A droite toute

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Retour sur le succès de Jobbik aux élections européennes

Les résultats des élections européennes du 9 juin ont surpassé les prévisions et ont abouti au succès inattendu du parti nationaliste Jobbik. Avec 14,8% des voix, ce parti est ainsi devenu la troisième force politique du pays derrière le Fidesz et le MSZP. Un objectif que les libéraux ne sont pas parvenu à atteindre.

Les slogans et programmes radicaux de Jobbik ont réussi à convaincre un électeur hongrois sur six, à la fois mécontent et déçu par la politique menée par les partis traditionnels, lors d’une élection marquée, partout en Europe, par des questions de politique intérieure. Certains citoyens européens, frappés par la crise économique et lassés d’une certaine “homogénisation” européenne, revendiquent des solutions radicales, efficaces et ont tendance à se tourner vers l’extrême droite, caractérisée par des discours anti-mondialistes, qui s’engage à protéger les intérêts nationaux. La question reste de savoir si la perspective d’une nation fermée et autarcique permettra à Jobbik de mobili-ser autant d’électeurs hongrois en 2010?

Un Etat fort et protectionniste qui agit pour l’intérêt commun et au centre duquel se trouve l’individu travailleur, le rejet de l’incessante poursuite du profit et la fin de la soumission des richesses nationales au capital étranger: les objectifs du programme électoral de Jobbik, marqué par des idées à la fois marxistes et nationalistes, répondent souvent à des questions de politique intérieure.

Jobbik refuse la ratification du traité de Lisbonne, «l’homogénisation, disent-ils, économique, politique et culturelle de l’Union européenne», et favorise l’idée de «l’Europe des nations», libres, coopératives mais individuelles.

Le parti projette de renforcer les liens économiques avec la Russie et supporte le projet South Steam au lieu du projet européen Nabucco. Lors des dernières élections, de nombreux électeurs ont aussi été attirés par la promesse de régulation du «problème tzigane». Les luttes contre la mondialisation, la globalisation du capital, les sociétés transnationales et le pouvoir de l’élite bourgeoise, tels sont les thèmes qui génèrent la popularisation des discours radicaux et nationalistes auprès des jeunes électeurs, les plus grands supporters de Jobbik.

La campagne fut menée avec force par ce parti qui, jugé extrêmiste et négligé par les média hongrois, a usé d’autres moyens pour faire entendre sa voix. Jobbik a ainsi créé ses propres forums et a décidé de mener bataille contre tous ceux qui exprimait des critiques et inquétudes quant au programme et à la communication du parti. En outre, depuis les élctions, afin d’avoir les moyens d’entamer un procès contre ceux qui les accuseraient de racisme ou de fachisme, Jobbik exige le versement d’une somme de 1000 euros (pour couvrir les frais d’un éventuel procès, disent-ils) avant d’accorder à la presse toute interview risquant d’être compromettante.

Les résultats inattendus des partis d’extrême droite ont choqué l’Europe, qui s’est toujours méfiée des mouvements radicaux et nationalistes, dont les bons résultats ont pour conséquence de générer l’affaiblissement des partis socialistes. Aux Pays-Bas, au Danemark, en Autriche, en Finlande, en Grèce et en Roumanie les partis nationalistes et d’extrême droite ont rafflé autour de 15% des voix. Mais l’inquiétude quant à la répartition du Parlement européen et la formation des groupes parlementaires radicaux est heureusement exagérée, étant donné la diversité des idées et des tendances des différents partis nationalistes qui rendent difficiles la création de groupes parlementaires unis, disposant d’un vrai pouvoir. De plus, on remarque que les bons résultats des partis d'extrêmes droites lors des précédentes élections en Pologne et en Slovaquie n'ont pas été reconduits cette fois-ci, passant de 20 à 4 ou 5%.

Une chose est sur : Jobbik est très proche du pouvoir. Que la baisse du moral des citoyens, la crise économique ou la chute de l’Etat protecteur en soient la cause, peu importe. La vrai question pour des partis traditionnels est de savoir comment regagner la confiance des électeurs et maintenir la vie politique hongroise sur une voie modérée.

Kata Bors

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