Quel avenir pour le MSZP ?

Quel avenir pour le MSZP ?

Au cours des dernières élections, le MSZP a subi une défaite sans précédent depuis le changement de régime. Le parti de gauche qui a gouverné la Hongrie depuis 2002 n’a reçu que 15,28% des votes, obtenant seulement 59 des 386 sièges que compte le Parlement.

 Depuis ce qu’il convient d’appeler la “défaite” du parti socialiste, plusieurs scénarii sont maintenant possibles. Les analystes en identifient quatre, le premier étant celui du schisme. Il existe depuis longtemps une fissure tectonique entre «les Anciens et les Modernes» au sein du parti. La dialectique quasi hégélienne entre la vielle génération des socialistes et les jeunes “Gyurcsànyistes” pourrait facilement aboutir à la création d’un parti scissionniste dirigé par l’ancien Premier ministre. Cette possibilité contredirait l’idée formulée par Gyurcsàny dans son blog selon laquelle la gauche a besoin de se redéfinir en tant qu’un grand parti collectif de centre gauche libéral si elle souhaite rester sur la scène politiques hongroise.

Cette proposition de l’ancien leader du MSZP ouvre le champ à une autre possibilité pour le Parti socialiste : la redéfinition radicale. Cette solution est suggérée aussi par la campagne de Csaba Horvàth pour le poste de Maire de Budapest commencée avant le 1er mai. Sur ses affiches géantes, il n’y a presque aucune trace de l’ancienne ligne graphique du MSZP. Les couleurs dominantes sont le vert et le blanc – et non pas le rouge – et l’œillet rouge, symbole traditionnel du MSZP, n’y figure pas non plus. La direction actuelle du parti parle de l’adoption d’un nouveau nom «La Nouvelle Gauche», d’un nouveau leader, A. Mesterhàzy, et du renouvellement complet de la direction et du fonctionnement du parti en automne, après les élections municipales. En revanche, contredisant sa rhétorique, les membres de la direction actuelle du MSZP ont choisi de ne pas démissionner pour le moment et l’on a du mal à imaginer qui seraient leurs remplaçants.

Ainsi, on arrive à la troisième possibilité : ne pas changer. Bien que les militants sachent que certains socialistes sont très mal vus par les Hongrois pour le moment, il est possible qu’ils attendent tout simplement que le Fidesz fasse suffisamment d’erreurs pour revenir au premier plan.

Pour cela, le MSZP pourrait jouer la carte des sujets sensibles, tels que le droit d’avortement ou les droits des homosexuels, ce qui diviserait certainement l’opinion au sein même du Fidesz et du LMP et qui donnerait au MSZP l’image d’un parti de gauche libéral de type occidental.

Si aucun de ces trois scénarios ne marche, il reste encore une quatrième possibilité : la disparition graduelle de la scène politique. Cette option peut très facilement se produire si le MSZP n’arrive pas à affirmer sa position après les élections municipales en septembre et si l’on ne voit pas de renouvellement de la direction du parti. Comme ces deux conditions sont assez probables, la disparition menace véritablement le parti socialiste hongrois pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale. Bien sûr, même dans ce cas-là, il ne s’agit pas d’une disparition complète car un nouveau parti des jeunes “Gyurcsànyistes” pourrait renaître des cendres du MSZP.

Entre-temps, le parti socialiste doit mettre en place des mesures de restriction de personnel. Comme depuis les élections le financement du parti est réduit de 700 millions HUF (soit un tiers de son financement avant les élections), il doit désormais dire adieu à cinquante de ses employés ainsi qu’à ses voitures de fonction. Parmi ceux qui quittent les cercles du MSZP on retrouve, entre autres, Zoltán Gál et son fils, Miklós Hagyó, Mihály Kökény, János Schiffer et Tamás Schuman. Ceux qui restent, par contre, ont un grand projet de réaménagement du parti. Certains souhaitent le retour de Gyurcsàny qui, quant à lui, préfère rester en retrait jusqu’à septembre. En revanche lui aussi ressent la nécessité de parler des difficultés du parti : l’ancien Premier ministre invite sur son blog les membres du MSZP à s’enregistrer sur les petits groupes de discussion afin d’énoncer les problèmes et de les analyser ensemble.

Kinga Neder

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