ne sommes pas loin de l'univers de Don Quichotte, rêveur idéaliste et illuminé qui se prend pour un justicier. Le tableau Land représente quant à lui un fermier sur son tracteur alors que, dans les quatre coins de la toile, des têtes d'Indiens d'Amérique semblent s'effacer devant cette présence centrale et triomphante. S'ils partagent l'espace de cette peinture, les uns figurent ceux à qui la terre devrait revenir et l'autre, celui qui la prend bel et bien. Sur un autre registre, le tableau Deepthinker man présente un homme couché dont le sommet du crâne, manquant, laisse apparaître les circonvolutions de son cerveau où pousse une plante, fruit des pensées les plus profondes nourries par l’homme dans cette position méditative. Si de nombreuses anecdotes, références au monde qui nous entoure et allusions à des personnages qui se saisissent de l'espace, notamment médiatique, nourrissent les peintures de Franyó, celles-ci restent éminemment subjectives tout en adoptant un langage accessible... pour peu que l'on soit doté des mêmes circonvolutions cérébrales que Franyó Aatoth.

Frédérique Lemerre

 

Aatoth Franyó: Pachypodium

Jusqu'au 20 mars

Galerie Várfok / Salle Várfok

Ier arrt., Várfok u.14.

www.varfok-galeria.hu

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