Lilla Zentai et André Libik : Les peuples en exil

Lilla Zentai et André Libik : Les peuples en exil

Près de deux semaines après la soirée des révoltés, la Maison de la Presse Hongroise proposait, ce jeudi 20 Juin, une nouvelle projection de documentaires. Ceux-ci, respectivement réalisés par Lilla Zentai et André Libik, parcourraient la survie et l’adaptation de peuples en exil, de hier et d’aujourd’hui. A l’échelle de l’humanité, qui peut affirmer que sa terre a toujours été la sienne. Au fil des guerres, des dictatures et des catastrophes, les peuples ont vogué au gré du monde. Ils durent s’adapter à de nouveaux quotidiens, et se distancer parfois de leurs habitudes et de leurs coutumes, en embrassant celles de leurs hôtes.

Lilla Zentai, dans Reception, est allée à la rencontre d’une famille Hongroise, qui, dans toute son abnégation, ne cesse de venir en aide à des réfugiés africains, aux alentours de Pannonhalma, dans le nord-ouest du pays. Au travers de ce documentaire, nous découvrons le parcours d’Ali et Joy, de Michelle ainsi que d’Amir (venu lui d’Iran). Rejetés et craints, ils ont trouvé en cette famille, des guides, emplis de bienveillance, qui leur ont permis d’entrevoir une potentielle vie digne en Hongrie.  Lilla Zentai n’est pas cinéaste, elle œuvre dans les domaines de l’anthropologie et des migrations dans la société. Sa mission, comme celle des participants du documentaire, est de changer les regards hongrois sur les peuples venus d’ailleurs, aux cultures et aux religions différentes. Ce regard-là fut beaucoup détourné par les élections de 2016, et la mise en avant du rejet et de la haine des différences par le biais de campagnes extrêmement néfastes. Beaucoup de fables ont été alors racontées, inscrivant au cœur de la pensée collective des fantasmées intentions barbares d’étrangers venus soi-disant troubler la tranquillité des hongrois.

Le périple Hmong

André Libik, que l’on ne présente plus, venait partager son exploration du périple des Hmong à travers son documentaire No More Mountains (1980). Frappés de plein fouet par l’émergence d’un communisme Laotien répressif, bon nombre de ces natifs des montagnes durent quitter la terre de leurs ancêtres. Ils furent envoyés aux quatre coins du monde, notamment en Guyane ou à Los Angeles. Dénués de leurs repères et de leur histoire, c’est à vivre qu’ils durent réapprendre. Loin des sommets qui rythmaient leurs existences, ils n’eurent d’autre choix que de dompter la forêt tropicale et la constante humidité. La détermination qui les caractérise leur permit de survivre avec brio. Ceux dont les parents n’avaient jamais étudié devinrent les meilleurs élèves de Californie.  Modèles d’intégration, en dépit de tout ce que celle-ci implique, les Hmong sont aujourd’hui environ 20 000 sur le territoire français. Ces deux documentaires, humanistes et engagés visent avant tout à dresser le portrait d’humains qui ont tout perdu, et qui n’aspirent à rien d’autre qu’une renaissance.

Hugo Cellarier

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