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Recensement 2011

Combien de Hongrois s’avoueront-t-ils Roms? C’est la grande question du recensement de la population débutant en octobre. Les expériences du passé ne suscitent pas forcément l’optimisme.

 

 

 

"Nous sommes d’ici" – annonce la nouvelle campagne d’Open Society Institut (OSI) qui vise à encourager les Roms à avouer leur appartenance ethnique lors du recensement qui débute le 1er octobre. Les organisateurs souhaitent éviter les erreurs du dernier recensement sur la poulation hongroise effectué il y a dix ans. Lors du dernier recensement, seules 190 000 personnes interrogées ont déclaré qu’elles appartenaient à la minorité Rom, tandis que les sociologues hongrois estiment le nombre des membres de la communauté à 600-800 000 personnes. Le fait que deux tiers d'entre elles se soient déclarées "Hongrois" à l'époque, ne s’explique pas par un patriotisme pur et dur, mais plutôt en raison d’une assimiliation forcée ou encore en raison du risque d'être l’objet de discrimination. Comme le directeur des initiatives Rom d’OSI, Zsejko Jovanovics l’a déclaré dans une interview donnée pour le quotidien Népszabadság, "les Roms doivent déclarer maintenant s’ils ont peur ou pas."

Agents bien intégrés

En parlant de l’échec du dernier recensement, les experts invoquent également le fait qu’on n’employait pas de recenseurs issus des minorités en 2001. Les enquêteurs non-Roms n’ont parfois même pas rendu visite à certains quartiers ghettoisés habités par la minorité tzigane; ils ont tout simplement rempli les questionnaires derrière leur bureau. Ainsi l’organisateur du recensement, le KSH (INSEE hongrois) souligne cette fois-ci l’importance de leur participation. Un grand recrutement de Roms a été lancé pour renforcer les effectifs d'agents, en particulier pour recenser la population Rom.

Cependant ce n’est pas le KSH mais les municipalités qui doivent désigner les employés à ces postes, ce qui rend la situation encore plus compliquée. Les média hongrois ont rapporté plusieurs cas où les candidatures Roms ont été refusées. A Tarnalesz (un village au Nord de la Hongrie), on a par exemple justifié le rejet d’un postulant Rom par le fait que son écriture n’était pas lisible. Selon l’un des coordinateurs Roms interviewé par le site Index, les employés des municipalités ne sont pas toujours animés par une volonté de discrimination; ils souhaitent tout simplement parfois réserver ces postes à leurs amis.

Statut payant

Cette année, les données recueillies peuvent prendre plus d’importance, puisque les nouvelles modifications proposées par la loi sur les minorités souhaitent lier la répartition des subventions aux résultats du recensement. Ainsi un village où personne ne s’est avoué Rom, ne pourrait pas bénéficier d’aides financières supplémentaires. Cette conception coincide avec la stratégie européenne d’intégration des Roms présentée cette année par l’eurodéputé Lívia Járóka. De cette façon, les experts souhaitent mieux cibler les communautés dans le besoin et éviter ce que l’on appelle l’ "ethno-business," c’est à dire les demandes injustifiées de subventions pour les minorités. Cependant l’Alliance Nationale des Municipalités Minoritaires proteste contre le changement en disant que les résultats ne peuvent toutefois pas donner un image objective car la déclaration de provenance ethnique reste volontaire.

Judit Zeisler

 

 

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Pour la première fois, la population pourra remplir sa fiche directement sur internet et ainsi éviter les visites inopportunes des recenseurs engagés par le gouvernement. Pour encourager les Hongrois à se servir du web afin de donner les informations nécessaires, le gouvernement hongrois a mis en ligne une vidéo montrant à quel point le recenseur peut arriver au mauvais moment. Dans celle-ci, on découvre une jeune femme topless, vêtue simplement d'une culotte en dentelle rouge et de bas noirs, tenant dans la main un fouet. Le recenseur étant conscient qu'il n'arrive pas au bon moment, lui propose de remplir sa fiche de recensement par internet afin de ne plus être dérangée dans son intimité. La vidéo provoquante a déjà été visionnée par 200 000 internautes sur YouTube.

 

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