Les toiles des Huit

Les toiles des Huit

Les grands maîtres de l’avant-garde au Musée des Beaux-Arts

Le célèbre groupe de maîtres hongrois d’avant-garde d’inspiration parisienne a regagné sa patrie dans les salles du Musée des Beaux Arts. Les nus d’une beauté éblouissante ont fait un long voyage depuis l’Australie pour être de nouveau exposé, après 90 ans, à Budapest. L’exposition des Huit est revenue avec des toiles rassemblées dans des musées et collections privées de différents pays, après avoir été exposée à Pécs, capitale culturelle européenne. Le public y verra également des œuvres fraîchement arrivées de Bruxelles dans le cadre de l’exposition « Dialogue de Fauves ».

 

Cette exposition retrace le chemin parcouru par les huit maîtres de l’avant-garde hongroise à l’aube du 20ème siècle, au moment où les destinations ont évolué: « A partir de 1905, au lieu d’aller à Münich, Düsseldorf ou Vienne, les artistes hongrois choisissent Paris comme but de leur voyage d’études. À partir de ce moment, ils apprécient l'art par rapport aux valeurs françaises » - écrit Krisztina Passuth, auteur de plusieurs études sur le groupe des Huit . Nous célébrons cette année le centenaire de l’exposition organisée au Salon National de Budapest qui a réuni les peintres sous ce nom. Une nouvelle exposition leur a été consacrée très rapidement l'année suivante. En 1909, c’est au petit Salon Könyves Kálmán que ces mêmes artistes ont débuté avec une exposition intitulée « Oeuvres nouvelles ». Une partie du public, ainsi que quelques critiques, ont été ahuris par le spectacle, tellement les artistes rompaient avec l’art traditionnel. Ils peignaient des toiles violemment colorées dans lesquelles les nus capturent tous les tons que produit la lumière. Le portrait aux cheveux verts a fait scandale dans la Hongrie de l’époque. Il n'y a pas de photos pour reproduire les lieux, toutefois quelques caricatures publiées dans la presse de l’époque permettent la reconstitution des expositions aujourd'hui. Nous savons également qu'il s'agissait de véritables événements, auxquels ont pris part les écrivains de la revue littéraire Nyugat et les grands musiciens Béla Bartók et Zoltán Kodály. Le modèle du nu peint par Dezsô Orbán n’est autre que Anna Lesznai, artiste peintre et écrivain, elle-même appartenant au mouvement Nyugat. Les toiles de Róbert Berény nous plongent quant à elles dans une ambiance ludique. Berény a même fait la psychanalyse du dramaturge Milán Füst . Sont aussi représentés des paysages des environs de Nyergesújfalu, où Károly Kernstok avait un vignoble, ainsi qu'un atelier – c’est là qu’il a renouvelé son style avec Czóbel et Ödön Márffy.

 

L’exposition s'inscrit dans la lignée d’autres événements dédiés aux Fauves hongrois : en France il y a peu de temps à Céret, au Château Cambrésie et à Dijon. Il y a aussi des nouveautés depuis la grande exposition Czóbel à Paris de MAGYart : un magnifique dessin du maître, primé à Paris, a été retrouvé. Le nu couché devant la glace nous rappelle sa rétrospective au Vieux Colombier. Le peintre a été reconnu à Paris dès le début du 20ème siècle, où il a été exposé en compagnie de Matisse, Braque et Derain. Ses contemporains français le considéraient comme le plus français des peintre hongrois – comme l'explique Zoltán Rockenbauer lors de la visite guidée en compagnie des quatre autres commissaires de l’exposition. Czóbel fréquenta l’Académie de Montparnasse. Il a accompagné Modigliani, Lajos Tihanyi, Károly Kernstok ainsi que Róbert Berény au célèbre Salon de Gertrude Stein. Cette exposition respire l’ambiance de cette époque, avec les plus beaux tableaux de l’avant-garde hongroise – allant parfois vers le monumental avec les œuvres de Bertalan Pór et Károly Kernstok . En se retournant de loin, on aperçoit deux toiles réunies pour l’occasion qui représentent une autre belle femme de l’époque.

 Éva Vámos

 

Musée des Beaux Arts – ouvert de mardi à dimanche de 10h à 17h30 jusau’au 12 septembre

1146 Budapest

Dózsa György út 41

 

Catégorie