Musique: Kampec Dolores

Musique: Kampec Dolores

Présenter des groupes sans actualité brulantes est un luxe. La pression des maisons de disques, des tourneurs et autres sponsors modifie la perception que l’on peut se faire des artistes, des musiciens. Le marketing et le formatage des styles sont tels qu’un disque est jugé en 15 secondes après l’écoute du début des quatre premiers morceaux. On chronique tout mais on n’écoute rien.

 Hier soir, j'ai passé trois heures avec Csaba Hajnóczy du légendaire groupe Kampec Dolores. Je lui ai demandé ce qu’il pouvait me conseiller de nouveau sur la scène musicale actuelle hongroise. Il a répondu simplement «je ne sais pas, cela ne m’intéresse pas les nouveautés, je juge les artistes sur le long terme, sur une vie entière, pas sur un morceau qui marche bien. Dans dix ans, j’aurai plus de choses à dire». Sa perception de la musique est donc bien différente des courants porteurs et sa musique nous l’avait bien fait comprendre depuis longtemps déjà. Son actualité et celle du groupe Kampec Dolores est calme. Quelques concerts à Budapest, un album se construisant petit à petit, pas de quoi exciter la fibre acheteuse des consommateurs. Pourtant, on pourrait écouter pendant des heures ce guitariste grisonnant, qui a passé les 25 dernières années sur les scènes du monde entier. Les histoires s’enchaînent entre les dizaines de concerts en France, les tournées a l’Ouest du Rideau de fer en 1988, en première partie du groupe américain Pere Ubu, les sorties d’albums au Japon, les concerts à Moscou, les anecdotes sur les courriers reçu de fans du fin fond de la Suède, tout y est passé. Kampec Dolores distille depuis 1984 une musique inclassable, entre psychédélique, folk, rock et jazz, avec une magie certaine entraînant généralement ceux qui se donnent la peine d’écouter leur musique ou d’aller à leurs concerts. Même si Csaba Hajnóczy se dit détaché de l’actualité musicale, il sait tout de même dénicher les perles rares. C’est le cas de sa dernière découverte, le groupe Nagual de Minsk (Biélorussie) qui est selon lui «le groupe le plus inventif que j’ai pu écouter ces cinq dernières années». Un projet commun est en cours pour l’année prochaine, rassemblant les musiciens de Nagual et Kampec Dolores pour des concerts partagés à Budapest et pourquoi pas ailleurs en Europe centrale.

Les musiciens de Kampec Dolores sont donc comme les bons vins, le temps les bonifie. Écouter et réécouter leurs disques est un pur bonheur, au delà des modes et des tendances.

David Sauvignon

 

Kampec Dolores

En concert le 29 avril au MOST

Zichy Jenô utca, 17

Dernier album en date: Földanya égapa (a38- ReR )

www.kampecdolores.hu

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