Budapest, orchestre Orfeo: pour célébrer les 35 ans de sa fondation, le chef et son ensemble nous offraient un concert de musique baroque

Budapest, orchestre Orfeo: pour célébrer les 35 ans de sa fondation, le chef et son ensemble nous offraient un concert de musique baroque

orchestre Orfeo

Fondé en 1991 par son chef actuel György Vashegyi, l’orchestre Orfeo s’apprête à célébrer son 35ème anniversaire. A cette occasion, l’ensemble, accompagné par le choeur Purcell, a donné un concert dans les locaux de l’Académie de Musique (Zeneakadémia). Concert consacré à son répertoire de prédilection, la musique baroque. Au programme quatre compositeurs réunis sous le titre „Te Deum”: Fux, Conti, Caldara, Zelenka. Tous les quatre s’étant produits sur une période couvrant la première moitié du XVIIIème siècle et tous ayant été en étroites relations avec les milieux musicaux de Vienne, voire, pour les trois premiers, ayant occupé des postes en vue auprès de la cour impériale. De Fux (1660-1741): „Le nozze d’Aurora”, sinfonia, „Te Deum” K271, „Pulcheria«, intrada. De Conti (1681-1732): „Naaman” introduzione. De Caldara (1670-1736): „Te Deum”, „Cruxifixus”. De Zelenka (1679-1745): „Simphonie a 8 concertanti” ZWV 189, „Te Deum” ZWV 146. Œuvres jouées sur instruments d’époque. En solistes: Agnes Kovács, Katalin Szutrely, sopranes, Eszter Balogh, alto, Zoltán Megyesi, ténor, Zoltán Melkovics, basse.

Un premier constat: un programme homogène et équilibré, alternant avec bonheur parties chantées et pièces orchestrales. Des œuvres en partie marquées par l’héritage de Haendel. D’emblée, avec la sinfonia extraite de l’opéra de Fux „Le nozze d’Aurora”, le concert débutait en beauté. Une oeuvre majestueuse empreinte de solennité, suivie d’un Te Deum impressionnant. Suivaient deux pièces pour orchestre seul, l’ouverture d’un opéra de Conti, „Naaman” et surtout la „Simphonie a 8 concertanti” de Zelenka, symphonie concertante offrant entre autres de charmants dialogues entre le violon solo et la clarinette. Pour la suite, nous retrouvions Fux avec „l’Intrada” d’un autre opéra „Pulcheria”. Pour entendre à nouveau un Te Deum avec Caldara, suivi de son „Cruxifixus” à 16 voix pratiquement chanté a capella, évoquant de loin Palestrina. Et, pour terminer la soirée, le Te Deum de Zelenka. Œuvre majeure, soigneusement élaborée et richement construite, au demeurant très applaudie. A signaler au passage un charmant duo de flûtes accompagnant un long et touchant air confié en solistes aux trois voix féminines (2 sopranes, alto). (Signalons à ce propos que, lors de son séjour à Vienne, Zelenka y prit précisément auprès de Fux des leçons de contrepoint)

Des musiciens issus d’horizons très divers: Bohême (Zelenka), Styrie (Fux), Venise (Caldara) ou encore de Toscane (Conti), mais animés d’un même souffle, ce soir réunis pour notre plaisir. Et servis par une interprétation magistrale, tant du côté du chœur et des solistes que de l’orchestre sous la conduite d’un chef particulièrement inspiré.

Une belle soirée où, une fois de plus, Vashegyi nous aura fait découvrir des œuvres jusque-là jamais entendues et qui en valaient largement la peine.

En cet anniversaire, souhaitons-lui, et à ses musiciens, bonne chance pour la suite et, surtout, de continuer à nous offrir de beaux moments comme celui-ci.

Pierre Waline

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