Vérités cachées ?

Vérités cachées ?

L’assassinat de Roms

 

Le procès de quatre meurtriers présumés qui se déroule actuellement révèle les détails morbide de l’assassinat de Roms entre 2008 et 2009. Il pose aussi la question de l’enquête menée sur ces crimes qui pourrait avoir laissé impunis certains protagonistes de ce drame.

Un procès sous haute sécurité a débuté le 25 mars pour juger quatre hommes accusés d'avoir tué six Roms au cours d'une série d'attaques racistes de 2008 à 2009. Les hommes, âgés de 29 à 43 ans, sont jugés pour crimes avec préméditation et risquent une peine de prison à vie. Le gang, composé d'un ancien soldat, un ingénieur du son, un cuisinier et un chef pâtissier, a été arrêté le 21 août 2009 à Debrecen (Est).

Racisme avoué

Deux des inculpés, Árpád K. (43 ans) et István K. (34 ans) sont frères. Le plus jeune était connu pour sa violence et sa haine des Roms. Membre d’une formation d’extrême droite, le mouvement B-közép, il a des antécédents criminels puisqu’il était déjà suspecté d’avoir brûlé l’armoire de la thora d’une synagogue de Debrecen en 1994. Son ami, le troisième suspect Zsolt P. (34 ans) nourrit les mêmes idéaux racistes et antisémites, mais il s’est montré moins explicite sur sa haine raciale devant le jury d’assise. Le quatrième inculpé, István Cs. (29 ans) a connu István K. par l’intermédiaire de son épouse. Il s’agissait d’un militaire de carrière, démobilisé au printemps 2008, juste avant le premier assassinat commis à Galgagyörk en juillet. Après avoir quitté l’armée, il écrivait régulièrement, sous le pseudonyme de Csontrabló (voleur d’os), des textes d’incitation à la violence et à l’exécution des Roms sur les forums de plusieurs sites internet.

Tout a commencé avec l’affaire d’Olaszliszka : un enseignant qui traversait ce village en voiture avait failli renverser une Rom. Les médias auraient alors indiqué qu’un groupe de Roms du village aurait battu à mort ce conducteur imprudent. C’est à la suite de ces événements qu’István K. a commencé à participer à des réunions organisées par la Magyar Gárda, sans être pour autant convaincu de l’efficacité de ce mouvement. Fin 2007, début 2008, il décide avec son frère et Zsolt P. de s’attaquer aux Roms à travers des expéditions punitives et des actions armées. Après avoir volé les fusils d’un chasseur, les trois hommes débutent leur chasse à l’homme.

Actuellement ils sont soupçonnés d'avoir perpétré entre juillet 2008 et août 2009 neuf attaques à la grenade, au fusil et au cocktail Molotov, qui ont entraîné la mort de 6 personnes. Les meurtriers présumés ont notamment abattu un père et son fils de cinq ans ainsi qu’une femme dans son sommeil. «Cinq autres personnes ont été gravement blessées, et une cinquantaine d'autres encore ont été plus légèrement blessées au cours des attaques au cocktail Molotov» a précisé le Procureur. Ils auraient mené en tout neuf attaques "d'une précision militaire", a -t-il ajouté.

Questions sans réponses

D’après l’acte d'accusation, les 4 hommes avaient "une aversion particulière" pour les Roms et voulaient intimider l'ensemble de cette communauté. Cependant le racisme n’est pas mentionné parmi les motifs d’accusation. Le procès vise également à mettre en lumière le nombre de protagonistes impliqués dans ces crimes. Selon les rapports de l’enquête, les inculpés avaient un autre complice quand ils ont volés les armes. On ne sait pas pas non plus qui a pu financer leur projet criminel, puisque ces hommes étaient en difficulté financière constante. Les services secrets (NBH) ont surveillé István K. pendant une longue période, probablement jusqu’à 2008, période à laquelle les crimes ont débuté. Pourtant ils n’ont interrogé jusqu’à ce jour aucun témoin dans cette affaire. Volonté ou négligence ?

Judit Zeisler

 

Catégorie