Atypiquement hongrois

Atypiquement hongrois

Les formes de travail flexible en Hongrie

Les formes de travail flexible sont encore méconnues et donc sous-représentées en Hongrie. Elles pourraient toutefois offrir une solution bienvenue dans le cadre de la lutte contre le chômage.

De nombreuses recherches soulignent les effets bénéfiques des “formes de travail atypiques” sur la santé et le moral des salariés employés à temps partiel ou pratiquant des formes particulières d’emploi. Sous ce terme sont regroupés les statuts d'emploi qui ne sont pas des contrats à durée indéterminée à temps plein. Il n’est pas difficile d’imaginer que l’harmonisation de la vie familiale et professionnelle ou encore une plus grande flexibilité quant aux temps de repos durant les heures de travail contribuent à une hausse de la productivité au sein des entreprises. Ainsi les formes atypiques de travail se répandent-elles partout dans le monde: chaque année, on assiste à une hausse de 20 à 30% du nombre de postes aménagés.

En ce qui concerne la Hongrie, le nombre des emplois atypiques est bien en dessous de la moyenne européenne (13%) avec seulement 4,5 à 5%, alors même que ces nouvelles formes de travail pourraient offrir une solution à la lutte contre le chômage qui touche désormais 12% de la population. C’est pour résoudre cette lacune dans la palette des formes de travail possibles en Hongrie que, en 2009, Telework Budapest Konzortium a décidé d’entamer une campagne pour populariser ces nouvelles tendances sur le marché du travail. De quoi s’agit-il exactement?

La forme la plus connue du travail flexible est le travail à distance, mais les experts parlent aussi des emplois à mi-temps, des emplois occasionnels, des contrats visant un seul projet ou les CDD.

Selon une enquête menée par Telework Budapest, environ 70% des employeurs hongrois n’avaient pas d’idée claire sur ces notions en 2009. Mais le plus grand problème, qui subsiste encore à l’heure actuelle, reste le manque de confiance entre employeurs et salariés. Les employeurs estiment que le contrôle de leurs employés est crucial pour la productivité de l’entreprise. Quant aux employés, ils s’inquiètent de l’éventuelle instabilité de leurs revenus, voire d’un manque à gagner, dans le cas où leurs contrats de travail ne fixeraient pas le principe d’une semaine de travail de 40h.

Le manque de transparence au niveau des conditions légales et fiscales relatives aux emplois atypiques joue pourtant le rôle principal dans ce climat de méfiance et décourage les acteurs du marché du travail à opter pour ce type d’emploi. Pourtant, elles apporteraient une solution à plusieurs des problèmes économiques et sociaux de la Hongrie. Avant tout, cette nouvelle approche contribuerait radicalement à la baisse des coûts du travail et protégerait l’existence d’emplois menacés par la récession économique actuelle. Elle apporterait également une réponse au déclin des zones rurales hongroises, offrirait une solution à la situation des personnes handicapées ou encore à celle des mères restant à la maison avec leurs enfants pendant des années. Les secteurs d’activités particulièrement adaptés aux formes flexibles de l’emploi sont notamment les services financiers, publics et informatiques, ou encore les média.

Telework Budapest a reçu une subvention gouvernementale de 2,5 millions de HUF afin d’élaborer une méthodologie susceptible de faire changer les tendances hongroises actuelles. Il propose une aide et une information aux entreprises en publiant les résultats de leurs recherches sur leur site internet www.rugalmas.hu. En outre, le Ministère du travail hongrois a consacré 3 milliards de HUF pour créer des emplois atypiques entre 2002 et 2009, contribuant ainsi à la création de presque 6000 postes, mais aussi en participant à la création de «télé-maisons» – des maisons villageoises équipées de la technologie nécessaire pour le travail à distance. Bien que la Hongrie reste toujours loin derrière les autres pays européens à cet égard, on estime que 38.000 personnes supplémentaires étaient employées à mi-temps au dernier trimestre 2009 par rapport à la même période l’année précédente. Ces chiffres permettent donc d’être optimistes même si le manque de clarté portant sur les conditions de travail flexible incite à la prudence ceux qui craignent l'apparition de nouvelles combines sur un marché du travail hongrois fragilisé.

Kinga Neder

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