Chopin et le piano de Lívia

Chopin et le piano de Lívia

Lívia Rév, pianiste hongroise vivant à Paris, a donné un récital de Chopin à l’Institut français de Budapest. Un moment magique d’une rare beauté. Chopin aurait sans doute apprécié...

 «L’élément hongrois est très présent», disait Yehudi Menuhin dans un documentaire dédié aux musiciens du quatuor présenté par Arte et à Budapest à l’Institut Français. Nous pouvons nous rendre compte aujourd’hui à quel point la mémoire de ces témoignages nous est précieuse dans une Europe plus que jamais à la recherche de ses repères culturels et historiques. Tel est le constat de Georges Zeisel, producteur d’une série saisissante qui aboutit tout de même à la question délicate posée par le président de l’Académie de Musique, András Batta : comment faire revivre cette tradition musicale autrefois si vivante ?

Nous assistons à une véritable généalogie culturelle dont les racines naissent au cœur de l’Europe centrale au siècle des Lumières. Très tôt, dans le voisinage de Vienne, terre natale de la musique de chambre, les musiciens hongrois se sont fait remarquer. Ce n’est pas un hasard si le Festival européen Quartettissimo prendra le relais au château des Károlyi à Fehérvárcsurgó au mois de septembre.

La série de concerts de musique de chambre accueillie par l’Institut Français dans le cadre de son partenariat avec l’Académie de musique et d’autres événements musicaux à Budapest mettent en lumière de très grands talents dans le cadre de l’année Chopin.

Jacques Leiser – imprésario de la Callas, d’Annie Fischer, de György Cziffra et de tant d’autres – est venu spécialement pour écouter le récital de Chopin par Lívia Rév, pianiste hongroise vivant à Paris, et Tamás Érdi. Tamás a suivi des master class de Lívia Rév, âgée désormais de 94 ans. Lors de ce récital, elle est parvenue à pénétrer l’univers de Chopin, ce qui est somme toute très rare. Jacques Leiser a reconnu avoir entendu jouer Lívia Rév pour la première fois sur Internet l’année dernière et la compare à quelques grands musiciens d’autrefois comme Cortot, Lipati ou Rubinstein. Elle a un toucher, une couleur, une poésie tout a fait exceptionnels et spécialement pour Chopin. «C’est ici à Budapest que j’aime le mieux jouer, a expliqué Livia, parce que c’est un public qui est cultivé musicalement et qui n’applaudit pas pour n’importe qui». Chopin est très proche d’elle et semble révéler en elle un sentiment de liberté.

Ce soir-là, après le concert, la peintre Claire Szilárd, amie de longue date, a évoqué un autre récital dans la vieille ville de Jaffa. Outre les invités, le concert a conquis un public beaucoup plus vaste: grâce aux fenêtres restées grandes ouvertes à cause de la chaleur, de nombreux passants sont restés pour écouter Lívia Rév jouer au piano.

Éva Vámos

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